Deux
frères de Maghar avouent le meurtre de leur sœur
au
nom de l’honneur de la famille
« Notre sœur n’a pas résisté, elle était très calme. Nous l’avons emmenée de la maison à un bosquet proche où nous l’avons étranglée avec nos mains jusqu’à ce qu’elle rende son dernier souffle », dit un des frères Salameh à la police. Hassan
Salameh, 34 ans, et
son frère Anwar, 39 ans, ont été
arrêtés pour le meurtre de le sœur Abir, âgée
de 23 ans, samedi soir. Ils vivent dans les environs du village de
Maghar en
Galilée. Plus tard dans la nuit, ils
sont allés d’eux-mêmes au commissariat de Tiberias,
où ils ont dit aux
enquêteurs qu’ils ont tué Abir pour préserver
l’honneur de la famille. Les deux hommes ont été déférés devant le tribunal d’Acre lundi. La police, qui a qualifié l’affaire de meurtre avec préméditation a demandé une détention immédiate de 15 jours, mais le juge n’a ordonné leur détention que pour 9 jours. Depuis
que les frères ont avoué le meurtre, Ahmed Massalha, leur
avocat, cherche à
obtenir une peine allégée. Massalha
considère que ce meurtre est une situation tragique où
une jeune femme a perdu
la vie au nom d’anciens principes sociaux qui n’ont plus aucune logique
dans le
monde moderne, mais argumente qu’il ne s’agit pas du problème
privé d’une
famille mais d’un très grave problème social. (…) Selon
la police, les frères ont découvert qu’Abir avait une
liaison avec un homme
d’un village proche de Carmiel, et ce sans avoir l’accord pour se
marier. Les
frères se sont rendus chez leurs parents, où vivait aussi
leur sœur, samedi
soir. Ils l’ont emmenée en voiture jusqu’à un bosquet
proche du kibboutz Moran,
au nord de Maghar, et ont caché le corps. Les
suspects se sont ensuite rendus à la police, puis de nombreux
policiers ont
fouillé la région jusqu’à ce qu’ils trouvent le
corps recouverts de pierres. Le
corps d’Abir Salameh a été envoyé à
Tel-Aviv pour une autopsie. Lundi,
les organisations de femmes de la communauté arabe ont
publié une ferme
condamnation du meurtre. L’organisation Femmes contre la Violence (WAWO)
a
dénoncé le « silence des agneaux »
d’une partie des leaders de la
communauté arabe à propos de la violence contre les
femmes en général et des
meurtres pour « l’honneur de la famille » en
particulier. Aida
Toumeh-Suleiman, directrice de WAWO, affirme que douze femmes arabes
israéliennes ont été tuées cette
année, la plupart dans des circonstances
similaires. Elle précise que de tels meurtres continuent de
bénéficier d’une
certaine légitimité dans la communauté arabe, et
que tant que le silence ne
sera pas brisé, le prochain assassinat ne sera pas loin. Kayan,
l’organisation féministe des femmes de la société
arabe, appelle le Haut Comité
de Direction Arabe et les leaders religieux de la communauté
à une réunion d’urgence
mardi sur cette question afin « d’éviter le prochain
meurtre ». Haaretz,
20 décembre 2005
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