Al-Badeel
Qu’est-ce
qui fait
d’Assiwar une des plus importantes organisations sur la question des
femmes
arabes ? La
réponse à cette
question tient en un mot « Al-Badeel »
(littéralement
« Alternative »), qui est le projet principal
d’Assiwar pour
combattre les crimes commis « au nom de l’honneur de la
famille » au
sein de la communauté palestinienne d’Israël. Al-Badeel
a été constituée
en 1994 comme une coalition afin de combattre les crimes d’honneur au
sein de
la société arabe vivant en Israël. Cette coalition
regroupait un certain nombre
d’organisations agissant pour les droits des femmes ainsi que d’autres
groupes
sociaux ou politiques. En 2001, la coalition Al-Badeel s’est
transformée en
projet qui traite des crimes dit « d’honneur »,
c’est-à-dire le
châtiment de la femme qui enfreint le strict code de comportement
imposé aux
membres féminins de la société arabe. Ce projet a
été sponsorisé entièrement
par le groupe féministe arabe Assiwar comme un de ses plus
importants projets.
En 1997, Assiwar est devenue la seule organisation responsable de
l’organisation et du fonctionnement du projet Al-badeel. Al-badeel
voit
l’assassinat d’une femme parce qu’elle aurait brisé l’honneur de
la famille
comme la plus extrême forme des tactiques acceptées par la
culture arabe pour
contrôler et manipuler le comportement des femmes et se
positionne pour cela
contre toutes les formes de violence et de répression à
l’encontre des femmes,
dont les agressions physiques et sexuelles, le harcèlement
moral, et les
discriminations quant aux possibilités d’emploi ou
d’études. Depuis sa
fondation en 1994, Al-badeel a travaillait pour amener la question des
crimes
d’honneur au sein du débat public par le biais de manifestations
et
d’interventions dans les médias comme des apparitions à
la télé et à la radio
ou l’édition d’articles dans les journaux et publications. Description
du
phénomène : En 1996
et fin 1997,
Al-badeel a recensé huit femmes arabes assassinés pour
avoir brisé l’honneur de
la famille. Depuis 1992, entre 45 et 50 femmes ont perdu la vie pour
des avoir
eu des comportements désapprouvés par les hommes de leurs
familles. Même si ces
chiffres seuls sont alarmants, ils ne représentent qu’une faible
proportion du
véritable nombre de femmes qui ont perdu leurs vie par ce crime
horrible.
Al-badeel estime que de nombreuses femmes arabes mortes de suicide ou
dans des
accidents sont en fait des victimes de crimes d’honneur. Cette
estimation est
la conséquence du nombre fréquent de femmes mortes dans
des conditions peu
claires ou incongrues. Le code
de l’honneur
familial varie légèrement selon les familles, les
régions, ou les zones de
résidence (villages ou villes, etc.), de même la limite
entre un comportement
acceptable ou inacceptable est essentiellement due aux seuls caprices
des
membres masculins de la famille ou de leur propre place au sein de la
famille
ou de la communauté. Les conséquences de
l’assujettissement des femmes et des
filles à ce code changeant et imprévisible sont de
limiter l’indépendance des
femmes et de les confiner à la maison, sous peine de violences
physiques ou
même de mort. Il est pratiquement impossible pour ces femmes de
savoir ou de
prévoir les conséquences de leurs actes, si bien qu’elles
vivent dans la peur
constante de violer ce code, sans être préparée
à ou pouvoir éviter ce
châtiment. Des femmes et des filles peuvent être
menacées, maltraitée ou même
assassinées pour des « anomalies » comme
porter une robe
provocatrice, fumer, sortir non-accompagnée de la maison ou du
village, rentrer
après la nuit tombée, et des relations sexuelles avant le
mariage ou
l’adultère. Si des femmes vivent dans la peur de la punition ou
de la mort pour
avoir recherché de l’indépendance, souvent les coupables
des crimes d’honneur
restent impunis à la fois à cause des
échappatoires légales et de la police
israélienne et des tribunaux qui ont tendance à classer
ces crimes comme étant
de la responsabilité interne de la communauté et d’une
façon ou d’une autre
pardonnables en tant que comportement culturel. Buts : Même
si la fin de tous les
crimes au nom de l’honneur de la famille peut sembler un espoir
lointain, cela
reste le but final d’Assiwar par le biais du projet Al-badeel. Voici
les
méthodes utilisées par Al-badeel comme moyens pour
arriver à ce but qui est la
fin de ces assassinats cruels et insensés à l’encontre de
femmes
innocentes : 1.
Développer
la
conscience de l’opinion public à la fois sur les crimes
d’honneur et sur
valeurs sociales qui permettent et font la promotion de ces crimes. 2.
Promouvoir
des valeurs
et comportements sociaux alternatifs favorables à
l’égalité et aux droits des
femmes et qui condamnent les crimes d’honneur. 3.
Demander
l’application
de la loi indépendamment du milieu culturel pour ces crimes afin
d’assurer que
les coupables de crimes d’honneur aient la punition appropriée. 4.
Défendre
un changement
législatif pour la protection du droit des femmes. Description
des
activités : 1.
A
cause de l’absence de
statistiques fiables, il est difficile pour les militants de mener des
campagnes avec les informations appropriés, c’est donc pour cela
que notre
premier objectif est de faire pression sur la police et les
fonctionnaires pour
qu’ils publient des statistiques qui nous donneraient la
possibilité de montrer
l’importance de cette question. 2.
Recenser
les cas de
crimes d’honneur afin d’établir des statistiques fiables. Cette
information
viendra de situations sur lesquelles Assiwar est alertée tout
comme un suivi
d’articles « suspects » publiés dans les
journaux. 3.
Assiwar
lancera une
large campagne dans le but de développer une
société plus sensible aux
questions de genre. 4.
Nous
apportons une aide
d’urgence pour les femmes en danger pour avoir violé le
« code
d’honneur ». en leur offrant un service de hot-line, des
conseils et des
adresses pour des opérations de réparation de l’hymen. 5.
Etablir
de bonnes
relations avec la police, les autorités judiciaires, les
travailleurs sociaux
et les équipes médicales afin qu’ils reconnaissent
Assiwar, ce qui serait une
étape importante pour combattre la victimisation des femmes par
le biais de
stages et d’ateliers éducatifs et de formation. 6.
Apporter
une assistance
concrète aux femmes en danger est une partie d’une lutte plus
large pour
assurer l’égalité des droits aux femmes, assurer une
législation
non-discriminatoire et renforcer la conscience sur la question des
femmes. 7.
Mise
en place de
formations pour les hommes et les femmes de la communauté arabe
vivant en
Israël sur les questions légales et juridiques. 8.
Afin
de mettre fin à la
pratique des crimes d’honneur (rien ne peut être fait par la
législation s’il
n’y a pas de conscience au sein de la communauté), suite aux
efforts d’Assiwar,
la question des crimes d’honneur a commencé à être
abordée dans les médias afin
d’en faire une question au sein de forums publics et un sujet de
débat public. 9.
Nous
portons la
discussion sur les crimes d’honneur dans les journaux, les
émissions de radio
et de télévision et dans notre bulletin d’information et
publions généralement
des articles sur les récents crimes d’honneur, sur ces femmes et
ce qui leur
est arrivé, afin de les considérer comme des
« martyrs » de leur
société, et pour chercher par ce biais à
promouvoir une redéfinition du statut
« déshonorant » de la femme. Assiwar a
incorporé la question des
crimes d’honneur dans une campagne plus large pour réduire la
violence faite
aux femmes. 10.
Dans
un contexte sociologique plus large, un certain
nombre d’éléments ont redéfinit le code de
l’honneur, indépendamment des
efforts faits par des individus ou Assiwar, avec une tentative de
suggérer que
la nature patriarcale de la société arabe pourrait
s’effondrer par une
redéfinition due aux changements socio-économiques comme
l’augmentation du
nombre de postes de travail pour les femmes, l’augmentation de
l’âge du
mariage, l’augmentation du niveau d’étude pour les femmes et la
destruction de
la famille étendue. Les changements à venir sont
certainement le meilleur moyen
pour faire diminuer les crimes d’honneur, et notre organisation croit
que ce
dont notre société a avant tout besoin c’est d’un
système qui change les
relations entre les gens, spécialement au sein des familles. Autres
activités : 1.
Formation
de
volontaires : les participants y développeront comment
parler en public et
apprendront à présenter cette question
controversée au public et se
renseigneront sur l’idéologie unique d’Al-badeel. 2.
Soirées
de
commémoration : ces cérémonies sont
l’occasion de commémorer les femmes
qui ont perdu leurs vies à cause des crimes d’honneur et un
moyen d’attirer l’attention
du public sur ces assassinats. 3.
Organisation
annuelle
du 25 novembre, journée internationale contre la violence faite
aux femmes,
avec des actions publiques et des manifestations sur les crimes
d’honneur et
les violences contre les femmes arabes. |