"Trois cents Israéliens ont participé aux actions de solidarité. Quand l’armée a demandé aux 8 Israéliens qui avaient passé la nuit de jeudi à vendredi sur place de partir et qu’ils ont refusé, ils ont été arrêtés. Alors les habitants du village sont sortis de chez eux malgré le couvre- feu, se répandant dans les rues en tapant sur des casseroles. Et ce n’est qu’une fois que l’armée a commencé à tirer des balles en caoutchouc, à lancer des gaz lacrymogènes et des grenades, que des jeunes du villages se sont mis à jeter des pierres. Entretemps 300 Israéliens de Gush Shalom, Ta’ayush, des Anarchistes Contre le Murs et d’autres arrivaient à Bi’lin en bus, en provenance de Haïfa, de Jérusalem et de Tel Aviv. L’armée avait bloqué les routes menant à Bi’lin, mais les manifestants sont passés par la colonie ultra-orthodoxe de Modi’in Illit (Kiryat Sefer) qui a été créée sur les terres de Bi’lin et des villages avoisinants. Là, les protestataires sont passés par un site en construction pour une extension de cette colonie et sont parvenus aux oliveraies de Bi’lin promises à disparition pour laisser la place à une nouvelle colonie. Après avoir marché pendant plusieurs kilomètres et traversé les canyons sous un soleil de plomb, les manifestants ont réussi à rejoindre la "Barrière de Séparation" du côté ouest ("israélien"), accueillis par les gaz lacrymogène de l’armée, mais avec enthousiasme par les villageois palestiniens de Bi’lin qui leur ont ouvert la porte de leurs maisons pour les protéger et leur offrir de l’eau fraîche. Environ 25 Israéliens ont alors été arrêtés dont Anat Matar, professeur de philosophie à l’Université de Tel Aviv et Latif Dori, activiste de longue date du Meretz, tandis qu’une centaine d’autres parvenaient à rejoindre les pacifistes internationaux, dont une majorité d’Américains, avant qu’arrive un autre groupe d’Israéliens, dont Uri Avnery de Gush Shalom qui fêtait le jour même ses 82 ans, Yakov Manor de Ta’ayush and Dorothy Naor de New Profile. Pendant environ une heure les manifestants israéliens et palestiniens ont tenu tête ensemble aux soldats et à la police des frontières, scandant "Le Mur, c’est du terrorisme. Ceux qui le refusent sont des héros" et chantant "La prison militaire est l’endroit idéal pour ceux qui ont encore une conscience". Certains interpellaient les soldats en leur disant "Pourquoi vous ne nous serrez pas dans vos bras comme vous l’avez fait pour les colons de Gaza ?". Les dirigeants palestiniens de Bil’in ont invité les Israéliens et les internationaux à chanter avec eux "Nous vaincrons, nous vaincrons, ici à Bi’lin, Chrétiens, Musulmans, main dans la main, avec le mouvement de protestation israélien à nos côtés". Puis le gros camion contenant les activistes arrêtés est passé, et tandis que ces derniers tambourinaient à l’intérieur, leurs camarades à l’extérieur criaient ""Soldats, go home ! A bas l’occupation !". Deux femmes qui avaient essayé de s’extraire du camion, ont été brutalement ramenées à l’intérieur. Une heure plus tard, les soldats ont recommencé à tirer et le village a été recouvert par des nuages de gaz lacrymogène. Le militant écologiste Dov Chinin a reçu une balle en caoutchouc dans la jambe. Les manifestants ont trouvé refuge dans la cour d’une maison en compagnie des moutons et des chèvres (...). Puis
l’armée ayant fini par quitter
Bi’lin sous les sifflets et quolibets des manifestants, ceux-ci se sont
regroupés pour défiler le long du mur et rejoindre le
centre du village
en chantant "Le Mur finira par tomber". Yonathan Pollak, l’un des
Anarchistes contre le Mur a pris la parole pour dire que loin de
dissuader les Israéliens de manifester, l’armée leur
donnait envie de
venir chaque fois plus nombreux. Tandis que la plupart des personnes
arrêtées étaient relâchées
après la fin de la manifestation, l’armée
retenait Abdallah Abu Rahme - l’un des organisateurs de la
résistance
au sein du Comité Populaire de Bi’lin, qui a été
détenu a plusieurs
reprises au cours des derniers mois, malgré son attitude
systématiquement non violente. La Coalition Contre le Mur (qui
regroupe
les Comités Populaires Contre le Mur, Gush Shalom, Taayush, La
Coalition des Femmes pour la Paix, l’ICAHD et les Anarchistes Contre le
Mur) exige sa libération.
Sources : Site de la CNT-AIT, 23 septembre 2005 |