Destruction
de maisons, bouclage des territoires, explosion de la
pauvreté... Depuis le
début de la seconde Intifada, en septembre 2000, les conditions
de vie des
Palestiniens se sont fortement dégradées. Mais, si toutes
les couches de la
population sont concernées, les femmes restent les
premières victimes de ce
conflit.
La fermeture de la bande de Gaza et de la
Cisjordanie
rend notamment la vie impossible pour nombre de Palestiniennes. Amnesty
International relate le cas de dizaines de femmes, bloquées aux
check points et
contraintes d'accoucher dans la rue. De manière plus globale, la
santé des
femmes s'est dégradée. "Les
maladies chroniques, les problèmes d'anémie et
surtout les troubles psychologiques se sont multipliés",
raconte Hanan
Abu-Ghoush, Palestinienne membre du Centre d'aide et de conseils
juridiques
pour les femmes.
Surtout, les restrictions de circulation ont
aggravé
la crise économique. Avec environ un homme sur deux sans emploi,
le chômage
atteint des sommets. "Les femmes sont
les premières touchées. Faute
d'argent, leur droit à l'éducation est remis en question
et une fois diplômées,
seules 11% trouvent un poste", note Hanan Abu-Ghoush.
Radicalisation de la société De plus, le chômage entraîne chez
les hommes un
important sentiment de frustration. Résultat : la violence
domestique s'est
aggravée. Selon une étude menée à Gaza, 60%
des femmes ont avoué avoir déjà
subi des violences physiques ou verbales au sein de leur famille. Avec
les
bouclages, les femmes se retrouvent coupées de leurs proches.
Elle ne peuvent
plus échapper aux agressions.
"A la suite du
conflit, la société s'est
radicalisée, explique Hanan Abu-Ghoush. Cela se perçoit avec l'augmentation
des
crimes d'honneur." Coupables d'avoir souillé l'honneur de
la famille, parfois
en étant violées, des femmes sont tuées. Pour
l'assassin, le père, le frère ou
l'oncle, c'est l'impunité.
Inspiré des lois jordaniennes et
égyptiennes, le
système juridique palestinien fait peu de cas du sort des
femmes. "Lorsque
nous demandons à l'autorité palestinienne de réagir,
déclare Hanan Abu-Ghoush, on
nous rétorque qu'il
faut déjà régler le conflit, les problèmes
économiques... les femmes ne sont pas la priorité."
Judith Korber,
Métro, 25 octobre 2005
Amnesty International a lancé une campagne mondiale "Halte à la violence contre les femmes". Pour en savoir plus : http://web.amnesty.org/ actforwomen/index-fra |