Assassinée pour
« l’honneur »
En Jordanie, lorsque l’on veut
préserver « l’honneur de sa fille », cela se termine
souvent à la morgue. C’est le terrible châtiment subit,
dimanche dernier, par une adolescente qui est venue allonger la longue
liste des jeunes femmes assassinées, dans ces contrées,
sur l’autel de l’honorabilité. Martyrisée par son
père, la jeune femme âgée de seize ans a voulu fuir
les coups. Au début du mois de juillet, elle a fugué du
domicile familial avec une de ses soeurs muette. Retrouvée dans
un parc de la ville de Zarqa, au nord d’Amman, elle a tout d’abord
été placée en « détention
administrative ». Craignant que sa famille ne tente de la tuer,
les autorités, avant de restituer l’enfant, ont obtenu des
proches un engagement par écrit à ce qu’il ne lui soit
fait aucun mal. Puis, afin de les calmer, elles ont pratiqué un
examen médical prouvant que la jeune femme était toujours
vierge. Autant de précautions inutiles. Rentrée à
la maison dimanche, la jeune fille a été tuée
quelques heures plus tard. Massacrée au pied-de-biche. L’auteur
des coups s’est rendu spontanément à la police et a
reconnu sans difficulté les faits. Il sait qu’il ne risque pas
grand-chose. Les auteurs de ce genre de crimes, qui visent des femmes
ou jeunes filles soupçonnées de flirt ou
d’adultère, sont rarement inquiétés ou
condamnés à des peines légères. Cette
adolescente est la dixième femme à mourir dans un «
crime d’honneur » en 2005. Elles étaient au moins dix-neuf
en 2004.
L'Humanité, 13 juillet 2005
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