Des femmes bravent les menaces pour participer aux élections

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Des femmes palestiniennes ont dit qu’elles devaient braver l’ostracisme de leurs familles et des menaces de mort pour présenter la première liste uniquement féminine aux élections municipales en Cisjordanie. Les cinq candidates de la liste laïque et de gauche du Parti du Peuple (ex-Parti Communiste) dans la ville de Zeita défient la tradition islamique qui confine la plupart des Palestiniennes au travail domestique.

« Nous essayons de stopper la marginalisation des femmes et de leur donner une chance de servir la communauté » dit Rayya Tayyem, tête de liste, qui, avec ses collègues, pense que le conservatisme musulman des villages ne signifie pas forcément que la majorité des habitants soient dogmatiques et que beaucoup, en privé, aimeraient voir une femme diriger la municipalité de Zeita.

Mais elles disent que leurs familles les ont évitées ou désavouées suite aux pressions des islamistes du Hamas et de membres du Fatah, parti du président Mahmoud Abbas, pour qu’ils poussent leurs filles et sœurs à se retirer. « Mes frères et membres de ma famille ont été menacés par des gens du Hamas et du Fatah que nous serions tuées et qu’ils seraient battus si nous ne laissions pas tomber l’élection » explique Tayyem.

« Nous avons eu des pressions de nos familles. Certaines d’entre nous ont été désavouées par leurs pères. Mais nous avons résisté aux pressions » dit la candidate Kiffaya Tayyem, la cousine de Rayya. Ibrahim Tayyem, directeur de la campagne du Hamas à Zeita nie que sa fraction ait menacé des femmes candidates : « ce n’est pas vrai, le Hamas respecte les femmes et les différents points de vue. Nous ne nous opposons pas à ce que des femmes votent ou se présentent » a-t-il dit à l’agence Reuter.

Rayya Tayyem indique que la liste des femmes a été soutenue par leurs maris qui ont fait campagne pour elles et ont surveillé les bureaux de vote de la ville.

Rayya dirige une association caritative de femmes. D’autres sur la liste sont femmes au foyer. A une exception près, leurs maris sont tous au chômage. Selon la loi électorale palestinienne, deux sièges au moins des conseils municipaux doivent être tenus par des femmes. Selon les fonctionnaires, 224 femmes ont été élues à des conseils municipaux lors du premier tour des élections cette année. Une seule a eu assez de voix pour devenir maire.

Mais les femmes se retrouvent en fin de liste et ont peu de chance d’obtenir des postes importants en cas de victoire. « Notre but n’est pas de combattre les hommes mais d’obtenir des postes que nous n’obtiendront pas si nous étions sur d’autres listes » explique Kiffayah Tayyem. Certaines femmes palestiniennes disent que leur marginalisation dans les conseils municipaux et la prise de certaines municipalités par le Hamas pourra nuire au développement des villes et villages de Palestine.

Le nouveau conseil municipal dirigé par le Hamas dans la ville cisjordanienne de Qalqilya tente d’imposer un stricte code islamique de la conduite publique, par exemple en interdisant un festival de musique en juillet (1). Adnan Sliyeh, 45 ans, fonctionnaire de la ville de Zeita et électeur du Fatah, dit, quant à lui, que les femmes n’ont pas le droit de gérer des municipalités. « Diriger un conseil municipal n’est pas un travail facile et malgré le respect dû aux femmes, elles sont incapables de faire ce travail, surtout à la lumière de nos traditions », explique-t-il.

Source : « Women in the Middle-East », bulletin du Comité pour Défendre les Droits des Femmes au Moyen-Orient, octobre 2005.

Lien :
http://www.middleastwomen.org/