Du Maghreb au
Moyen-Orient, du
Caucase au Pakistan, le monde dit « arabo-musulman[1] »
doit faire face à la montée de ce qui est appelé
Islam politique, intégrisme ou
fondamentalisme. Nous utiliserons ici le terme d’Islam politique, terme
qui
définit le mieux, selon nous, ce courant
hétéroclite. En effet, le point commun
de tous ces groupes ou partis, qu’il s’agisse du FIS ou du GIA en
Algérie, du
Hamas ou du Jihad Islamique en Palestine, du Hezbollah au Liban, des
Talibans
en Afghanistan, etc. est qu’ils se basent sur la plus stricte lecture
de
l’islam comme base de leur projet politique. Nous tenterons plus loin
d’analyser de façon plus détaillée ce courant,
avec leurs différences, et aussi
leurs points communs. Il est à noter que ce courant, avec des
organisations
comme l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France), des
théoriciens
comme Tarik Ramadan, tente aussi de s’implanter dans l’immigration
« d’origine musulmane » d’Europe en
général, et dans la classe
ouvrière immigrée en particulier. Dans la période
actuelle, marquée par une
offensive de la bourgeoisie et une position au mieux défensive
du prolétariat,
il n’est en effet pas étonnant que les idées
réactionnaires gagnent du terrain,
et ce dans tous les pays (il n’y a qu’à voir la montée du
racisme, de la
xénophobie, des superstitions en tout genre dans les pays
impérialistes). Ce
qui, par contre, est plus étonnant, c’est que des groupes
d’extrême-gauche, se
revendiquant du marxisme[2]
ou de l’anarchisme, ont une certaine indulgence pour les
réactionnaires
islamistes, pouvant aller jusqu’à les soutenir au nom de
« l’anti-impérialisme » ou de
« l’anti-racisme ». L’islam politique, un courant réactionnaire anti-communisteL’Islam politique est une nébuleuse hétéroclite de groupes et de partis politico-religieux. On y trouve autant des chiites que des sunnites, des partis légaux et légalistes et des groupes armés, des organisations anti-américaines et d’autres pro-américaines, certaines organisations, comme le Hezbollah, au service des intérêts de la Syrie, d’autres financés par l’Iran ou par l’Arabie Saoudite. Dans des pays comme l’Irak ou l’Afghanistan, on trouve des islamistes à la fois dans les gouvernements fantoches au service de l’impérialisme et dans la guérilla qui combat l’impérialisme. En Algérie, les rivalités entre le GIA et le FIS se sont transformées en conflit armé entre ces deux groupes. Bref, les divisions et sous-divisions sont nombreuses au sein de cette mouvance. Pourtant, en plus de leur base idéologique, la lecture la plus stricte possible du Coran et de la Sunna comme fondement politique, il y a d’autres similitudes entre ces groupes. Dans un texte datant de 1992, le groupe féministe palestinien Al-Fanar[3] décrivait comme suit les « assertions fondamentales du fondamentalisme » : « 1.
La crise
de la société arabe - qui, par nature, est islamique
(selon les
fondamentalistes) et qui constitue même “une
société naturellement islamique” -
est née du fait que la société s’est
distanciée des commandements divins de
l’Islam et que ses élites ont été infectées
par un Jahaliyah d’origine
occidentale. On pense généralement que le terme Jahaliyah
fait référence à la
période pré-islamique. En fait, ce terme ne renvoie pas
à une période
historique spécifique, mais plutôt à un contexte
où la société est régie par
des lois “faites par l’homme” et non par les lois divines. 2. La
société arabe ne peut être
sauvée que par la lutte pour un Etat islamique, dont les peuples
arabes seront
les éléments de base ; un Etat où la Sharia, (loi
islamique) sera la seule loi,
interprétée par l’Ulimah Suprême, non par un
gouvernement laïque. 3. La démocratie,
l’égalité, la
libération nationale, le socialisme et le communisme sont les
agents de
“l’impérialisme culturel” dont l’objectif est de détruire
l’Islam, pour faire
régner la Jahaliyah matérialiste, hédoniste et
individualiste. 4. Tous les mouvements
qui
adhèrent aux principes ci-dessus (démocratie, etc.) sont
les ennemis de l’Islam
et donc, également, de la société arabe. Selon les
fondamentalistes, la preuve
en est que des musulmans comme des membres d’autres communautés
collaborent
dans ces mouvements. La lutte pour le triomphe de ces valeurs est
corrompue et
vile et doit être combattue. 5. Le comble de la
corruption
occidentale, selon les fondamentalistes, est le féminisme et le
mouvement de
libération des femmes, qui allient des valeurs
égalitaires et démocratiques et
les appliquent aux femmes. Les femmes qui sont actives dans ces
mouvements sont
corrompues et licencieuses, et sont des renégates dont il est
permis de verser
le sang. En outre, tout ceci s’applique à toute personne qui les
soutient. Imprégné de
ces assertions, le
fondamentalisme oeuvre à la préservation et au
renforcement de la société
patriarcale et de ses institutions ; et plus spécifiquement de
la famille
patriarcale, qui constitue l’unité de base de l’ordre social
patriarcal “sur la
propriété privée”. Cette relation transparait
clairement dans les
revendications démagoqiques du fondamentalisme qui, d’une part,
prône l’égalité
et veut que les gens se satisfassent de peu, et d’autre part,
prône la charité
et veut que les riches assistent les pauvres. En d’autres termes, faire
la
charité remplacera la nécessité de transformer
l’ordre social existant. » Ces
« assertions
fondamentales du fondamentalisme » peuvent en effet
définir l’ensemble des
organisations se réclamant de l’Islam politique, qu’elles soient
liées ou
opposées à l’impérialisme. Et c’est ainsi que,
partout où l’Islam, politique a
une influence, il emploie les méthodes les plus violentes
à l’encontre du
mouvement ouvrier, des communistes, des libres-penseurs et plus
largement des
progressistes. Dès leurs origines, les Frères Musulmans
considèrent le « communisme
international » comme un de leur principaux ennemis, et
cet
anti-communisme des islamistes ne s’est jamais démenti. En janvier 1995, le GIA publie un
communiqué
où il demande, en échange de la fin de la guerre, du
gouvernement algérien de
« bannir tous les partis communistes et athées
comme preuve de la
volonté du pouvoir de combattre les ennemis de Dieu[4] »,
parlant des mouvements nationalistes palestiniens, le Hamas
précise dans sa
charte qu’il « les encourage tant qu'ils
ne prêtent pas allégeance
aux communistes de l'Est et aux Croisés de l'Occident [5]»,
sans parler, plus récemment, des multiples fatwas de la
prétendue
« résistance » irakienne condamnant de
nombreux militants communistes
ouvriers à mort, fatwas malheureusement suivis d’effets.
Reprenant les thèses
de l’antisémitisme raciste classique, le Hamas comme d’autres
groupes de
l’Islam politique, considère que « les
Juifs » seraient derrière la
Révolution Française ou la Révolution d’Octobre
1917. D’ailleurs, il convient
de rappeler que même lorsqu’ils s’en prennent à
l’impérialisme, les groupes de
l’Islam politique, comme n’importe quelle fraction bourgeoise et
réactionnaire,
préfèreront toujours une alliance avec
l’impérialisme que le socialisme. Lors
de l’insurrection ouvrière de 1991 en Irak, on a pu assister
à une
« sainte alliance » des islamistes, des
baasistes, des nationalistes
kurdes et de l’impérialisme contre le prolétariat.
L’Arabie Saoudite, pays où règne
l’islamisme le plus obscurantiste et qui finance de nombreux groupes
islamiques
de par le monde, a toujours été un des allié de
l’impérialisme américain, et il
ne faut pas oublier que le réseau Al-Quaïda et les Talibans
ont été formés et
financés par les USA lorsqu’il s’agissait de combattre
l’Armée Rouge en
Afghanistan. En 1980, Giscard
d’Estaing ne
s’est pas trompé lorsqu’il expliquait : « Pour
combattre le
communisme nous devons lui opposer une idéologie. A l’Ouest,
nous n’avons rien.
C’est pourquoi nous devons appuyer l’islam ». De l’appui
à la
religion, cet opium du peuple, au
soutien aux courants fondamentalistes de l’Islam politique, il n’y a
qu’un pas,
que les dirigeants impérialistes ne se sont pas
gênés de franchir : et si
le soutien des USA aux Talibans en Afghanistan est connu, on peut
rappeler que
l’Etat d’Israël a favorisé le développement du Hamas
au milieu des années 70.
« "Les associations
islamiques et l’université recevaient
tous les encouragements du gouvernement militaire " en charge de
l’administration
de la Cisjordanie et de Gaza, écrivait en octobre 1987,
l’hebdomadaire
israélien, Koteret Rashit, cité par le Monde du 18
novembre 1987, ajoutant
qu’elles " étaient autorisées à faire venir de
l’argent de l’étranger
". Les islamistes créent des orphelinats et des dispensaires,
mettent en
place un réseau scolaire, des ateliers de confections pour
l’emploi des femmes,
et dispensent une aide financière aux plus démunis. Et en
1978, ils créent une
" université islamique " à Gaza. Koteret Rashit
ajoutait :
" Le gouvernement militaire était convaincu que ces
activités
affaibliraient l’OLP et les organisations de gauche à Gaza. "
Fin 1992, on
comptait six cents mosquées dans Gaza. Et c’est ainsi,
grâce au Mossad, que les
islamistes ont tissé leur toile, à l’ombre d’une
répression impitoyable
frappant les militants du Fatah et de la gauche palestinienne » [6]. L’antiféminisme, ciment de l’islam
politique
Il existe un autre point
d’accord
fondamental des différents courants de l’islam politique, point
sur lequel il
base l’essentiel de son action et de sa propagande, qu’il s’agisse des
factions
islamistes pro- ou anti-américaines, c’est sa haine des femmes.
C’est ainsi que
Al-Fanar explique : « Le mouvement fondamentaliste
rejette le
nationalisme tout en participant à la lutte pour la
libération nationale ;
abhorre la démocratie tout en étant en faveur des
élections ; rejette le
principe d’égalité nationale tout en utilisant le
même principe quand les
masses luttent pour y accéder ; condamne le luxe tout en
finançant ses journaux
par la publicité de biens de consommation occidentaux tels que
voitures de
luxe, sous-vêtements masculins, etc. ; déteste le sport
comme “valeurs
occidentales barbares” tout en formant des équipes de football
islamiques.
Cependant, la question de la libération et de
l’égalité des femmes est la seule
sur laquelle le mouvement islamique n’est pas prêt du tout
à faire de
compromis. Sans hésiter ni transiger, le mouvement met en oeuvre
son
affirmation selon laquelle le statut accordé aux femmes dans
l’Islam est le
plus correct et le meilleur (à condition “qu’elles sachent se
tenir à leur
place”). Pour les fondamentalistes, le mouvement de libération
des femmes est
l’ennemi central, parce que toute la société patriarcale,
dont le fondamentalisme
défend l’existence, repose sur l’oppression des femmes. »
Une encyclopédie
entière ne
suffirait pas à résumer tous les crimes commis, dans tous
les pays, par les
militants islamistes contre les femmes. En Palestine, le Hamas a,
dés ses
origines, promis le retour des femmes au foyer, lancé des
campagnes pour
imposer le port du hidjab, s’oppose à toute tentative
d’améliorer la condition
des femmes, et désigne les militantes féministes comme
« occidentalisées,
soutenues par des organisations occidentales dans le but de
détruire la nation
islamique basée sur la cellule familiale, par l’incitation
à la débauche et à
la révolte »[7].
Et aux mots d’ordre anti-féministes s’ajoutent les actes de
terreur, comme l’a
encore montré récemment l’exécution de Yousra par
des assassins du Hamas à Gaza
en avril 2005. Et si on a parlé de ce crime à
l’époque, il ne s’agit pas d’un
cas isolé, les islamistes constitue des « polices des
mœurs » dans
différentes localités de la Bande de Gaza et de
Cisjordanie. En Algérie, le FIS
comme le GIA ont fait des femmes leur cible prioritaire, terrorisant
celles qui
refusaient la prison du hidjab, puis violant et assassinant des
milliers de
femmes. Les chefs de guerre islamistes, si puritains qu’ils soient
lorsqu’il
s’agit de la sexualité des femmes, rédigent des fatwas
favorisant le viol.
Ainsi, en septembre 1997, l’émir du GIA publie une fatwa
indiquant « Au
nom d’Allah le Miséricordieux, la femme vous appartient quand
l’Emir vous l’a
donnée. Faites en ce que vous voulez. Elle est jarya (esclave)[8]. »
Et en Irak, lors
du congrès des Moudjahiddines qui s’est tenu à Falluja
le 20 octobre 2004, Abdulla Al-Janabi et le Conseil islamique de
Falluja ont
publié une fatwa décrétant que les Moudjahiddines
doivent violer les filles dès
l’âge 10 ans, avant qu’elles ne le soient par les
Américains ! Pour ce
qui est de l’Irak, on peut noter que les deux courants antagonistes de
l’Islam
politique, ceux qui collaborent avec l’occupation et ceux qui
participent à la
prétendue « résistance », ont un au
moins un point commun, celui
d’être favorables à l’oppression des femmes. Alors que les
« résistants » assassinent des femmes
parce qu’elles refusent de
s’enfermer sous le hidjab, parce qu’elles veulent travailler,
étudier et
montrent une certaine indépendance face au pouvoir patriarcal,
les islamistes
pro-américains cherchent à imposer une constitution
basée sur la Charria. Comme
l’écrit Yanar Mohammed, présidente de l’Organisation pour
la Liberté des Femmes
d’Irak : « L’ébauche de
constitution mentionne dans son article
14, l’abrogation de la loi actuelle et se borne à renvoyer aux
lois sur la
famille, en complément de la charia islamique et des autres
codes religieux en
Irak. En d’autres termes, elle rend les femmes vulnérables
à toutes les formes
d’inégalités et de discriminations sociales, et fait
d’elles des citoyennes de
seconde zone, des moitiés d’êtres humains. [9]»
Et dans le Nord-Ouest du Pakistan, une coalition de partis islamistes
au
pouvoir ont cessé de s’en prendre aux USA, tout en interdisant
par exemple aux
femmes de se présenter à des examens où le jury
serait masculin. On notera que sur la
question des
femmes, les islamistes européens ne disent pas autre chose que
leurs comparses
du Maghreb ou du Machrek. C’est ainsi que le conseil européen
des fatwas et de
la recherche a publié aux éditions Tawhid en 2002, ses
« Avis
juridiques concernant les musulmans d’Europe »[10]
où l’on peut lire : « L'époux
a le
droit d'interdire à sa femme de rendre visite à une femme
précise, musulmane ou
non, s'il craint que cela porte tort ou préjudice à son
épouse ou à ses
enfants, ou à sa vie conjugale [11]»
ou « Cette
pudeur est une qualité louable aussi bien chez les hommes que
chez les femmes,
mais elle l'est encore davantage chez la femme et plus conforme
à sa nature
féminine. C'est cela qui fait que, généralement,
elle ne prend pas l'initiative
d'adresser la parole aux hommes qui lui sont étrangers, (...) L'important est de savoir que la Loi
n'interdit pas
qu'une femme parle avec un homme ou vice-versa en cas de besoin, si les
propos
restent dans les limites du licite et conformes à ses normes. [12]» On
pourrait
encore ajouter des exemples du caractères profondément
antiféministe, et même
plus largement anti-femmes (est-il nécessaire de reprendre les
exemples des
législations saoudienne, iranienne ou afghane ?), de
l’islam politique, et
on pourrait aussi développer d’autres thématiques
réactionnaires de cette
mouvance. Car bien entendu, cette mouvance est profondément
homophobe,
anti-sémite, et le concept même d’unité de l’ouma
(la communauté des croyants),
comme toutes les idéologies a-classistes, rejette toute
autonomie de la classe
ouvrière. Cependant, l’antiféminisme est le plus
important ciment idéologique
de l’islam politique. Courant
hétéroclite, où l’on trouve à la fois
l’expression de la frustration de
petits-bourgeois et de couches populaires face à la domination
impérialiste et
à la corruption des Etats en place, le soutien d’Etat bourgeois
existants
(comme la Syrie dans le cas du Hezbollah), de l’Iran et même de
régimes féodaux
(Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis), le refus du
« progrès » vu
comme une forme de « colonialisme » et donc la
défense des traditions
les plus moyen-ageuses, tantôt allié, tantôt
opposé à l’impérialisme
occidental, habillant sous un discours apparemment
« révolutionnaires » des conceptions
réactionnaires, mouvement de
masse dans certains pays, disposant de partis, de groupes armés,
d’organisations de bienfaisance et de réseaux divers, cette
mouvance n’est pas
sans rappeler le fascisme. Nous n’y voyons qu’une seule
différence
fondamentale : en Europe, le fascisme fit son apparition au cœur
même des
pays impérialistes, alors que l’Islam politique se
développe dans des pas
dominés. Nous ne répondrons donc pas à la question
de savoir si le terme fascisme,
ou fascisme vert, s’applique véritablement ou non à
l’islam politique[13],
mais il convient d’avoir à l’esprit les similitudes entre ces
deux mouvances.
Et si la mouvance islamiste en soi forme un tout
hétéroclite, chacun des
groupes s’en revendiquant est lui même un fourre-tout
d’aspirations et
d’intérêts parfois contradictoires. Si on y trouve les
intérêts de certains
Etats, de cliques dominantes féodales, de fractions bourgeoises,
ainsi que de
chefs de guerre, ces différents groupes arrivent à
exploiter les frustrations
de classes populaires pour avoir une audience de masse. Or, respectueux
de la
propriété privée et de leurs riches financeurs,
les groupes islamistes ne
peuvent apporter aux masses une amélioration de leurs conditions
de vie, d’où
la nécessité d’offrir à leur base d’évacuer
leurs frustrations en s’en prenant
aux femmes. En ce sens, les groupes islamistes peuvent, selon les
intérêts de
leurs financeurs et les ambitions de leurs chefs, accepter tous les
retournements de veste, des Talibans dit
« modérés » peuvent s’allier
avec l’impérialisme américain, mais il y a un point de
leur programme qui ne
changera jamais, leur antiféminisme, leur mépris des
femmes. En ce sens,
l’antiféminisme joue pour l’islam politique le même
rôle de ciment qu’a joué
l’antisémitisme dans le nazisme. Du colonialisme à
l’indépendance
L’argument principal des
islamistes contre les militantes féministes est de les accuser
d’être « occidentalisées,
soutenues par des organisations occidentales dans le but de
détruire la nation
islamique basée sur la cellule familiale », en gros
qu’elles seraient
une sorte de cheval de Troie de l’impérialisme ou du
colonialisme. Or, le
colonialisme, justement, n’a jamais brisé ou même
cherché de briser les
rapports d’oppression patriarcaux dans les pays dominés. En
Algérie par
exemple, le colonialisme français n’a jamais aboli la polygamie,
la répudiation
ou plus largement le droit islamique et traditionnel appliqué
avant la
colonisation. On notera d’ailleurs que des lois du statut personnel
particulières continuent de s’appliquer dans les DOM-TOM, comme
l’application
d’un droit local musulman à Mayotte ou d’un droit coutumier en
Nouvelle-Calédonie pour les
« indigènes », ou pour des femmes
immigrée, comme le démontre la convention
franco-marocaine de 1981 qui stipule
que "la
référence à la loi de l’un des deux Etats s’entend
de la loi
interne à cet Etat à l’exclusion du droit international
privé" (art.
3). Autrement dit, une femme marocaine en France se verra régie,
en cas de
conflit familial, de conflit de filiation, par le code de statut
personnel
marocain. En Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, l’occupation
israélienne a
certes imposé de nombreuses restrictions de mouvement à
la population
palestinienne, mais n’a en rien remis en cause les lois
discriminatoires à
l’encontre des femmes issues du droit jordanien ou égyptien. En
Afghanistan,
l’occupation américaine n’empêche pas que les violences
contre les femmes
restent courantes, ni même les lapidations (en mai 2005, une
femme de 29 ans a
été condamnée à mort par un tribunal et
lapidée dans le district d’Urgu pour
adultère[14])
et ne
parlons même pas de l’Irak où s’est avec la
bénédiction de l’impérialisme que
se met en place une constitution contre les femmes. Aussi, tout comme
des chefs
de guerre islamistes peuvent très bien pactiser avec
l’impérialisme, ce dernier
n’a jamais fait avancer d’un iota la situation des femmes dans les pays
dominés. Bien sûr, le ciment
antiféministe,
tout comme la base politico-religieuse, de l’Islam politique n’a pu
trouver un
écho dans les pays de culture musulmane que parce que ces
sociétés sont restées
patriarcales et religieuses. L’Islam, en soi, n’est pas plus
réactionnaire ou
antiféministe que les autres religions, pas plus
intolérant que le christianisme
et le judaïsme par exemple. En Turquie, avec la révolution
nationaliste-bourgeoise menée sur les ruines de l’Empire
Ottoman, Atatürk a
fait de l’Etat turc un Etat laïc et a apporté des
avancées quant aux droits des
femmes. Les femmes turques ont ainsi eu le droit de vote en 1934, soit
dix ans
avant les femmes françaises. Dans les pays arabes, au contraire,
les mouvements
de libération nationale de l’après-guerre n’ont, nul
part, imposé la laïcité et
encore moins l’égalité entre hommes et femmes. Magida
Salman, dans son texte
« Les femmes arabes » affirme que :
« La division
du monde arabe par les pouvoirs impérialistes européens
ont conduit à
l’émergence d’une conscience nationaliste, dont
l’élément central était le
désir de réaffirmer l’unité arabe détruite
par les “Occidentaux”. Cette
conscience s’est manifestée par un attachement aux
éléments unificateurs
précédents la division : la langue, les coutumes et la
religion vécue comme
tradition culturelle. L’Islam devenait ainsi une composante de la
conscience
nationaliste bourgeoise. La femme arabe a souffert de cette
réaction qui a eu
pour effet de limiter les transformations qui auraient pu se produire
dans sa
condition par le contact avec la société
européenne et par la lutte des peuples
pour la libération du joug impérialiste européen. [15]»
Ainsi, si le colonialisme
n’a pas fait avancer la condition des femmes, il en est de même
des mouvements de
libération nationale. Magida Salman explique bien cette
situation en analysant
la base sociale des mouvements de libération nationale du monde
arabe aux
lendemains de la deuxième guerre mondiale. « Ces
mouvements sont venus
au pouvoir soit par des putschs organisés par de jeunes
officiers militaires
soit par l’action de partis politiques essentiellement formés
par la petite
bourgeoisie. Les régimes bourgeois établis par les luttes
et les mouvements
anti-impérialistes dans le monde arabe, étaient souvent
obligés de prendre des
mesures radicales contre l’intransigeance impérialiste. Ils
étaient obligés
ainsi de s’appuyer non seulement sur la petite bourgeoisie urbaine mais
également sur la paysannerie et la classe ouvrière voire,
dans une certaine
mesure, de mobiliser les ouvriers et les paysans. Mais il était
également
nécessaire de s’assurer que la radicalisation et la mobilisation
populaires
n’accentueraient pas la lutte des classes, que le soulèvement
populaire
pourrait être circonscrit dans des limites compatibles avec le
maintien du mode
de production capitaliste. La formule permettant de parvenir à
cet équilibre
délicat était bien choisie : le socialisme islamique. En
d’autres mots, le
socialisme pour les masses, l’Islam pour la survie du capitalisme. »
En ce sens, le maintien de la religion comme idéologie d’Etat
avec, comme
corollaire, l’oppression patriarcale sur les femmes, était une
nécessité pour
la petite-bourgeoisie nationaliste afin de maintenir l’exploitation
capitaliste. Et pour ce qui est de l’Algérie, on peut rappeler
quelles furent les
positions de ce « socialisme islamique » (qui
bien sûr n’a de socialiste
que le nom) par rapport à l’émancipation des
femmes : en 1967, le journal
officiel « el-Moujahid » expliquait :
« notre
socialisme repose sur les piliers de l’Islam et non sur
l’émancipation féminine
avec son maquillage, ses coiffures et ses produits de beauté,
qui ouvre la voie
à des passions débridées nuisibles à
l’humanité ». En 1965, la revue
« el-Jaish » se demandait :
« qu’adviendrait-il
de la virilité et de la gloire algérienne, de la nature
nationale
arabo-islamique de notre dynamique jeunesse, comment nos jeunes gens se
sentiraient-ils, s’ils voyaient leurs sœurs aux bras d’étrangers
qui sont leurs
ennemis et les ennemis de la nation arabe toute entière ? ».
Cette
référence à l’islam et aux
« valeurs traditionnelles » continue d’ailleurs
toujours d’être
utilisée par les Etats du monde arabe pour appeler à
« l’unité
nationale » face aux risques d’explosions sociales. Tout
comme en France
et plus largement en Europe occidentale, les politiciens font appel
à la
démagogie raciste contre les immigrés, les Etats du monde
« arabo-musulman » utilisent une démagogie
religieuse, antiféministe
ou homophobe. L’arrestation de 52 homosexuels égyptiens dans la
nuit du 11 au
12 mai 2001, a ainsi permis de créer une sorte d’union
sacrée contre l’homosexualité,
le pouvoir faisant d’ailleurs quasiment passé ces arrestations
pour une
« action anti-impérialiste ». Le journal Al-Maasa,
proche du
pouvoir, indiquait ainsi que ces homosexuels auraient « importé
leurs
idées perverses d’un groupe européen ». Et
un journaliste égyptien,
Rose al Youssef, va jusqu’à écrire « Israël
est fortement impliqué dans
l’affaire ». Comme on le voit, les
courants de
l’islam politique ne sont souvent, comme bien souvent pour les
mouvances
d’extrême-droite, qu’une radicalisation de l’idéologie
dominante. Dans des
Etats qui considèrent que la charria est un des piliers du
droit, les
islamistes demandent l’application la plus stricte et la plus sanglante
de ce
droit, dans des sociétés patriarcales, les islamistes
revendiquent la défense de
ces structures sociales et le renforcement de cette oppression. Un colonialisme à peine voilé ?Si l’extrême-gauche
occidentale a
eut tout à fait raison de lutter contre le colonialisme, pendant
la guerre
d’Algérie par exemple, certains groupes, par contre, ont
sombré dans
l’opportunisme à l’encontre des mouvements de libération
nationale. C’est ainsi
que, dans certaines publications marxistes ou anarchistes, non
seulement les
limites du nationalisme n’ont pas été
dénoncées, mais ces mouvements petits-bourgeois
par nature ont été repeints en rouge. Le tiers-mondisme,
à la mode dans les
années 70, a même théorisé que les
mouvements de libération nationale
remplaceraient le prolétariat mondial comme moteur de la
transformation
sociale. On trouve toujours cet aspect par exemple vis-à-vis du
mouvement
national palestinien, les critiques vis-à-vis de l’OLP
étant toujours généralement mal-vue dans
l’extrême-gauche occidentale. Et pourtant !
L’OLP qui commence la plupart de ses déclarations officielles
par « Au
nom de Dieu, le clément, le miséricordieux »,
n’est pas d’une nature
différente que les autres mouvements de libération
nationale. Il ne s’agit pas
ici de développer une critique des mouvements de
libération nationale en-soit,
mais on peut simplement rappeler que tous ces mouvements, en se basant
justement sur « l’unité nationale » (y
compris les courants se
revendiquant du « marxisme », comme les
maoïstes et leur théorie du
« bloc des quatre classes [16]»),
non seulement sont a-classistes et visent à l’unité du
prolétariat avec une
couche de la bourgeoisie, mais qu’également, contrairement au
mouvement ouvrier
révolutionnaire[17],
ne
cherchent pas à combattre les préjugés racistes,
chauvins ou sexistes, au sein
du peuple. En affirmant,
« Vos
épouses sont pour vous un champ de labour ; allez à vos
champs comme [et
quand] vous le voulez »[18],
le Coran fait une analogie entre la femme et la terre, analogie que
l’on
retrouve dans la plupart des mouvements nationalistes, y compris bien
sûr en
Europe. Les femmes tondues à la Libération en France
parce qu’elles étaient
soupçonnées d’avoir couché avec un Allemand ou les
viols collectifs par les
soldats serbes en Bosnie-Herzégovine proviennent de la
même logique. Le corps
de la femme ne lui appartient pas, mais il est la
propriété de la patrie.
Aussi, si le colonialisme n’a pas brisé les structures
patriarcales et
tribales, les hommes ont renforcé leur pouvoir sur les femmes,
le justifiant au
nom de la défense de « l’honneur de la patrie ». Ainsi, lorsque le Hamas a commencé sa
campagne, d’abord dans la Bande de Gaza, puis en Cisjordanie, pour
imposer le
port du hidjab aux femmes, la Direction Nationale
Unifiée du Soulèvement a attendu plus d’un an et
demi pour dénoncer les violences commises par les islamistes[19]
à l’encontre des femmes. Pire encore, des graffitis
signés du Fatah
s’associaient à la campagne du Hamas pour voiler les
Palestiniennes. De la même
façon, ni l’OLP, ni les composantes dites « de
gauche » du
nationalisme palestinien, n’ont lancé de campagnes d’ampleur
pour lutter contre
les crimes dits « d’honneur » ou contre les
violences conjugales. Le marxisme, a, depuis
ses origines, considéré que la lutte
du prolétariat contre le capitalisme, abolissant l’ordre des
choses existants,
visait à construire une société nouvelle, le
communisme, où serait également
brisé l’oppression patriarcale. Et, en Europe, la
quasi-totalité des
organisations d’extrême-gauche disent soutenir les mouvements
féministes et
dénoncent régulièrement le sexisme ou le machisme
de la société française dans
leurs publications, certaines disposent même de
secrétariats ou de commissions
« femmes ». Forts des apports de Marx, Engels,
Clara Zetkin,
Alexandra Kollontaï, d’autres classiques du marxisme et du
mouvement féministe
des années 70, on pourrait espérer que l’ensemble de
l’extrême-gauche se dresse
du côté des femmes nées «musulmanes»
contre l’islam politique. Bien sûr, des
organisations comme Lutte Ouvrière ou la
Fédération Anarchiste n’ont eu aucune
ambiguïté sur cette question. Mais d’autres, par contre,
ont une attitude
bienveillante vis-à-vis de l’Islam politique, en particulier
vis-à-vis du Hamas
ou de la prétendue « résistance »
irakienne au nom de
« l’anti-impérialisme ». Le courant qui
théorise le plus cette bienveillance
avec l’islam politique, est celui représenté en
Grande-Bretagne par le SWP
(Socialist Workers Party). C’est ce courant qui, lors de la guerre
civile en
Algérie, avait lancé le mot d’ordre « « Avec
l’Etat jamais,
avec les islamistes parfois », qui, avec les
réactionnaires de la
Ligue Arabe Européenne, a organisé le 27 mars 2004 une manifestation commémorative en
l’honneur du cheik Ahmed
Yassin, fondateur du Hamas liquidé cinq jours plus tôt par
l’armée israélienne[20]
à Amsterdam, ou qui influence en France les Jeunesses
Communistes
Révolutionnaires et une tendance minoritaire de la LCR qui ont
manifesté avec
des organisations islamistes pour le « droit de porter le
hidjab ».
Et au-delà de ce courant clairement identifiable[21],
on trouve des militants et même des militantes, marxistes,
anarchistes ou
féministes, qui ne voient rien de scandaleux à ce qu’un
Tarik Ramadan soit
invité à un Forum Social et refusent de combattre
clairement l’oppression
patriarcale que subissent les femmes « nées
musulmanes » et les groupes
de l’Islam politique. Le plus souvent, il ne s’agit que d’un refus par
omission. Par rapport à la Palestine par exemple, qui fait
couler tant d’encre
dans la presse d’extrême-gauche, combien de lignes
dénoncent la situation des
femmes dans ce pays ? Il existe pourtant plusieurs organisations
féministes en Palestine, mais il n’en est que rarement question
dans les
publications marxistes ou libertaires. Pire, il arrive que des
militants, par
ailleurs progressistes lorsqu’il s’agit des femmes en France,
considèrent que
dénoncer les crimes du Hamas ou les meurtres
« d’honneur » serait
« faire le jeu du sionisme ». Tout comme,
à une autre époque,
dénoncer les procès de Moscou serait « faire
le jeu de
l’impérialisme » ? Ainsi, pour l’Irak, le
Comité International de la Quatrième Internationale
par exemple s’en prend
à Lutte Ouvrière en ces termes : « tandis
que la montée de la
résistance plongeait les gouvernements de Washington et de
Londres dans une
crise sévère, LO dénonça une des figures
symboliques de cette résistance,
l'imam chiite Moqtada al Sadr ». Comment ne pas
s’étonner que des trotskistes
puissent être choqués que l’on dénonce un ennemi de
la classe ouvrière comme
Moqtada Al Sadr ! Al Sadr fait massacrer des femmes uniquement
parce qu'elles sont femmes, et il ne faudrait pas le dénoncer
parce qu'il serait une des figure symbolique de la résistance
?!? Et alors que des groupes qui se réclament du marxisme
glorifie la prétendue résistance, ils oublient qu'il
existe dans ce pays un courant
communiste révolutionnaire, le Parti Communiste Ouvrier d’Irak,
qui défend une
ligne de classe, internationaliste et féministe. Il est clair,
bien sûr, que
chaque organisation ou militant peut formuler des critiques par rapport
à la
ligne du PCOI, le débat et la confrontation de points de vue, la
polémique
même, étant une tradition dans le mouvement ouvrier
révolutionnaire[22].
Par contre, il est scandaleux de discuter des positions du PCOI en les
mettant
sur le même plan que celles de la prétendue
« résistance », ce qui
signifie mettre sur le même plan une organisation
ouvrière, des camarades, et
des ennemis de la classe ouvrière ! Que l’on puisse
critiquer le PCOI est
une chose, mais il en est une autre, lorsque des militants communistes,
des
militants ouvriers, des frères et des sœurs de classe, se font
assassiner par
des militants islamistes, de critiquer le soi-disant
« sectarisme »
des premiers et de soutenir la
« résistance » des seconds ! Ces
considérations devraient être la plus
élémentaire solidarité de
classe, et pourtant, plusieurs organisations progressistes ou
même révolutionnaires de
France ont refusé une intervention de Houzan Mahmoud,
présidente de
l’Organisation pour la Liberté des Femmes d’Irak et militante du
PCOI, lors du
meeting contre la guerre du 20 mars 2004, craignant que son discours
féministe ne s'en prennent de façon trop virulente aux
assassins de l'Islam politique ! Si, lors de la
décolonisation, on
pouvait croire que des camarades se laissaient éblouir par le
discours
vaguement socialiste des mouvement de libération nationale,
même un aveugle
peut voir le caractère profondément réactionnaire,
anti-communiste et
anti-féministe de l’Islam politique. Certains camarades pensent
peut-être que
la libération nationale serait, en Palestine ou en Irak, la
« première
étape », nécessitant la plus grande
unité, pour permettre, ensuite
d’aborder d’autres questions comme la libération des femmes. En
1979 déjà, lors
de la révolution iranienne, une fraction non-négligeable
de l’extrême-gauche
iranienne considérait que Khomeyni représenterait une
« petite-bourgeoisie
progressiste » et qu’il fallait donc le soutenir. Et
pourtant, tout le
monde sait aujourd’hui ce que signifie le régime des mollahs
pour les
progressistes, les femmes et les ouvriers d’Iran. Faudrait-il
espérer le même
sort pour les femmes, les ouvriers et les progressistes d’Irak ou de
Palestine ? Les crimes commis par
l’islam
politique, en Algérie, en Iran, en Irak, au Pakistan, en
Palestine et ailleurs, hurlent la nécessité
de refuser toute alliance, même
« tactique »,
« provisoire » ou
« critique » avec la mouvance
fondamentaliste. A moins de considérer que la lutte des classes
ne serait
valable qu’en Occident ? Que le féminisme serait un luxe
réservé aux pays
impérialistes ? Pourquoi les femmes
« nées musulmanes » n'auraient-elles
pas les mêmes droits que les femmes « nées
européennes » ? Faut-il
« déconstruire le genre » en Europe
et accepter l’apartheid sexiste ailleurs, et pourquoi pas, au nom d’un
relativisme réactionnaire, l’accepter même ici pour les
filles issues de
l’immigration ?
Yasmina
PS :
Deux petites réflexions sur les gauchistes suivistes par rapport
à
l’Islam politique : - On
entend parfois que le PCOI ne « ferait rien contre
l’occupation ».
Critique sans fondement, le PCOI organise les travailleurs, constitue
des
syndicats, contribue à l’organisation des femmes, chasse les
islamistes des
quartiers ouvriers, etc. etc. Ce travail quotidien d’organisation du
prolétariat
et de la société civile apparaît peut-être
moins « excitant » d’un
point de vue médiatique qu’une guérilla armée,
fut-elle réactionnaire, moins
viril ? - Lors de
la guerre en Yougoslavie ou des exactions de l’armée
françaises en Côte
d’Ivoire, toutes les organisations d’extrême-gauche, ou presque,
ont, à juste
titre, dénoncé le racisme de Milosevic et de Gbagbo tout
en dénonçant l'impérialisme. Personne n’a
considéré
que face à l’impérialisme, il fallait soutenir Gbagbo ou
Milosevic comme c’est
le cas de la prétendue résistance irakienne ou du Hamas
en Palestine. Est-ce
parce que finalement, si le racisme est fermement condamné, le
sexisme, lui,
reste vu comme un « mal acceptable » ? Comme
quoi, même en France, y compris dans des
milieux qui se veulent progresistes, le féminisme reste
une nécessité. [1] Ce terme, généralement utilisé, est critiquable, à la fois parce qu’il englobe d’un côté de nombreux peuples non-arabes (turcs, kurdes, perses, pakistanais, kabyles…) et de l’autre des minorités non-musulmanes (druzes, arabes chrétiens, zoroastriens, etc.) sans parler des athées de ces pays. [2] Par marxisme, nous désignons bien entendu uniquement les organisations se réclamant ds oppositions de gauche au stalinisme, et non pas ceux qui défendent la contre-révolution bureaucratique ou ses variantes chinoise ou albanaise. [3]
Al-Fanar
« A propos du fondamentalisme dans notre pays ».
[4] Source : L’Humanité, 16 janvier 1995 [5] Article 25 de la charte du Hamas [6] Hassane Zerrouky, « Hamas, le produit du Mossad », « L’Humanité », 14 décembre 2001 http://www.humanite.presse.fr/journal/2001-12-14/2001-12-14-255050 [7] Voir Islah Jad, « Les Palestiniennes face aux mouvements islamistes », décembre 2004. http://libertefemmepalestine.chez.tiscali.fr/femme_hamas.html [8] Cité par Martine Gozlan, « Le sexe d’Allah », Editions Le live de Poche, Paris 2004. [9] Yanar Mohammed, « Une constitution inhumaine pour les femmes », 23 juillet 2005. [10] Ouvrage préfacé par Tarik Ramadan que certains, au sein du mouvement alter-mondialiste, continuent de considérer comme un progressiste ! [11] Fatwa numéro 32. [12] Fatwa numéro 36. [13] Sur cette question, voir le texte de Sivayes Azeri (Parti Communiste Ouvrier d’Iran), « Les groupes de la résistance religieuse irakienne sont-ils fascistes ? » [14] Source : Amnesty International [15] Magida Salman, « Les Femmes Arabes », Décembre 1997, Femmes Sous Lois Musulmanes http://www.wluml.org/french/pubsfulltxt.shtml?cmd[154]=i-154-16646 [16] Théorie maoïste selon laquelle le moteur de la transformation de la société serait « le bloc des quatre classes » (prolétariat, paysannerie, petite-bourgeoisie et bourgeoisie nationale)… Théorie qui est bien entendu une négation du marxisme ! [17] Des décennies de contre-révolution stalinienne et son influence sur le mouvement ouvrier peuvent laisser penser le contraire. Et pourtant ! En 1917, une des premières mesures du gouvernement soviétique, dans un pays arriéré comme la Russie, fut de dépénaliser l’homosexualité ! [18] Le Coran, sourate 2, La vache [19] Voir Remma Hamami, « Les femmes, le hidjab et l’Intifada ». http://libertefemmepalestine.chez.tiscali.fr/femmes_hidjab.html [20] Voir De Fabel van de illegaal, mai/juin 2004, « Cheikh Yassin, un « héros » et un « exemple » ? » : [21] Pour une critique des positions de ce courant, voir « Lutte de Classe » n°84, « Quand une partie de l’extrême-gauche fait la cour aux islamistes » http://www.union-communiste.org/?FR-archp-show-2004-1-566-3183-x.html [22]
Rosa Luxemburg, par
exemple, ne s’est pas privée de critiquer la stratégie
des bolcheviks, mais
elle l’a fait en camarade, affirmant en même temps son
entière solidarité avec
les communistes russes face à la réaction. [24] Se mobiliser prioritairement contre l’impérialisme américain, par exemple, ce qui est le cas de certains groupes gauchistes, revient souvent, dans les faits à se retrouver à la remorque de l’impérialisme français. |