La grève et le ras-le-bol des avocats

Parler du système judiciaire en Palestine de façon formelle ne donne pas, bien sûr, une image réeelle de la situation. Ces extraits du numéro du 15 juin de "Palestine Report" sur la grève des avocats du 4 juin 2005 montre les menaces et violences qu'ils subissent. Cela renforce bien sûr les réglements des conflits par le biais de structures tribales, structures qui sont encore moins favorables aux femmes que les tribunaux officielles.

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Le 4 juin, des dizaines d’avocats ont refusé d’entrer dans les cours d’audience de Cisjordanie et de la Bande de Gaza pour une « grève d’avertissement d’une journée ». Dans un communiqué de l’Association Palestinienne du Barreau, les avocats protestent contre ce qu’ils appellent les « trois bras de la justice », les juges, les procureurs et les avocats. Le communiqué dénonce un « environnement de travail sans sécurité » à cause de l’augmentation des milices privées et les lacunes de l’Autorité Palestinienne pour protéger le système judiciaire.

Le même jour au tribunal de Naplouse, les avocats ont organisé une protestation légale. (…)

Dans une interview à Palestine Report, le responsable de la branche de Naplouse de l’Association Palestinienne du Barreau, Fawaz Saymeh, indique les principales questions :

«  Les avocats sont assujettis aux menaces et on fait chanter les juges. Des gens font des pressions sur les juges et les avocats et la police ne fait rien. Notre environnement de travail n’est plus sûr à cause de l’interférence de groupes armés qui entrent dans les salles d’audience afin d’influencer les délibérations. C’est devenu fréquent dans de nombreux tribunaux palestiniens. De nombreuses personnes ne font plus confiance dans le système judiciaire et sa possibilité de trancher dans des conflits judiciaires. » (…)

Les récents incidents cités par l’Association Palestinienne du Barreau comportent un cas où la police a empêché les avocats de pénétrer dans le tribunal de Naplouse le 2 juin. Lorsque les avocats ont protesté, ils ont été insultés et menacés par les policiers. La même chose s’est produite pour les avocats à la cour de Ramallah le 1er juin. A Naplouse, le 4 juin, des hommes armés de couteaux ont tenté de poignarder un avocat, mais ont touché un policier. Plus tard dans la journée, un groupe d’hommes armés sont entrés dans la salle d’audience et ont ouvert le feu.

L’Association Palestinienne du Barreau dénonce dans son communiqué « les interventions répétées d’hommes armés dans les cours de justice. De telles intrusions ont des effets sur les jugements. Cela se passe devant la police, qui est responsable du maintien de l’ordre et de la loi. Mais rien n’est fait pour y mettre fin ».

(…)

« Ces agressions répétées sont une véritable obstruction au bon fonctionnement du système judiciaire, qui devrait recevoir un soutien et une protection. Malheureusement, ce n’est pas le cas, ce qui nous oblige à protester pour tirer la sonnette d’alarme. » affirme Saymeh.

(…) Cette situation permet un développement à la fois d’une justice parallèle et les interférences de factions armées dans le travail de la justice. Cette justice parallèle fait référence à des systèmes comme les structures tribales.