Manifestation du vendredi à Bil'in

A-Infos, 18 juin 2005

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La « traditionnelle » manifestation du Vendredi à Bil’in (depuis trois mois) a commencé comme d’habitude au centre du village (près de la mosquée) après la cérémonie du vendredi midi puis a pris la direction du mur. De nombreux d’entre nous portaient des tombes en plastique où il était écrit en arabe, en hébreux et en  anglais « Habitants du village de Bil’in, cause du décès : mur de séparation ». Nous étions environ 200 personnes, des Palestiniens, des Israéliens (une quarantaine de la campagne « anarchistes contre le mur ») et des internationaux d’Europe et des Etats Unis. A la sortie du village, lorsque la route passe entre les derniers bâtiments et les plantations d’oliviers, une force considérable nous attendait, la police des frontières et l’armée, comme d’habitude, et, ce qui est exceptionnel, une unité de la police d’élite.

Ils ont, comme d’habitude, insisté pour bloquer notre cortège loin du tracée du mur, et se ont déplacé la ligne imaginaire de la confrontation de 200 à 500 mètres du tracé du mur, mais s’il n’y avait aucun travaux puisqu’on était vendredi et que l’on ne trouvait ni équipement lourd ni objets à détruire sur le chantier.

Aussi, les forces de répression ne cherchent pas à protéger un quelconque « honneur et prestige » de l’Etat d’Israël, mais veulent empêcher toute protestation non-violente contre le mur et l’occupation.

A l’endroit où ils refusaient de nous approcher du tracé du mur, ils ont posé un grillage provisoire de barbelés, ce qui est un signifie que le village de Bil’in et les environs sont une zone militaire fermée (ce qui permet aux militaires d’y interdire la présence d’Israéliens et d’arrêter ceux qui s’y trouveraient). (…)

A peine deux minutes après que nous soyons arrivés à la ligne de démarcation des barbelés, l’armée a commencé à expérimenter de nouvelles armes. Tout d’abord, les soldats ont utilisé la machine à bruit, un fort haut-parleur qui produit un bruit insupportable si vous n’avez pas de protection auditive. Comme nous y étions préparés, la machine à bruit n’a pas réussit à disperser la manifestation, et les forces militaires ont utilisé un autre arsenal. Une nouvelle sorte de balle, de la taille d’une balle de ping-pong, en plastique ou en caoutchouc, et qui fait très mal lorsqu’elle touche sa cible. Et bien sûr aussi, les habituelles grenades à gaz lacrymogène, et d’autres balles en caoutchouc.

Les soldats ont ensuite tenté d’arrêter brutalement un membre du comité du mouvement de masse du village contre le mur, et d’autres personnes qui se trouvaient en première ligne et qui ne sont pas parties au début de la confrontation. Les gens qui se trouvaient à côté, dont une militante d’Anarchistes Contre Le Mur, ont alors cherché à les libérer. Au total, trois Palestiniens et trois Israéliens (dont un plus tard, lorsque les forces spéciales sont entrées dans le village) ont été arrêté pendant la manifestation.

Comme d’habitude, une manifestation non-violente s’est transformée en manifestation violente après les agressions des forces de l’Etat. Comme d’habitude, en réponse à la violence des forces de l’Etat, une grande partie des jeunes du village sont allés affronter les forces de l’Etat. Ils leur jetaient des pierres, et les soldats tentaient de les chasser avec du gaz lacrymogène, des balles en caoutchouc et même quelques tirs à balles réelles.

 

PS : Contrairement à la procédure habituelle, l’armée n’a pas essayé ce vendredi d’empêcher les israéliens d’accéder à Bil’in. Tout comme il y a un mois, lorsque l’armée avait autorisé 200 israéliens de venir pour la manifestation du vendredi, pour pouvoir tester sur nous de nouvelles armes et tactiques.

Lorsque sur le chemin de Bil’in les soldats n’ont pas cherché de nous repousser, nous pensions qu’ils allaient tester de nouvelles armes… ce qu’ils firent.