De Fabel van de illegaal n° 64
(mai/juin 2004), traduction "Sans patrie ni frontière".
Eric Krebbers et Roel Nagel
Le 27 mars 2004, le groupe Internationale Socialisten (organisation trotskyste néerlandaise liée au SWP britannique) et la Ligue arabe européenne, organisation arabe nationaliste, ont organisé ensemble à Amsterdam, sur le Dam, une manifestation commémorative en l'honneur du cheikh palestinien Ahmed Yassin. Le fondateur et l'idéologue du Hamas, une organisation musulmane fondamentaliste, avait été liquidé cinq jours auparavant par l'armée israélienne. « Tout comme le cheikh Ahmed Yassin est un héros pour nous, tous les combattants du Hamas sont des héros pour nous », a dit Nabil Marmouch, le président de la Ligue arabe européenne, à la centaine de personnes présentes. « Et pas seulement le Hamas ! De plus en plus de gens et d'organisations luttent dans ce domaine, les Brigades des martyrs d'al-Aqsa, le Hamas, le Djihad islamique, le Hezbollah et d'autres, et aussi en Irak. Nous devons également soutenir cette résistance ! » Et pour répondre à ceux qui considèrent que faire tuer des hommes et des femmes pris au hasard est une stratégie fasciste, Marmouch a ajouté : « Celui qui soutient réellement la résistance, la soutient dans sa totalité et pas seulement une partie. ». Selon lui, « nos frères et sœurs en Palestine » décideront par eux-mêmes « comment résister » et le « peuple palestinien » n'a que faire du « paternalisme des Néerlandais ». Le prédécesseur du Hamas : le Mujama al-Islami Les nationalistes nient toujours les conflits aigus qui existent à l'intérieur de tous les prétendus « peuples » ; il est donc logique que Marmouch ait évoqué ses « frères et sœurs de Palestine ». Le Mujama al-Islami, groupe qui a précédé le Hamas et était également dirigé par Ahmed Yassin, s'est implanté dans la population de la bande de Gaza par la violence à partir de 1980. Ses militants incendiaient les restaurants, les cafés, les cinémas, les boutiques d'alcool et les librairies ou bien ils obligeaient les gérants de ces établissements à les fermer. Ils tabassaient et allaient parfois jusqu'à tuer ceux et celles qui portaient des vêtements jugés « contraires à l'islam ». Ils agressaient également les militants de gauche ou nationalistes qui dominaient alors le mouvement de libération de Palestine. Après le début de l'Intifada en 1987, le cheikh Yassin (« un exemple pour beaucoup d'entre nous », selon la Ligue arabe européenne) et ses partisans transformèrent le Mujama al-Islami en Hamas. Entre 1987 et 1993, ces fascistes religieux, ont, selon les estimations les plus modérées, assassiné 942 Palestiniens, soit davantage que les forces d'occupation israéliennes n'en tuèrent durant la même période (1). Pour les militants de gauche et les féministes en Palestine, le Hamas représente une véritable force d'occupation. Comme tous les autres prétendus « peuples », le « peuple palestinien » vanté par la Ligue arabe européenne ne constitue pas une unité et ne peut donc pas, du moins en tant que « peuple », choisir « comment résister ». En réalité, ceux qui soutiennent « un peuple » finissent toujours pas soutenir les puissants, et non la résistance menée par les travailleurs et les femmes. Une « large
coalition »…sans les
juifs et une Charte
antisémite L'embarras des antifascistes La Journée de la Terre Dans certains
milieux d'extrême droite, la
liquidation
de Yassin a également provoqué des réactions
violentes. « Par ce geste,
"Israël" a ouvert les portes de l'Enfer et la vengeance du Hamas
sera
douce ! » a prévenu Werewolf Netherlands (Les
loups-garous des
Pays-Bas), le site web d'Eite Homan, membre du NVU, un parti
néo-nazi.
Werewolf a mentionné avec enthousiasme une manifestation de
protestation des néo-nazis en Allemagne contre les
« juifs assoifés de
sang » qui ont assassiné Yassin. Werewolf se
réjouira probablement de
la nomination du nouveau chef du Hamas : Aziz al-Rantisi. En
effet, cet
individu dénonce le « mythe des chambres à
gaz » et se réfère à des
auteurs révisionnistes comme David Irving et Roger Garaudy. Il
prétend
aussi que le national-socialisme était une conspiration des
« banques
sionistes » (5). Selon Rantisi, il n'existe « pas
d'Israéliens
innocents » et il est donc normal de les tuer dans les
attentats
suicides. Récemment le gouvernement du criminel de guerre Sharon
a
décidé d'éliminer toute la direction du Hamas. Les
hommes et les femmes
« ordinaires » en Israël, en Palestine et
dans les territoires occupés
n'ont pour le moment aucune perspective. NOTES 1. « Djihad und Judenhass », Matthias Küntzel, 2002. 2. « Charte du Hamas », 1988. Voir par exemple le site du Palestine Center. (La traduction française intégrale de la charte du Hamas est apparemment introuvable sur le Net. Quant aux sites francophones et anglophones des différents comités ou associations en faveur de la Palestine, ils sont tout aussi « discrets » sur le contenu de cette charte, NdT). 3. Cette citation se trouve dans les recueils de hadiths établis par Mouslim et al-Boukhari. Un hadith est « un récit rapportant une parole ou un acte du prophète Mohammad (sur lui la prière et la paix). Il existe des recueils de hadiths (Boukhari, Muslim, etc.), rassemblant de ces récits classés par thème et accompagnés par les noms des personnes les ayant rapportées afin de garantir leur origine », nous « informe » le site musulman « Fleurs d'islam ». (NdT). 4. « Moord op Yassin, aanval op islam », Ed Hollants. Sur le site de l'Autonoom Centrum. 5. « Eine reife Leistung », Matthias Küntzel. Sur le site de Jungle World. |