Finalement,
dès le 4 juillet au soir, le Hamas a fait
savoir qu’il refuserait de participer à un
« gouvernement d’unité
nationale » avec le Fatah. En effet, « la
direction du Hamas a
pris une décision après de longues consultations au sein
du mouvement et la
décision est de ne pas participer au gouvernement proposé
», a déclaré le
porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri à l'Associated Press. Et
pour Hassan Youssef, responsable de la branche
politique du Hamas en Cisjordanie, le moment n'est pas venu de
rejoindre le
Fatah pour gouverner. "Nous ne sommes pas intéressés
à intégrer
l'Autorité palestinienne uniquement pour lui être
agréable", a déclaré
M. Youssef, "nous croyons que les élections constituent le
bon moyen de
le faire". Cela dit, le
Hamas insiste par ailleurs pour que soit
créé un comité national
unitaire pour superviser le retrait israélien de Gaza
prévu à la mi-août. Aussi, il n’y
aura pas, dans l’immédiat, de gouvernement
d’union nationale avec le Hamas. Mais cela ne retire en rien les
craintes que
nous pouvons avoir pour la suite. En effet, si le Hamas refuse pour
l’instant
de participer à un gouvernement d’union nationale avec le Fatah,
cette simple
proposition montre que l’actuelle direction de l’Autorité
Palestinienne cherche
à s’attirer les bonnes grâces des fractions les plus
réactionnaires de la
société palestinienne. Difficile dans ses conditions
d’espérer une prise en
compte des droits des femmes, bien au contraire ! Tout comme le
gouvernement De Villepin-Sarkozy joue, en France, la carte du racisme
et des
préjugés contre les travailleurs immigrés, le
Fatah, lui, joue la carte des
préjugés sexistes et traditions patriarcales. Comment
espérer dans ce contexte une modification de la
législation sur
les crimes "d'honneur" pour qu'ils soient enfin considérer comme
des
meurtres à part entière ? Comment espérer dans une
telle situation que
les femmes aient enfin le droit de se marier sans le consentement du
tuteur ? Comment croire qu'un gouvernement qui tend les bras au Hamas
tentera quoique ce soit contre les "polices des moeurs" qui terrorisent
les femmes dans la Bande de Gaza comme dans certaines régions de
Cisjordanie ? On peut
craindre d’ailleurs que l’Autorité Palestinienne,
avec ou sans la participation du Hamas, tente comme dans d’autres pays
musulmans
de jouer la carte « moins de terrorisme contre plus
d’intégrisme ».
Cela signifierait, par exemple, accepter de collaborer toujours plus
avec le
gouvernement israélien et l’administration américaine au
niveau de la politique
extérieure, et, dans les territoires palestiniens, montrer
« un refus de
l’occidentalisation » en renforçant le poids des
règles religieuses et
réactionnaires sur la société, ou chercher
à faire renoncer le Hamas à la lutte
armée en appliquant une charia de plus en plus intransigeante
dans les
territoires palestiniens. C’est ce sombre scénario qui s’est
déjà joué par
exemple dans le Nord-Ouest du Pakistan, où une coalition de
partis islamistes
au pouvoir ont cessé de s’en prendre aux USA, mais où la
musique est interdite,
où les femmes n’ont plus le droit de soutenir des examens devant
un jury
masculin, etc., etc. Ce serait une alliance entre le Fatah et le
Hamas, ou même pourquoi pas, d'ici quelques années, une
paix entre le Hamas et l'Etat d'Israël en échange d'une
guerre contre les femmes Palestiniennes. Alors,
oui, même sans gouvernement d’union nationale
avec le Hamas, il y a de quoi s’inquiéter pour les droits des
femmes en
Palestine ! Oui,
les féministes de Palestine ont besoin de
toute notre
solidarité ! |