Les élèves
du lycée d’Anata dans
la banlieue de Jérusalem sont sous le choc après avoir
découvert à leur retour
de week-end qu’un mur en béton de huit mètres de haut,
érigé en quarante-huit
heures par Israël, coupe désormais leur
établissement en deux. Le mur traverse la cour
de l’école pour garçons, isolant les
terrains de football et de volley-ball de l’établissement et ne
laissant aux
800 élèves qu’un espace limité par y passer leurs
recréations ou pratiquer des
activités sportives. Ce mur fait partie de la
barrière de séparation érigée par
Israël en Cisjordanie et dans la région de
Jérusalem. Anata, une banlieue du
nord de Jérusalem-est, est l’un des deux quartiers de la Ville
sainte traversés
par la barrière. Le directeur de
l’école, Youssef Elayan, affirme que les
travaux sur le mur dans la cour de l’école avaient
commencé jeudi sans
avertissement préalable. "Nous avons
été surpris jeudi après-midi de voir
l’armée entamer les travaux au milieu de l’école. Les
travaux se sont
poursuivis dans la nuit ainsi que vendredi", explique
M. Elayan. Selon
lui, des heurts avaient opposé jeudi les soldats
israéliens à des élèves, dont
certains ont été arrêtés. "Ils ont
isolé derrière le mur trois dounams
(0,3 hectare) de la cour de l’école, notamment les terrains de
jeu",
s’emporte-t-il. La partie de la cour qui
se retrouve de ce côté-là du mur
sera annexée de facto à la colonie juive de Pisgat Zeev,
que l’ouvrage est
censé protéger. "Nous nous sentons dans une petite
prison. Nous n’avons
plus envie de sourire ou même de parler", dit un
élève Hicham Mahmoud,
âgé de 15 ans. "L’école n’est plus ce qu’elle
était. Avant nous
restions ici après les cours pour jouer au foot mais maintenant
on rentre
directement à la maison pour éviter des frictions avec
les soldats",
ajoute-il. "Nous n’avons plus de
terrains pour jouer et nous sommes
tout le temps sous pression car les soldats israéliens nous
guettent à l’entrée
de l’école",
renchérit son ami Souleimane Karshan. "Ils nous lancent des
gaz
lacrymogènes et des grenades assourdissantes. En plus, le
ronronnement des
bulldozers et des marteaux-piqueurs nous empêchent
d’étudier. L’enseignant doit
crier pour qu’on l’entende avec tout le bruit autour", ajoute-il. Yasser Salameh, 11 ans,
affirme avoir été battu dimanche par
des soldats qui l’ont sorti de l’école. "Les soldats m’ont
emmené
dimanche des toilettes de l’école. L’un d’eux m’a soulevé
avant de me jeter à
terre de toute sa force alors qu’un autre m’a marché dessus. Il
m’ont retenu
dans leur jeep pendant cinq heures", affirme-t-il. Le gouvernement
israélien a approuvé en juillet le tracé du "mur"
de séparation
autour de Jérusalem-est, censé être achevé
dans les prochains mois. Une fois achevée,
la barrière traversera deux quartiers
palestiniens, plaçant 55.000 résidents de
Jérusalem-est annexée, du côté oriental
(palestinien) de cet ouvrage, soit un quart de la population arabe
totale de
Jérusalem-est. Présentée
par Israël comme une "clôture antiterroriste", la
barrière, qui doit
s’étendre à terme sur plus de 650 km, est
qualifiée de "mur de
l’apartheid" par les Palestiniens car elle empiète sur la
Cisjordanie et
rend problématique la création d’un Etat palestinien
viable. La
barrière est sur la majeure partie de son tracé une
clôture longée d’un chemin
de patrouille et équipée d’un système d’alerte
électronique. Sur ses portions
urbaines et notamment à Jérusalem-est, elle se
matérialise sous la forme d’un
mur de béton, de 8 m de haut. Dans un avis rendu le 9
juillet 2004, la Cour internationale
de justice (CIJ) a jugé illégale la construction de cette
barrière et exigé son
démantèlement, tout comme l’a fait ensuite
l’Assemblée générale de l’Onu, mais
Israël n’a pas tenu compte de ces demandes non contraignantes. ANATA
(Cisjordanie), le 5 octobre 2005 (AFP)
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