La
« traditionnelle » manifestation du Vendredi
à Bil’in (depuis trois
mois) a commencé comme d’habitude au centre du village
(près de la mosquée)
après la cérémonie du vendredi midi puis a pris la
direction du mur. De
nombreux d’entre nous portaient des tombes en plastique où il
était écrit en
arabe, en hébreux et en anglais
« Habitants du village de Bil’in, cause du
décès : mur de
séparation ». Nous étions environ 200
personnes, des Palestiniens, des
Israéliens (une quarantaine de la campagne
« anarchistes contre le
mur ») et des internationaux d’Europe et des Etats Unis. A
la sortie du
village, lorsque la route passe entre les derniers bâtiments et
les plantations
d’oliviers, une force considérable nous attendait, la police des
frontières et
l’armée, comme d’habitude, et, ce qui est exceptionnel, une
unité de la police
d’élite. Ils
ont, comme d’habitude, insisté pour bloquer notre cortège
loin du tracée du
mur, et se ont déplacé la ligne imaginaire de la
confrontation de 200 à 500
mètres du tracé du mur, mais s’il n’y avait aucun travaux
puisqu’on était
vendredi et que l’on ne trouvait ni équipement lourd ni objets
à détruire sur
le chantier. Aussi,
les forces de répression ne cherchent pas à
protéger un quelconque
« honneur et prestige » de l’Etat d’Israël,
mais veulent empêcher
toute protestation non-violente contre le mur et l’occupation. A
l’endroit où ils refusaient de nous approcher du tracé du
mur, ils ont posé un
grillage provisoire de barbelés, ce qui est un signifie que le
village de
Bil’in et les environs sont une zone militaire fermée (ce qui
permet aux
militaires d’y interdire la présence d’Israéliens et
d’arrêter ceux qui s’y
trouveraient). (…) A
peine deux minutes après que nous soyons arrivés à
la ligne de démarcation des
barbelés, l’armée a commencé à
expérimenter de nouvelles armes. Tout d’abord,
les soldats ont utilisé la machine à bruit, un fort
haut-parleur qui produit un
bruit insupportable si vous n’avez pas de protection auditive. Comme
nous y
étions préparés, la machine à bruit n’a pas
réussit à disperser la
manifestation, et les forces militaires ont utilisé un autre
arsenal. Une
nouvelle sorte de balle, de la taille d’une balle de ping-pong, en
plastique ou
en caoutchouc, et qui fait très mal lorsqu’elle touche sa cible.
Et bien sûr aussi,
les habituelles grenades à gaz lacrymogène, et d’autres
balles en caoutchouc. Les
soldats ont ensuite tenté d’arrêter brutalement un membre
du comité du
mouvement de masse du village contre le mur, et d’autres personnes qui
se
trouvaient en première ligne et qui ne sont pas parties au
début de la
confrontation. Les gens qui se trouvaient à côté,
dont une militante
d’Anarchistes Contre Le Mur, ont alors cherché à les
libérer. Au total, trois
Palestiniens et trois Israéliens (dont un plus tard, lorsque les
forces
spéciales sont entrées dans le village) ont
été arrêté pendant la
manifestation. Comme
d’habitude, une manifestation non-violente s’est transformée en
manifestation
violente après les agressions des forces de l’Etat. Comme
d’habitude, en réponse
à la violence des forces de l’Etat, une grande partie des jeunes
du village
sont allés affronter les forces de l’Etat. Ils leur jetaient des
pierres, et
les soldats tentaient de les chasser avec du gaz lacrymogène,
des balles en
caoutchouc et même quelques tirs à balles réelles. PS :
Contrairement à la procédure habituelle, l’armée
n’a pas essayé ce vendredi
d’empêcher les israéliens d’accéder à
Bil’in. Tout comme il y a un mois,
lorsque l’armée avait autorisé 200 israéliens de
venir pour la manifestation du
vendredi, pour pouvoir tester sur nous de nouvelles armes et tactiques. Lorsque
sur le chemin de Bil’in les soldats n’ont pas cherché de nous
repousser, nous
pensions qu’ils allaient tester de nouvelles armes… ce qu’ils firent. |