Discussion sur les crimes d’honneur

Université de Birzeit (25 mai 2005)


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L’Unité de Conseil Social des Affaires Etudiantes de l’Université de Birzeit a tenu un atelier le 25 mai 2005 sur le phénomène des assassinats de femmes sous le prétexte qu’elles déshonoreraient la famille en association avec le groupe étudiants « Friends » et le WCLAC. Les intervenants étaient la docteur Sattha Oudeh, l’avocate Halima Abu Asab, Rana Al Salfiti, travailleuse sociale du WCLAC, l’officier de police Abdel Jabbar et Wedad Barghouthi, lectrice au département médias de l’Université de Birzeit.

Mademoiselle Haifa Sabassi, conseillère des étudiants de l’Université de Birzeit, a souhaité la bienvenue aux participants, en expliquant qu’il est nécessaire que les ONG palestiniennes concernées par les droits des femmes et les droits humains coopèrent face à la question sociale des « crimes d’honneur ». Elle a aussi affirmé le rôle que doivent jouer les jeunes pour développer le droit des femmes et fait une rapide présentation du groupe « Friends » qui a eut un rôle fondamental dans l’organisation de cette rencontre et dans la lutte pour la prise de conscience des étudiants sur cette question.

La discussion était présidée par Shatha Oudeh qui a remercié « Friends » pour son rôle sur une cette question qui touche la communauté étudiante et plus largement toute la société. Elle a présenté le plan de la discussion à propos des différentes ramifications sociales, légales et culturelles des crimes d’honneur.

Mademoiselle Rana Al Salfiti a parlé des raisons et prétextes qui sont généralement donnés par ceux qui commettent le crime de tuer une femme sur la base de l’honneur familial. Elle a abordé des questions comme la responsabilité sociale par rapport aux jeunes femmes tuées, la violence contre les femmes et ses raisons au sein de la société palestinienne. Elle a expliqué que le statut des femmes au sein de la société était en baisse à cause de différentes raisons comme le mariage précoce, l’augmentation du taux de divorces et l’augmentation du nombre de filles obligées de quitter l’école. Mademoiselle Salfiti a déclaré qu’il y avait eu 33 « crimes d’honneur » en Palestine ces quatre dernières années. Il y a également un bon nombre d’autres violences contre les femmes, comme la séquestration des filles pour les isoler de la société, le mariage forcé de femmes violées avec leurs agresseurs, et les menaces contre la vie des femmes qui les obligent à vivre une vie pleine de peurs et d’anxiété.

Les aspects légaux de la question ont été abordés par l’avocate Halima Abu Asab qui a expliqué que la loi, dans la plupart des cas, limite les libertés publiques et les droits des femmes, dont le droit de vivre et de choisir. Elle a également attiré l’attention du public sur le fait que les lois et réglementations en vigueur en Palestine datent des périodes de domination ottomane, britannique et jordanienne de la région. Elle a particulièrement insisté sur le fait que le code pénal jordanien n°16, datant de 1960, est actuellement une copie de la loi égyptienne de 1936 et qu’elle discrimine les femmes sur de nombreux aspects.

L’officier de police Abedel Jabbar a parlé du rôle des forces de police palestiniennes pour assurer la protection des femmes menacées dans leurs familles. Il a souligné la nature protectrice du travail de la police et parlé des coutumes et traditions à propos des prétendus crimes d’honneur, en expliquant qu’elles doivent être changées par la société dans son ensemble. Il a également mentionné que les fonctionnaires de police sont parfois forcés de jouer le rôle de travailleurs sociaux, puisqu’il manque beaucoup de structures pour protéger les droits des femmes, dont des refuges sécurisés. En conclusion, l’officier Abdel Jabbar a terminé son discours en disant que les lois tribales et les traditions en Palestine sont un des obstacles principaux pour affirmer le respect des lois et des droits des femmes.

Mademoiselle Wedad Barghoutji a parlé du rôle des médias sur les questions des femmes, critiquant l’absence de liberté d’expression au sein de la société palestinienne. Elle a affirmé que le rôle des médias n’était pas adéquat sur les différentes violations du droit des femmes, dont les crimes d’honneur.


Un grand nombre d’étudiants et de salariés de l’Université de Birzeit ont suivi la discussion puis y ont participé en interrogeant les intervenants après leurs présentations.