Source
: Kurdish Media, 18 mai 2005
Pour des
informations en français en Irak : http://www.solidariteirak.org/
Faeq Ameen Bakr, directeur
général de l’Institut Médico-Légal de
Bagdad, écrit souvent « assassinée
pour laver la honte » dans les nombreux rapports d’autopsie
et d’enquêtes
posés sur son bureau. Le
nombre des crimes « d’honneur » (lorsqu’une femme
est assassinée par
un membre de sa famille parce qu’il considère qu’elle a
bafoué son honneur) est
en augmentation depuis la chute de Saddam Hussein. L’Irak est une
société
tribale où les crimes d’honneur sont une pratique
acceptée, mais cette pratique
est en hausse parce que les attitudes conservatrices sont
elles-mêmes en
hausse. Bakr
dit qu’il est difficile de connaître le nombre de ces meurtres,
parce qu’ils ne
sont que rarement déclarés. Parfois les femmes
préfèrent se tuer elles-mêmes
que de faire face à la colère de leurs familles. En
allant vers le bureau de Bakr, un reporter de l’IWPR traverse le pont
Bab
al-Muadham à Bagdad. Une jeune fille essaye alors de sauter
depuis le pont et
lorsque quelqu’un tente de l’en empêcher, elle ouvre les yeux et
dit « Je
suis enceinte. Ils vont me tuer ». Emmenée
vers l’hôpital de la capitale, elle a pu avorter, selon le
docteur du service
d’urgence. Bakr
affirme qu’il y a plusieurs motivations au crime d’honneur, comme le
refus par
la femme de se marier avec l’homme choisi par la famille, le mariage
avec
quelqu’un que la famille refuse ou le fait d’avoir été
violée. Selon
une étude du ministère des affaires féminines plus
de 400 femmes ont été
violées depuis la chute du régime de Saddam Hussein, et
plus de la moitié ont
été ensuite assassinées dans des crimes d’honneur. Les
autorités disent qu’elles se préoccupent
sérieusement de cette question, mais
les peines encourues ne sont pas lourdes pour des meurtres
prémédités qui,
normalement, sont punis par la prison à vie. Dans
un cas, un capitaine de poli ce a été condamné
à un mois de prison et à une
amende selon un rapport récent de l’IWPR, pour avoir fourni un
pistolet à un de
ses amis qui l’a utilisé pour assassiner sa sœur. Le policier a
affirmé que son
ami lui avait dit avoir besoin d’une arme pour se protéger.
L’assassin a été
condamné a six mois de prison. La
militante pour le droit des femmes, Amaal al-Mualimchi explique que les
femmes
ont tellement peur d’être victimes de crimes d’honneur qu’elles
deviennent des
prisonnières dans leurs propres maisons. « Aussi, les
femmes ont deux
choix : risquer d’être violées puis
assassinées par leurs familles, ou
l’emprisonnement à la maison » dit-elle. Jwan
Ameen, du ministère des affaires féminines, tente
maintenant d’aider les femmes
face aux crimes d’honneur en établissant des foyers
sécurisés pour elles. Les
organisations de femmes demandent, elles, que la protection des femmes
soit
inscrite dans la nouvelle constitution qui devrait prochainement
être rédigé
par l’assemblée nationale. « Mais nous avons des
difficultés pour de tels
foyers, parce que nous n’avons pas de budget » dit Ameen. L’Organisation
pour la Liberté des Femmes, une ONG, a mis en place un refuge
pour les femmes
qui cherchent à fuit les crimes d’honneur ou d’autres formes de
violences. Nada
al-Bayati, qui y travaille, parle d’une situation récente
où une femme est
venue au refuge parce qu’elle a été agressée
sexuellement par un soldat
américain. Sa famille, qui en a entendu parler, voulait la tuer. Le
refuge demande des compensations financières aux forces
américaines suite à
leur comportement avec les femmes, et l’organisation cherche des asiles
pour
ces femmes dans d’autres pays, mais aucune d’entre elles n’est vraiment
en
sécurité. Parfois, la sœur de la femme vient et la
ramène dans la famille en
disant qu’elle la protégerait. |