Contre l'Islam politique :
La libération des femmes n'est pas un luxe réservé aux pays riches

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Du Maghreb au Moyen-Orient, du Caucase au Pakistan, le monde dit « arabo-musulman[1] » doit faire face à la montée de ce qui est appelé Islam politique, intégrisme ou fondamentalisme. Nous utiliserons ici le terme d’Islam politique, terme qui définit le mieux, selon nous, ce courant hétéroclite. En effet, le point commun de tous ces groupes ou partis, qu’il s’agisse du FIS ou du GIA en Algérie, du Hamas ou du Jihad Islamique en Palestine, du Hezbollah au Liban, des Talibans en Afghanistan, etc. est qu’ils se basent sur la plus stricte lecture de l’islam comme base de leur projet politique. Nous tenterons plus loin d’analyser de façon plus détaillée ce courant, avec leurs différences, et aussi leurs points communs. Il est à noter que ce courant, avec des organisations comme l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France), des théoriciens comme Tarik Ramadan, tente aussi de s’implanter dans l’immigration « d’origine musulmane » d’Europe en général, et dans la classe ouvrière immigrée en particulier. Dans la période actuelle, marquée par une offensive de la bourgeoisie et une position au mieux défensive du prolétariat, il n’est en effet pas étonnant que les idées réactionnaires gagnent du terrain, et ce dans tous les pays (il n’y a qu’à voir la montée du racisme, de la xénophobie, des superstitions en tout genre dans les pays impérialistes). Ce qui, par contre, est plus étonnant, c’est que des groupes d’extrême-gauche, se revendiquant du marxisme[2] ou de l’anarchisme, ont une certaine indulgence pour les réactionnaires islamistes, pouvant aller jusqu’à les soutenir au nom de « l’anti-impérialisme » ou de « l’anti-racisme ».

 

L’islam politique, un courant réactionnaire anti-communiste

L’Islam politique est une nébuleuse hétéroclite de groupes et de partis politico-religieux. On y trouve autant des chiites que des sunnites, des partis légaux et légalistes et des groupes armés, des organisations anti-américaines et d’autres pro-américaines, certaines organisations, comme le Hezbollah, au service des intérêts de la Syrie, d’autres financés par l’Iran ou par l’Arabie Saoudite. Dans des pays comme l’Irak ou l’Afghanistan, on trouve des islamistes à la fois dans les gouvernements fantoches au service de l’impérialisme et dans la guérilla qui combat l’impérialisme. En Algérie, les rivalités entre le GIA et le FIS se sont transformées en conflit armé entre ces deux groupes. Bref, les divisions et sous-divisions sont nombreuses au sein de cette mouvance. Pourtant, en plus de leur base idéologique, la lecture la plus stricte possible du Coran et de la Sunna comme fondement politique, il y a d’autres similitudes entre ces groupes. Dans un texte datant de 1992, le groupe féministe palestinien Al-Fanar[3] décrivait comme suit les « assertions fondamentales du fondamentalisme » :

« 1. La crise de la société arabe - qui, par nature, est islamique (selon les fondamentalistes) et qui constitue même “une société naturellement islamique” - est née du fait que la société s’est distanciée des commandements divins de l’Islam et que ses élites ont été infectées par un Jahaliyah d’origine occidentale. On pense généralement que le terme Jahaliyah fait référence à la période pré-islamique. En fait, ce terme ne renvoie pas à une période historique spécifique, mais plutôt à un contexte où la société est régie par des lois “faites par l’homme” et non par les lois divines.

2. La société arabe ne peut être sauvée que par la lutte pour un Etat islamique, dont les peuples arabes seront les éléments de base ; un Etat où la Sharia, (loi islamique) sera la seule loi, interprétée par l’Ulimah Suprême, non par un gouvernement laïque.

3. La démocratie, l’égalité, la libération nationale, le socialisme et le communisme sont les agents de “l’impérialisme culturel” dont l’objectif est de détruire l’Islam, pour faire régner la Jahaliyah matérialiste, hédoniste et individualiste.

4. Tous les mouvements qui adhèrent aux principes ci-dessus (démocratie, etc.) sont les ennemis de l’Islam et donc, également, de la société arabe. Selon les fondamentalistes, la preuve en est que des musulmans comme des membres d’autres communautés collaborent dans ces mouvements. La lutte pour le triomphe de ces valeurs est corrompue et vile et doit être combattue.

5. Le comble de la corruption occidentale, selon les fondamentalistes, est le féminisme et le mouvement de libération des femmes, qui allient des valeurs égalitaires et démocratiques et les appliquent aux femmes. Les femmes qui sont actives dans ces mouvements sont corrompues et licencieuses, et sont des renégates dont il est permis de verser le sang. En outre, tout ceci s’applique à toute personne qui les soutient.

Imprégné de ces assertions, le fondamentalisme oeuvre à la préservation et au renforcement de la société patriarcale et de ses institutions ; et plus spécifiquement de la famille patriarcale, qui constitue l’unité de base de l’ordre social patriarcal “sur la propriété privée”. Cette relation transparait clairement dans les revendications démagoqiques du fondamentalisme qui, d’une part, prône l’égalité et veut que les gens se satisfassent de peu, et d’autre part, prône la charité et veut que les riches assistent les pauvres. En d’autres termes, faire la charité remplacera la nécessité de transformer l’ordre social existant. »

Ces « assertions fondamentales du fondamentalisme » peuvent en effet définir l’ensemble des organisations se réclamant de l’Islam politique, qu’elles soient liées ou opposées à l’impérialisme. Et c’est ainsi que, partout où l’Islam, politique a une influence, il emploie les méthodes les plus violentes à l’encontre du mouvement ouvrier, des communistes, des libres-penseurs et plus largement des progressistes. Dès leurs origines, les Frères Musulmans considèrent le « communisme international » comme un de leur principaux ennemis, et cet anti-communisme des islamistes ne s’est jamais démenti.  En janvier 1995, le GIA publie un communiqué où il demande, en échange de la fin de la guerre, du gouvernement algérien de « bannir tous les partis communistes et athées comme preuve de la volonté du pouvoir de combattre les ennemis de Dieu[4] », parlant des mouvements nationalistes palestiniens, le Hamas précise dans sa charte qu’il « les encourage tant qu'ils ne prêtent pas allégeance aux communistes de l'Est et aux Croisés de l'Occident [5]», sans parler, plus récemment, des multiples fatwas de la prétendue « résistance » irakienne condamnant de nombreux militants communistes ouvriers à mort, fatwas malheureusement suivis d’effets. Reprenant les thèses de l’antisémitisme raciste classique, le Hamas comme d’autres groupes de l’Islam politique, considère que « les Juifs » seraient derrière la Révolution Française ou la Révolution d’Octobre 1917. D’ailleurs, il convient de rappeler que même lorsqu’ils s’en prennent à l’impérialisme, les groupes de l’Islam politique, comme n’importe quelle fraction bourgeoise et réactionnaire, préfèreront toujours une alliance avec l’impérialisme que le socialisme. Lors de l’insurrection ouvrière de 1991 en Irak, on a pu assister à une « sainte alliance » des islamistes, des baasistes, des nationalistes kurdes et de l’impérialisme contre le prolétariat. L’Arabie Saoudite, pays où règne l’islamisme le plus obscurantiste et qui finance de nombreux groupes islamiques de par le monde, a toujours été un des allié de l’impérialisme américain, et il ne faut pas oublier que le réseau Al-Quaïda et les Talibans ont été formés et financés par les USA lorsqu’il s’agissait de combattre l’Armée Rouge en Afghanistan.

En 1980, Giscard d’Estaing ne s’est pas trompé lorsqu’il expliquait : « Pour combattre le communisme nous devons lui opposer une idéologie. A l’Ouest, nous n’avons rien. C’est pourquoi nous devons appuyer l’islam ». De l’appui à la religion, cet opium du peuple,  au soutien aux courants fondamentalistes de l’Islam politique, il n’y a qu’un pas, que les dirigeants impérialistes ne se sont pas gênés de franchir : et si le soutien des USA aux Talibans en Afghanistan est connu, on peut rappeler que l’Etat d’Israël a favorisé le développement du Hamas au milieu des années 70. « "Les associations islamiques et l’université recevaient tous les encouragements du gouvernement militaire " en charge de l’administration de la Cisjordanie et de Gaza, écrivait en octobre 1987, l’hebdomadaire israélien, Koteret Rashit, cité par le Monde du 18 novembre 1987, ajoutant qu’elles " étaient autorisées à faire venir de l’argent de l’étranger ". Les islamistes créent des orphelinats et des dispensaires, mettent en place un réseau scolaire, des ateliers de confections pour l’emploi des femmes, et dispensent une aide financière aux plus démunis. Et en 1978, ils créent une " université islamique " à Gaza. Koteret Rashit ajoutait : " Le gouvernement militaire était convaincu que ces activités affaibliraient l’OLP et les organisations de gauche à Gaza. " Fin 1992, on comptait six cents mosquées dans Gaza. Et c’est ainsi, grâce au Mossad, que les islamistes ont tissé leur toile, à l’ombre d’une répression impitoyable frappant les militants du Fatah et de la gauche palestinienne » [6].

 

L’antiféminisme, ciment de l’islam politique

Il existe un autre point d’accord fondamental des différents courants de l’islam politique, point sur lequel il base l’essentiel de son action et de sa propagande, qu’il s’agisse des factions islamistes pro- ou anti-américaines, c’est sa haine des femmes. C’est ainsi que Al-Fanar explique : « Le mouvement fondamentaliste rejette le nationalisme tout en participant à la lutte pour la libération nationale ; abhorre la démocratie tout en étant en faveur des élections ; rejette le principe d’égalité nationale tout en utilisant le même principe quand les masses luttent pour y accéder ; condamne le luxe tout en finançant ses journaux par la publicité de biens de consommation occidentaux tels que voitures de luxe, sous-vêtements masculins, etc. ; déteste le sport comme “valeurs occidentales barbares” tout en formant des équipes de football islamiques. Cependant, la question de la libération et de l’égalité des femmes est la seule sur laquelle le mouvement islamique n’est pas prêt du tout à faire de compromis. Sans hésiter ni transiger, le mouvement met en oeuvre son affirmation selon laquelle le statut accordé aux femmes dans l’Islam est le plus correct et le meilleur (à condition “qu’elles sachent se tenir à leur place”). Pour les fondamentalistes, le mouvement de libération des femmes est l’ennemi central, parce que toute la société patriarcale, dont le fondamentalisme défend l’existence, repose sur l’oppression des femmes. »

Une encyclopédie entière ne suffirait pas à résumer tous les crimes commis, dans tous les pays, par les militants islamistes contre les femmes. En Palestine, le Hamas a, dés ses origines, promis le retour des femmes au foyer, lancé des campagnes pour imposer le port du hidjab, s’oppose à toute tentative d’améliorer la condition des femmes, et désigne les militantes féministes comme « occidentalisées, soutenues par des organisations occidentales dans le but de détruire la nation islamique basée sur la cellule familiale, par l’incitation à la débauche et à la révolte »[7]. Et aux mots d’ordre anti-féministes s’ajoutent les actes de terreur, comme l’a encore montré récemment l’exécution de Yousra par des assassins du Hamas à Gaza en avril 2005. Et si on a parlé de ce crime à l’époque, il ne s’agit pas d’un cas isolé, les islamistes constitue des « polices des mœurs » dans différentes localités de la Bande de Gaza et de Cisjordanie. En Algérie, le FIS comme le GIA ont fait des femmes leur cible prioritaire, terrorisant celles qui refusaient la prison du hidjab, puis violant et assassinant des milliers de femmes. Les chefs de guerre islamistes, si puritains qu’ils soient lorsqu’il s’agit de la sexualité des femmes, rédigent des fatwas favorisant le viol. Ainsi, en septembre 1997, l’émir du GIA publie une fatwa indiquant « Au nom d’Allah le Miséricordieux, la femme vous appartient quand l’Emir vous l’a donnée. Faites en ce que vous voulez. Elle est jarya (esclave)[8]. » Et en Irak, lors du congrès des Moudjahiddines qui s’est tenu à Falluja le 20 octobre 2004, Abdulla Al-Janabi et le Conseil islamique de Falluja ont publié une fatwa décrétant que les Moudjahiddines doivent violer les filles dès l’âge 10 ans, avant qu’elles ne le soient par les Américains ! Pour ce qui est de l’Irak, on peut noter que les deux courants antagonistes de l’Islam politique, ceux qui collaborent avec l’occupation et ceux qui participent à la prétendue « résistance », ont un au moins un point commun, celui d’être favorables à l’oppression des femmes. Alors que les « résistants » assassinent des femmes parce qu’elles refusent de s’enfermer sous le hidjab, parce qu’elles veulent travailler, étudier et montrent une certaine indépendance face au pouvoir patriarcal, les islamistes pro-américains cherchent à imposer une constitution basée sur la Charria. Comme l’écrit Yanar Mohammed, présidente de l’Organisation pour la Liberté des Femmes d’Irak : « L’ébauche de constitution mentionne dans son article 14, l’abrogation de la loi actuelle et se borne à renvoyer aux lois sur la famille, en complément de la charia islamique et des autres codes religieux en Irak. En d’autres termes, elle rend les femmes vulnérables à toutes les formes d’inégalités et de discriminations sociales, et fait d’elles des citoyennes de seconde zone, des moitiés d’êtres humains. [9]» Et dans le Nord-Ouest du Pakistan, une coalition de partis islamistes au pouvoir ont cessé de s’en prendre aux USA, tout en interdisant par exemple aux femmes de se présenter à des examens où le jury serait masculin.

On notera que sur la question des femmes, les islamistes européens ne disent pas autre chose que leurs comparses du Maghreb ou du Machrek. C’est ainsi que le conseil européen des fatwas et de la recherche a publié aux éditions Tawhid en 2002, ses « Avis juridiques concernant les musulmans d’Europe »[10] où l’on peut lire : « L'époux a le droit d'interdire à sa femme de rendre visite à une femme précise, musulmane ou non, s'il craint que cela porte tort ou préjudice à son épouse ou à ses enfants, ou à sa vie conjugale [11]» ou « Cette pudeur est une qualité louable aussi bien chez les hommes que chez les femmes, mais elle l'est encore davantage chez la femme et plus conforme à sa nature féminine. C'est cela qui fait que, généralement, elle ne prend pas l'initiative d'adresser la parole aux hommes qui lui sont étrangers, (...) L'important est de savoir que la Loi n'interdit pas qu'une femme parle avec un homme ou vice-versa en cas de besoin, si les propos restent dans les limites du licite et conformes à ses normes[12]»

On pourrait encore ajouter des exemples du caractères profondément antiféministe, et même plus largement anti-femmes (est-il nécessaire de reprendre les exemples des législations saoudienne, iranienne ou afghane ?), de l’islam politique, et on pourrait aussi développer d’autres thématiques réactionnaires de cette mouvance. Car bien entendu, cette mouvance est profondément homophobe, anti-sémite, et le concept même d’unité de l’ouma (la communauté des croyants), comme toutes les idéologies a-classistes, rejette toute autonomie de la classe ouvrière. Cependant, l’antiféminisme est le plus important ciment idéologique de l’islam politique.

Courant hétéroclite, où l’on trouve à la fois l’expression de la frustration de petits-bourgeois et de couches populaires face à la domination impérialiste et à la corruption des Etats en place, le soutien d’Etat bourgeois existants (comme la Syrie dans le cas du Hezbollah), de l’Iran et même de régimes féodaux (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis), le refus du « progrès » vu comme une forme de « colonialisme » et donc la défense des traditions les plus moyen-ageuses, tantôt allié, tantôt opposé à l’impérialisme occidental, habillant sous un discours apparemment « révolutionnaires » des conceptions réactionnaires, mouvement de masse dans certains pays, disposant de partis, de groupes armés, d’organisations de bienfaisance et de réseaux divers, cette mouvance n’est pas sans rappeler le fascisme. Nous n’y voyons qu’une seule différence fondamentale : en Europe, le fascisme fit son apparition au cœur même des pays impérialistes, alors que l’Islam politique se développe dans des pas dominés. Nous ne répondrons donc pas à la question de savoir si le terme fascisme, ou fascisme vert, s’applique véritablement ou non à l’islam politique[13], mais il convient d’avoir à l’esprit les similitudes entre ces deux mouvances. Et si la mouvance islamiste en soi forme un tout hétéroclite, chacun des groupes s’en revendiquant est lui même un fourre-tout d’aspirations et d’intérêts parfois contradictoires. Si on y trouve les intérêts de certains Etats, de cliques dominantes féodales, de fractions bourgeoises, ainsi que de chefs de guerre, ces différents groupes arrivent à exploiter les frustrations de classes populaires pour avoir une audience de masse. Or, respectueux de la propriété privée et de leurs riches financeurs, les groupes islamistes ne peuvent apporter aux masses une amélioration de leurs conditions de vie, d’où la nécessité d’offrir à leur base d’évacuer leurs frustrations en s’en prenant aux femmes. En ce sens, les groupes islamistes peuvent, selon les intérêts de leurs financeurs et les ambitions de leurs chefs, accepter tous les retournements de veste, des Talibans dit « modérés » peuvent s’allier avec l’impérialisme américain, mais il y a un point de leur programme qui ne changera jamais, leur antiféminisme, leur mépris des femmes. En ce sens, l’antiféminisme joue pour l’islam politique le même rôle de ciment qu’a joué l’antisémitisme dans le nazisme.

 

Du colonialisme à l’indépendance

L’argument principal des islamistes contre les militantes féministes est de les accuser d’être « occidentalisées, soutenues par des organisations occidentales dans le but de détruire la nation islamique basée sur la cellule familiale », en gros qu’elles seraient une sorte de cheval de Troie de l’impérialisme ou du colonialisme. Or, le colonialisme, justement, n’a jamais brisé ou même cherché de briser les rapports d’oppression patriarcaux dans les pays dominés. En Algérie par exemple, le colonialisme français n’a jamais aboli la polygamie, la répudiation ou plus largement le droit islamique et traditionnel appliqué avant la colonisation. On notera d’ailleurs que des lois du statut personnel particulières continuent de s’appliquer dans les DOM-TOM, comme l’application d’un droit local musulman à Mayotte ou d’un droit coutumier en Nouvelle-Calédonie pour les « indigènes », ou pour des femmes immigrée, comme le démontre la convention franco-marocaine de 1981 qui stipule que "la référence à la loi de l’un des deux Etats s’entend de la loi interne à cet Etat à l’exclusion du droit international privé" (art. 3). Autrement dit, une femme marocaine en France se verra régie, en cas de conflit familial, de conflit de filiation, par le code de statut personnel marocain. En Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, l’occupation israélienne a certes imposé de nombreuses restrictions de mouvement à la population palestinienne, mais n’a en rien remis en cause les lois discriminatoires à l’encontre des femmes issues du droit jordanien ou égyptien. En Afghanistan, l’occupation américaine n’empêche pas que les violences contre les femmes restent courantes, ni même les lapidations (en mai 2005, une femme de 29 ans a été condamnée à mort par un tribunal et lapidée dans le district d’Urgu pour adultère[14]) et ne parlons même pas de l’Irak où s’est avec la bénédiction de l’impérialisme que se met en place une constitution contre les femmes. Aussi, tout comme des chefs de guerre islamistes peuvent très bien pactiser avec l’impérialisme, ce dernier n’a jamais fait avancer d’un iota la situation des femmes dans les pays dominés.

Bien sûr, le ciment antiféministe, tout comme la base politico-religieuse, de l’Islam politique n’a pu trouver un écho dans les pays de culture musulmane que parce que ces sociétés sont restées patriarcales et religieuses. L’Islam, en soi, n’est pas plus réactionnaire ou antiféministe que les autres religions, pas plus intolérant que le christianisme et le judaïsme par exemple. En Turquie, avec la révolution nationaliste-bourgeoise menée sur les ruines de l’Empire Ottoman, Atatürk a fait de l’Etat turc un Etat laïc et a apporté des avancées quant aux droits des femmes. Les femmes turques ont ainsi eu le droit de vote en 1934, soit dix ans avant les femmes françaises. Dans les pays arabes, au contraire, les mouvements de libération nationale de l’après-guerre n’ont, nul part, imposé la laïcité et encore moins l’égalité entre hommes et femmes. Magida Salman, dans son texte « Les femmes arabes » affirme que : « La division du monde arabe par les pouvoirs impérialistes européens ont conduit à l’émergence d’une conscience nationaliste, dont l’élément central était le désir de réaffirmer l’unité arabe détruite par les “Occidentaux”. Cette conscience s’est manifestée par un attachement aux éléments unificateurs précédents la division : la langue, les coutumes et la religion vécue comme tradition culturelle. L’Islam devenait ainsi une composante de la conscience nationaliste bourgeoise. La femme arabe a souffert de cette réaction qui a eu pour effet de limiter les transformations qui auraient pu se produire dans sa condition par le contact avec la société européenne et par la lutte des peuples pour la libération du joug impérialiste européen. [15]»

Ainsi, si le colonialisme n’a pas fait avancer la condition des femmes, il en est de même des mouvements de libération nationale. Magida Salman explique bien cette situation en analysant la base sociale des mouvements de libération nationale du monde arabe aux lendemains de la deuxième guerre mondiale. « Ces mouvements sont venus au pouvoir soit par des putschs organisés par de jeunes officiers militaires soit par l’action de partis politiques essentiellement formés par la petite bourgeoisie. Les régimes bourgeois établis par les luttes et les mouvements anti-impérialistes dans le monde arabe, étaient souvent obligés de prendre des mesures radicales contre l’intransigeance impérialiste. Ils étaient obligés ainsi de s’appuyer non seulement sur la petite bourgeoisie urbaine mais également sur la paysannerie et la classe ouvrière voire, dans une certaine mesure, de mobiliser les ouvriers et les paysans. Mais il était également nécessaire de s’assurer que la radicalisation et la mobilisation populaires n’accentueraient pas la lutte des classes, que le soulèvement populaire pourrait être circonscrit dans des limites compatibles avec le maintien du mode de production capitaliste. La formule permettant de parvenir à cet équilibre délicat était bien choisie : le socialisme islamique. En d’autres mots, le socialisme pour les masses, l’Islam pour la survie du capitalisme. » En ce sens, le maintien de la religion comme idéologie d’Etat avec, comme corollaire, l’oppression patriarcale sur les femmes, était une nécessité pour la petite-bourgeoisie nationaliste afin de maintenir l’exploitation capitaliste. Et pour ce qui est de l’Algérie, on peut rappeler quelles furent les positions de ce « socialisme islamique » (qui bien sûr n’a de socialiste que le nom) par rapport à l’émancipation des femmes : en 1967, le journal officiel « el-Moujahid » expliquait : « notre socialisme repose sur les piliers de l’Islam et non sur l’émancipation féminine avec son maquillage, ses coiffures et ses produits de beauté, qui ouvre la voie à des passions débridées nuisibles à l’humanité ». En 1965, la revue « el-Jaish » se demandait : « qu’adviendrait-il de la virilité et de la gloire algérienne, de la nature nationale arabo-islamique de notre dynamique jeunesse, comment nos jeunes gens se sentiraient-ils, s’ils voyaient leurs sœurs aux bras d’étrangers qui sont leurs ennemis et les ennemis de la nation arabe toute entière ? ».

Cette référence à l’islam et aux « valeurs traditionnelles » continue d’ailleurs toujours d’être utilisée par les Etats du monde arabe pour appeler à « l’unité nationale » face aux risques d’explosions sociales. Tout comme en France et plus largement en Europe occidentale, les politiciens font appel à la démagogie raciste contre les immigrés, les Etats du monde « arabo-musulman » utilisent une démagogie religieuse, antiféministe ou homophobe. L’arrestation de 52 homosexuels égyptiens dans la nuit du 11 au 12 mai 2001, a ainsi permis de créer une sorte d’union sacrée contre l’homosexualité, le pouvoir faisant d’ailleurs quasiment passé ces arrestations pour une « action anti-impérialiste ». Le journal Al-Maasa, proche du pouvoir, indiquait ainsi que ces homosexuels auraient « importé leurs idées perverses d’un groupe européen ». Et un journaliste égyptien, Rose al Youssef, va jusqu’à écrire « Israël est fortement impliqué dans l’affaire ».

Comme on le voit, les courants de l’islam politique ne sont souvent, comme bien souvent pour les mouvances d’extrême-droite, qu’une radicalisation de l’idéologie dominante. Dans des Etats qui considèrent que la charria est un des piliers du droit, les islamistes demandent l’application la plus stricte et la plus sanglante de ce droit, dans des sociétés patriarcales, les islamistes revendiquent la défense de ces structures sociales et le renforcement de cette oppression.

 

Un colonialisme à peine voilé ?

Si l’extrême-gauche occidentale a eut tout à fait raison de lutter contre le colonialisme, pendant la guerre d’Algérie par exemple, certains groupes, par contre, ont sombré dans l’opportunisme à l’encontre des mouvements de libération nationale. C’est ainsi que, dans certaines publications marxistes ou anarchistes, non seulement les limites du nationalisme n’ont pas été dénoncées, mais ces mouvements petits-bourgeois par nature ont été repeints en rouge. Le tiers-mondisme, à la mode dans les années 70, a même théorisé que les mouvements de libération nationale remplaceraient le prolétariat mondial comme moteur de la transformation sociale. On trouve toujours cet aspect par exemple vis-à-vis du mouvement national palestinien, les critiques vis-à-vis de l’OLP étant toujours généralement mal-vue dans l’extrême-gauche occidentale. Et pourtant ! L’OLP qui commence la plupart de ses déclarations officielles par « Au nom de Dieu, le clément, le miséricordieux », n’est pas d’une nature différente que les autres mouvements de libération nationale. Il ne s’agit pas ici de développer une critique des mouvements de libération nationale en-soit, mais on peut simplement rappeler que tous ces mouvements, en se basant justement sur « l’unité nationale » (y compris les courants se revendiquant du « marxisme », comme les maoïstes et leur théorie du « bloc des quatre classes [16]»), non seulement sont a-classistes et visent à l’unité du prolétariat avec une couche de la bourgeoisie, mais qu’également, contrairement au mouvement ouvrier révolutionnaire[17], ne cherchent pas à combattre les préjugés racistes, chauvins ou sexistes, au sein du peuple.

En affirmant, « Vos épouses sont pour vous un champ de labour ; allez à vos champs comme [et quand] vous le voulez »[18], le Coran fait une analogie entre la femme et la terre, analogie que l’on retrouve dans la plupart des mouvements nationalistes, y compris bien sûr en Europe. Les femmes tondues à la Libération en France parce qu’elles étaient soupçonnées d’avoir couché avec un Allemand ou les viols collectifs par les soldats serbes en Bosnie-Herzégovine proviennent de la même logique. Le corps de la femme ne lui appartient pas, mais il est la propriété de la patrie. Aussi, si le colonialisme n’a pas brisé les structures patriarcales et tribales, les hommes ont renforcé leur pouvoir sur les femmes, le justifiant au nom de la défense de « l’honneur de la patrie ».  Ainsi, lorsque le Hamas a commencé sa campagne, d’abord dans la Bande de Gaza, puis en Cisjordanie, pour imposer le port du hidjab aux femmes, la Direction Nationale Unifiée du Soulèvement a attendu plus d’un an et demi pour dénoncer les violences commises par les islamistes[19] à l’encontre des femmes. Pire encore, des graffitis signés du Fatah s’associaient à la campagne du Hamas pour voiler les Palestiniennes. De la même façon, ni l’OLP, ni les composantes dites « de gauche » du nationalisme palestinien, n’ont lancé de campagnes d’ampleur pour lutter contre les crimes dits « d’honneur » ou contre les violences conjugales.

Le marxisme, a, depuis ses origines, considéré que la lutte du prolétariat contre le capitalisme, abolissant l’ordre des choses existants, visait à construire une société nouvelle, le communisme, où serait également brisé l’oppression patriarcale. Et, en Europe, la quasi-totalité des organisations d’extrême-gauche disent soutenir les mouvements féministes et dénoncent régulièrement le sexisme ou le machisme de la société française dans leurs publications, certaines disposent même de secrétariats ou de commissions « femmes ». Forts des apports de Marx, Engels, Clara Zetkin, Alexandra Kollontaï, d’autres classiques du marxisme et du mouvement féministe des années 70, on pourrait espérer que l’ensemble de l’extrême-gauche se dresse du côté des femmes nées «musulmanes» contre l’islam politique. Bien sûr, des organisations comme Lutte Ouvrière ou la Fédération Anarchiste n’ont eu aucune ambiguïté sur cette question. Mais d’autres, par contre, ont une attitude bienveillante vis-à-vis de l’Islam politique, en particulier vis-à-vis du Hamas ou de la prétendue « résistance » irakienne au nom de « l’anti-impérialisme ». Le courant qui théorise le plus cette bienveillance avec l’islam politique, est celui représenté en Grande-Bretagne par le SWP (Socialist Workers Party). C’est ce courant qui, lors de la guerre civile en Algérie, avait lancé le mot d’ordre «  « Avec l’Etat jamais, avec les islamistes parfois », qui, avec les réactionnaires de la Ligue Arabe Européenne, a organisé le 27 mars 2004  une manifestation commémorative en l’honneur du cheik Ahmed Yassin, fondateur du Hamas liquidé cinq jours plus tôt par l’armée israélienne[20] à Amsterdam, ou qui influence en France les Jeunesses Communistes Révolutionnaires et une tendance minoritaire de la LCR qui ont manifesté avec des organisations islamistes pour le « droit de porter le hidjab ». Et au-delà de ce courant clairement identifiable[21], on trouve des militants et même des militantes, marxistes, anarchistes ou féministes, qui ne voient rien de scandaleux à ce qu’un Tarik Ramadan soit invité à un Forum Social et refusent de combattre clairement l’oppression patriarcale que subissent les femmes « nées musulmanes » et les groupes de l’Islam politique. Le plus souvent, il ne s’agit que d’un refus par omission. Par rapport à la Palestine par exemple, qui fait couler tant d’encre dans la presse d’extrême-gauche, combien de lignes dénoncent la situation des femmes dans ce pays ? Il existe pourtant plusieurs organisations féministes en Palestine, mais il n’en est que rarement question dans les publications marxistes ou libertaires. Pire, il arrive que des militants, par ailleurs progressistes lorsqu’il s’agit des femmes en France, considèrent que dénoncer les crimes du Hamas ou les meurtres « d’honneur » serait « faire le jeu du sionisme ». Tout comme, à une autre époque, dénoncer les procès de Moscou serait « faire le jeu de l’impérialisme » ?

Ainsi, pour l’Irak, le Comité International de la Quatrième Internationale par exemple s’en prend à Lutte Ouvrière en ces termes : « tandis que la montée de la résistance plongeait les gouvernements de Washington et de Londres dans une crise sévère, LO dénonça une des figures symboliques de cette résistance, l'imam chiite Moqtada al Sadr ». Comment ne pas s’étonner que des trotskistes puissent être choqués que l’on dénonce un ennemi de la classe ouvrière comme Moqtada Al Sadr ! Al Sadr fait massacrer des femmes uniquement parce qu'elles sont femmes, et il ne faudrait pas le dénoncer parce qu'il serait une des figure symbolique de la résistance ?!? Et alors que des groupes qui se réclament du marxisme glorifie la prétendue résistance, ils oublient qu'il existe dans ce pays un courant communiste révolutionnaire, le Parti Communiste Ouvrier d’Irak, qui défend une ligne de classe, internationaliste et féministe. Il est clair, bien sûr, que chaque organisation ou militant peut formuler des critiques par rapport à la ligne du PCOI, le débat et la confrontation de points de vue, la polémique même, étant une tradition dans le mouvement ouvrier révolutionnaire[22]. Par contre, il est scandaleux de discuter des positions du PCOI en les mettant sur le même plan que celles de la prétendue « résistance », ce qui signifie mettre sur le même plan une organisation ouvrière, des camarades, et des ennemis de la classe ouvrière ! Que l’on puisse critiquer le PCOI est une chose, mais il en est une autre, lorsque des militants communistes, des militants ouvriers, des frères et des sœurs de classe, se font assassiner par des militants islamistes, de critiquer le soi-disant « sectarisme » des premiers et de soutenir la « résistance » des seconds ! Ces considérations devraient être la plus élémentaire solidarité de classe, et pourtant, plusieurs organisations progressistes ou même révolutionnaires de France ont refusé une intervention de Houzan Mahmoud, présidente de l’Organisation pour la Liberté des Femmes d’Irak et militante du PCOI, lors du meeting contre la guerre du 20 mars 2004, craignant que son discours féministe ne s'en prennent de façon trop virulente aux assassins de l'Islam politique !

Si, lors de la décolonisation, on pouvait croire que des camarades se laissaient éblouir par le discours vaguement socialiste des mouvement de libération nationale, même un aveugle peut voir le caractère profondément réactionnaire, anti-communiste et anti-féministe de l’Islam politique. Certains camarades pensent peut-être que la libération nationale serait, en Palestine ou en Irak, la « première étape », nécessitant la plus grande unité, pour permettre, ensuite d’aborder d’autres questions comme la libération des femmes. En 1979 déjà, lors de la révolution iranienne, une fraction non-négligeable de l’extrême-gauche iranienne considérait que Khomeyni représenterait une « petite-bourgeoisie progressiste » et qu’il fallait donc le soutenir. Et pourtant, tout le monde sait aujourd’hui ce que signifie le régime des mollahs pour les progressistes, les femmes et les ouvriers d’Iran. Faudrait-il espérer le même sort pour les femmes, les ouvriers et les progressistes d’Irak ou de Palestine ?

Les crimes commis par l’islam politique, en Algérie, en Iran, en Irak, au Pakistan, en Palestine et ailleurs, hurlent la nécessité de refuser toute alliance, même « tactique », « provisoire » ou « critique » avec la mouvance fondamentaliste. A moins de considérer que la lutte des classes ne serait valable qu’en Occident ? Que le féminisme serait un luxe réservé aux pays impérialistes ? Pourquoi les femmes « nées musulmanes » n'auraient-elles pas les mêmes droits que les femmes « nées européennes » ? Faut-il « déconstruire le genre » en Europe et accepter l’apartheid sexiste ailleurs, et pourquoi pas, au nom d’un relativisme réactionnaire, l’accepter même ici pour les filles issues de l’immigration ?


Dans son très beau texte, « Féministes, je vous écris d’Alger »[23], répondant aux féministes qui, en France, manifestaient pour le port le hidjab, Wassyla Tamzali demande : « la peur de stigmatiser le christianisme n’a pas arrêté la lutte des féministes, pour la conquête essentielle du droit à l’avortement et de la liberté de disposer de son corps. On touchait là à un dogme beaucoup plus sérieux et avéré que le voile dans l’islam. Alors, ce qui est bon pour une religion ne l’est pas pour l’autre ? La gauche, une certaine gauche, les féministes, certaines féministes, par leur attitude, nous poussent à croire que ce qui touche à l’islam est en dehors de la pensée. Peut-on dire que ce qui conduit la pensée féministe en général n’est pas bon pour ce qui concerne les femmes dites musulmanes ? ».


Bien sûr, l’extrême-gauche se doit de lutter contre l’occupation de l’Irak, de la Palestine ou de l’Afghanistan, bien sûr, les révolutionnaires doivent se mobiliser contre l’impérialisme, et en premier lieu contre l’impérialisme français[24], mais sans oublier que nous menons une lutte générale, pour le communisme, pour l’émancipation de l’humanité, ce qui implique une lutte contre l’islam politique. Ceux qui maintiennent qu’il y aurait des différences entre les revendications à défendre pour les droits des femmes en Europe et dans les pays dominés ont non seulement une vision coloniale du monde (comme si une femme, sous prétexte qu’elle serait arabe, n’aurait pas les mêmes aspirations à être libre et traitée en être humain qu’une autre !), mais, en se montrant conciliant avec des groupes islamistes, servent « d’idiots utiles » à des courants fascisants et tournent ainsi le dos à l'émancipation de l'humanité qui ne pourra se faire sans briser l'oppression que subit plus de la moitié de la population mondiale.


Yasmina


PS : Deux petites réflexions sur les gauchistes suivistes par rapport à l’Islam politique :

- On entend parfois que le PCOI ne « ferait rien contre l’occupation ». Critique sans fondement, le PCOI organise les travailleurs, constitue des syndicats, contribue à l’organisation des femmes, chasse les islamistes des quartiers ouvriers, etc. etc. Ce travail quotidien d’organisation du prolétariat et de la société civile apparaît peut-être moins « excitant » d’un point de vue médiatique qu’une guérilla armée, fut-elle réactionnaire, moins viril ?

- Lors de la guerre en Yougoslavie ou des exactions de l’armée françaises en Côte d’Ivoire, toutes les organisations d’extrême-gauche, ou presque, ont, à juste titre, dénoncé le racisme de Milosevic et de Gbagbo tout en dénonçant l'impérialisme. Personne n’a considéré que face à l’impérialisme, il fallait soutenir Gbagbo ou Milosevic comme c’est le cas de la prétendue résistance irakienne ou du Hamas en Palestine. Est-ce parce que finalement, si le racisme est fermement condamné, le sexisme, lui, reste vu comme un « mal acceptable » ?

Comme quoi, même en France,  y compris dans des milieux qui se veulent progresistes, le féminisme reste une nécessité.



[1] Ce terme, généralement utilisé, est critiquable, à la fois parce qu’il englobe d’un côté de nombreux peuples non-arabes (turcs, kurdes, perses, pakistanais, kabyles…) et de l’autre des minorités non-musulmanes (druzes, arabes chrétiens, zoroastriens, etc.) sans parler des athées de ces pays.

[2] Par marxisme, nous désignons bien entendu uniquement les organisations se réclamant ds oppositions de gauche au stalinisme, et non pas ceux qui défendent la contre-révolution bureaucratique ou ses variantes chinoise ou albanaise.

[3] Al-Fanar « A propos du fondamentalisme dans notre pays ».
http://libertefemmepalestine.chez.tiscali.fr/Fondamentalisme.html

[4] Source : L’Humanité, 16 janvier 1995

[5] Article 25 de la charte du Hamas

[6] Hassane Zerrouky, « Hamas, le produit du Mossad », « L’Humanité », 14 décembre 2001

http://www.humanite.presse.fr/journal/2001-12-14/2001-12-14-255050

[7] Voir Islah Jad, « Les Palestiniennes face aux mouvements islamistes », décembre 2004.

http://libertefemmepalestine.chez.tiscali.fr/femme_hamas.html

[8] Cité par Martine Gozlan, « Le sexe d’Allah », Editions Le live de Poche, Paris 2004.

[9] Yanar Mohammed, « Une constitution inhumaine pour les femmes », 23 juillet 2005.

http://www.solidariteirak.org/article.php3?id_article=403

[10] Ouvrage préfacé par Tarik Ramadan que certains, au sein du mouvement alter-mondialiste, continuent de considérer comme un progressiste !

[11] Fatwa numéro 32.

[12] Fatwa numéro 36.

[13] Sur cette question, voir le texte de Sivayes Azeri (Parti Communiste Ouvrier d’Iran), « Les groupes de la résistance religieuse irakienne sont-ils fascistes ? »

http://www.solidariteirak.org/article.php3?id_article=331

[15] Magida Salman, « Les Femmes Arabes », Décembre 1997, Femmes Sous Lois Musulmanes

http://www.wluml.org/french/pubsfulltxt.shtml?cmd[154]=i-154-16646

[16] Théorie maoïste selon laquelle le moteur de la transformation de la société serait « le bloc des quatre classes » (prolétariat, paysannerie, petite-bourgeoisie et bourgeoisie nationale)… Théorie qui est bien entendu une négation du marxisme !

[17] Des décennies de contre-révolution stalinienne et son influence sur le mouvement ouvrier peuvent laisser penser le contraire. Et pourtant ! En 1917, une des premières mesures du gouvernement soviétique, dans un pays arriéré comme la Russie, fut de dépénaliser l’homosexualité !

[18] Le Coran, sourate 2, La vache

[19] Voir Remma Hamami, « Les femmes, le hidjab et l’Intifada ».

http://libertefemmepalestine.chez.tiscali.fr/femmes_hidjab.html

[20] Voir De Fabel van de illegaal, mai/juin 2004, « Cheikh Yassin, un « héros » et un « exemple » ? » :

http://www.gebladerte.nl/30099v01.htm

[21] Pour une critique des positions de ce courant, voir « Lutte de Classe » n°84, « Quand une partie de l’extrême-gauche fait la cour aux islamistes »

http://www.union-communiste.org/?FR-archp-show-2004-1-566-3183-x.html

[22] Rosa Luxemburg, par exemple, ne s’est pas privée de critiquer la stratégie des bolcheviks, mais elle l’a fait en camarade, affirmant en même temps son entière solidarité avec les communistes russes face à la réaction.

[24] Se mobiliser prioritairement contre l’impérialisme américain, par exemple, ce qui est le cas de certains groupes gauchistes, revient souvent, dans les faits à se retrouver à la remorque de l’impérialisme français.