Un gouvernement palestinien aux couleurs du Hamas

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Alors que le parti islamiste Hamas désignait le premier ministre du futur gouvernement de l'Autorité palestinienne, Israël annonçait des sanctions, notamment le gel des 50 millions de dollars d'aide mensuelle, contre une Autorité palestinnienne qu'il juge désormais comme "une organisation terroriste" .

Le Hamas, mouvement islamiste palestinien vainqueur des élections législatives du 25 janvier, a choisi Ismaïl Haniyeh comme Premier ministre du futur gouvernement palestinien, a confirmé ce dernier dimanche.

«Il s’agit d’une décision du mouvement dans la bande de Gaza et la Cisjordanie, y compris des (membres du Hamas) emprisonnés », a dit M. Haniyeh aux journalistes dans la bande de Gaza, bastion du Hamas.

«Nous espérons que Dieu nous aidera à assumer cette responsabilité », a-t-il ajouté.

Le nouveau président du Conseil législatif palestinien (CLP, parlement) et député du Hamas, Aziz Doweik, a pour sa part déclaré à la presse en Cisjordanie que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait été informé du choix du mouvement, lors d’une réunion dans son QG de Ramallah.

«Nous avons donné au président Abbas le nom de notre candidat au poste de Premier ministre, Ismaïl Haniyeh », a dit M. Doweik à l’issue d’un entretien avec M. Abbas.

Plus tôt, le député du Hamas Salah al-Bardaouil avant affirmé à l’AFP que «le Hamas avait annoncé officiellement qu’Ismaïl Haniyeh était son candidat pour le poste de Premier ministre ».

Mahmoud Abbas devait avoir dans la journée des entretiens avec des dirigeants du Hamas dans la bande de Gaza qui ne peuvent se déplacer en Cisjordanie en raison de restrictions israéliennes. Il devait être informé à cette occasion du choix de M. Haniyeh comme Premier ministre par le Hamas.

«Le mouvement (Hamas) va informer le président Abbas de son choix et lui dire de nommer un nouveau gouvernement. Les dirigeants du mouvement, à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine, se sont entendus pour nommer Ismaïl Haniyeh comme notre chef de gouvernement », avait indiqué M. Bardaouil.

M. Haniyeh était en tête de la liste du Hamas qui a remporté les élections face au Fatah de Mahmoud Abbas.

De son coté le gouvernement israélien d’Ehud Olmert a approuvé dimanche des sanctions économiques à l’encontre d'une Autorité palestinienne dominée par le Hamas, a annoncé la radio publique.

Parmi les mesures décidées figure le gel du transfert mensuel de quelque 50 millions de dollars de fonds correspondant au remboursement par Israël des droits de douane et de TVA prélevés sur les produits destinés à la Cisjordanie et à la bande de Gaza, a ajouté la radio.

Ces fonds représentent environ 30% du budget de l’Autorité palestinienne et permettent d’assurer notamment la paye de quelque 140.000 fonctionnaires, dont près de 60.000 policiers et membres des services de sécurité.

Le gouvernement a également décidé de lancer un appel à la communauté internationale pour que cesse immédiatement son aide à l’Autorité palestinienne, à l’exception de l’assistance à des fins humanitaire dont il est possible de vérifier qu’elle n’est pas détournée au profit «d’organisations terroristes », a ajouté la radio.

Le cabinet n’a en revanche pas décidé pour le moment d’interdire aux Palestiniens de venir travailler en Israël. Mais les contrôles de sécurité qui seront exercés seront «beaucoup plus serrés », ce qui devrait réduire le nombre de Palestiniens qui pourront venir gagner leur vie en Israël, a poursuivi la radio.

Actuellement, 15.000 Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza disposent d’un permis de travail pour venir gagner leur vie en territoire israélien.

Sur ce total, 5.000 venaient travailler ces derniers mois en raison notamment de bouclages imposés par intermittence.

Auparavant, le Premier ministre par intérim, Ehud Olmert, a proclamé que l’Autorité palestinienne dirigée par le Hamas était de facto devenue une «Autorité terroriste » et qu’Israël ne l’acceptera pas.

«Il est clair qu’avec une majorité du Hamas au parlement palestinien et la formation d’un gouvernement avec une direction du Hamas, l’Autorité palestinienne devient de facto une Autorité terroriste et Israël ne l’acceptera pas », a affirmé M. Olmert au début de la séance hebdomadaire de son cabinet.

«Israël ne mènera pas de contacts avec un pouvoir dont le Hamas est partie prenante, que se soit de façon limitée ou déterminante », a prévenu le Premier ministre par intérim.

Israël exige que le Hamas reconnaisse son existence en tant qu’Etat juif, les accords conclus dans le passé par l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et renonce à la lutte armée.

La libre Belgique, 19 février 2006