Assassinées pour l'honneur de la famille

Il y a une inquiétude croissante parmis les défenseurs des droits humains en Palestine après le meurtre d'au mois six jeunes femmes ces derniers mois. Ces assassinats sont considérés comme des "meurtres d'honneur". Les victimes sont généralement accusée d'avoir eu un comportement "incorrect" et d'avoir ainsi apporté la honte sur leurs familles. Olga Guerin a rassemblé quelques fragments de l'histoire de ces victimes.

Elle a été vue pour la dernière fois à deux heures et demi de l'aoprès-midi, regardant depuis la fenêtre de l'appartement de sa famille. Ils vivent sur une des routes principales, dans un bâtiment à côté d'un marchand de glace. Dehors, un cortège religieux passe dans la rue. Quelqu'un, marchant dans ce cortège, connaissant son visage et sachant qu'elle avait des ennuis, a jeté un coup d'oeil vers la fenêtre et l'a vue. Moins de deux heures plus tard elle était morte, son crâne écrasée à coups de barre de fer.

Son nom était Faten, elle avait 22 ans, chrétienne palestinienne vivant à Ramallah en Cisjordanie. Après que son corps ait été retrouvé son père et sa tante ont été placés en garde à vue.

Condamnation à mort

Faten était amoureuse d'un jeune homme, Samer, un musulman de Jérico. Sa famille a condamné son choix.

Ces dernières semaines, désespérée, Faten savait qu'elle avait été condamnée à mort, et a essayé d'y échapper. Elle a essayé de fuir, mais n'est pas allée loin et a été renvoyée chez elle où elle a dû faie face à la colère de ses parents.

Plusieurs rapports indiquent que les coups commis par les membres de sa famille lui avaitent cassé le bassin. D'autres qu'elle a été blessée après avoir sauté du troisième étage.

Quoiqu'il en soit, elle a été hospitalisée pour être soignée, et Mustafa Issa, gouverneur de Ramallah, s'est préoccupé de son cas. Il a fait mettre des gardes devant sa chambre d'hôpital pour la protéger tandis qu'elle se soignait.

Ensuite, selon le gouverneur, Faten a décidé d'employer une méthode antique pour résoudre les conflit, connue en arabe en tant que "Tanebeh". Le principe est qu'une femme dans la détresse peut faire appel à l'aide d'une puissante tribu. Faten a donc pris contact avec une tribu de bédoins à Jéricho qui l'a acceptée. Ils ont demandé à son père de promettre qu'elle ne serait pas punie. Après qu'il ait donné sa parole, elle est retournée chez elle.

Quelques jours plus tard, elle était morte. (...)

Etranglées

Quarante huit heures plus tard, à une demi-heure de là, deux soeurs ont été tuées, cette fois dans une famille musulmane. La police croit à un autre "crime d'honneur". Les victimes étaient Amani, âgée de 20 ans, et sa soeur Rodina, âgée de 27 ans. Toutes les deux étaient mariées et ont été étranglées. Une troisième soeur a aussi été agressée, mais elle a survécu, et est maintenant à l'hôpital.

Nous sommes allés dans le village de cette famille, à Jabal Mukkaber, dans les environs de Jérusalem-Est. Personne n'a voulu nous parler. (...) Le père de ces femmes est vivant et est actuellement en prison, ainsi que leur mère. Le frère, le suspect principal, est en fuite. Los de la garde à vue, on a demandé au pére ce qui s'était produit. Il a répondu calmement que lorsqu'il est rentré chez lui il a constaté que son fils avait tué ses filles. "Pourquoi ?", "Parce qu'elles ont déshonoré la famille" a-t-il répondu, tout en ajoutant qu'il avait demandé à son fils de ne pas le faire. "Une femme mariée qui va avec un autre homme n'est pas bonne" a-t-il dit.

Nous ne savons rien des derniers jours d'Amani et de Rodina. Ont-elles su qu'elles risquaient la mort ? Ont-elles, comme Faten, essayé de trouver une porte de sortie ? (...)

Ces derniers mois, il y a eut une forte augmentation des crimes d'honneur en Cisjordanie et à Gaza. Les militantes pour les droits des femmes n'expliquent pas cette croissance. Mais il y a une augmentation générale du chaos dans les territoires palestiniens. Et dans la société conservatrice et patriarcale palestinienne, si un homme commet un crime d'honneur, il est rarement condamné.

Il n'y aura peut-être jamais de justice pour Yousra, âgée de 19 ans, assassinées par balles par les bandits armés du Hamas. Selon les témoins, ils auraient prétendu faire partie d'une "police des moeurs".

Le jour de sa mort, Yousra fesait des emplettes pour sa robe de mariée, elle s'est ensuite reposée sur la plage avec son futur mari et un autre couple, sa soeur et son fiancé. Quelle était l'offense de Yousra contre la moralité ? Toujours est-il que sur le chemin du retour elle a été attiré dans un guet-apens et tuée.

(...) Retour à Ramallah, Faten est enterrée dans le cimetière chrétien, dans une tombe rugueuse, sans même une pierre tombale.


Extrait d'une émission diffusée sur la BBC le 7 mai 2005