Le Hamas ne participera pas au gouvernement... mais les inquiétudes restent !

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L'image “http://www.war-times.org/images/18art9.jpg” ne peut être affichée, car elle contient des erreurs.Finalement, dès le 4 juillet au soir, le Hamas a fait savoir qu’il refuserait de participer à un « gouvernement d’unité nationale » avec le Fatah. En effet, « la direction du Hamas a pris une décision après de longues consultations au sein du mouvement et la décision est de ne pas participer au gouvernement proposé », a déclaré le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri à l'Associated Press. Et pour Hassan Youssef, responsable de la branche politique du Hamas en Cisjordanie, le moment n'est pas venu de rejoindre le Fatah pour gouverner. "Nous ne sommes pas intéressés à intégrer l'Autorité palestinienne uniquement pour lui être agréable", a déclaré M. Youssef, "nous croyons que les élections constituent le bon moyen de le faire".

Cela dit, le Hamas insiste par ailleurs pour que soit créé un comité national unitaire pour superviser le retrait israélien de Gaza prévu à la mi-août.

Aussi, il n’y aura pas, dans l’immédiat, de gouvernement d’union nationale avec le Hamas. Mais cela ne retire en rien les craintes que nous pouvons avoir pour la suite. En effet, si le Hamas refuse pour l’instant de participer à un gouvernement d’union nationale avec le Fatah, cette simple proposition montre que l’actuelle direction de l’Autorité Palestinienne cherche à s’attirer les bonnes grâces des fractions les plus réactionnaires de la société palestinienne. Difficile dans ses conditions d’espérer une prise en compte des droits des femmes, bien au contraire ! Tout comme le gouvernement De Villepin-Sarkozy joue, en France, la carte du racisme et des préjugés contre les travailleurs immigrés, le Fatah, lui, joue la carte des préjugés sexistes et traditions patriarcales.

Comment espérer dans ce contexte une modification de la législation sur les crimes "d'honneur" pour qu'ils soient enfin considérer comme des meurtres à part entière ? Comment espérer dans une telle situation que les femmes aient enfin le droit de se marier sans le consentement du tuteur ? Comment croire qu'un gouvernement qui tend les bras au Hamas tentera quoique ce soit contre les "polices des moeurs" qui terrorisent les femmes dans la Bande de Gaza comme dans certaines régions de Cisjordanie ?

On peut craindre d’ailleurs que l’Autorité Palestinienne, avec ou sans la participation du Hamas, tente comme dans d’autres pays musulmans de jouer la carte « moins de terrorisme contre plus d’intégrisme ». Cela signifierait, par exemple, accepter de collaborer toujours plus avec le gouvernement israélien et l’administration américaine au niveau de la politique extérieure, et, dans les territoires palestiniens, montrer « un refus de l’occidentalisation » en renforçant le poids des règles religieuses et réactionnaires sur la société, ou chercher à faire renoncer le Hamas à la lutte armée en appliquant une charia de plus en plus intransigeante dans les territoires palestiniens. C’est ce sombre scénario qui s’est déjà joué par exemple dans le Nord-Ouest du Pakistan, où une coalition de partis islamistes au pouvoir ont cessé de s’en prendre aux USA, mais où la musique est interdite, où les femmes n’ont plus le droit de soutenir des examens devant un jury masculin, etc., etc.  Ce serait une alliance entre le Fatah et le Hamas, ou même pourquoi pas, d'ici quelques années, une paix entre le Hamas et l'Etat d'Israël en échange d'une guerre contre les femmes Palestiniennes.

Alors, oui, même sans gouvernement d’union nationale avec le Hamas, il y a de quoi s’inquiéter pour les droits des femmes en Palestine !

Oui, les féministes de Palestine ont besoin de toute notre solidarité !