Pénurie d'essence en Cisjordanie

Conséquence de la suspension des aides à la Palestine et du versement des taxes douanières, une pénurie d'essence s'abbat sur la Palestine, pénurie qui s'ajoute à celle des médicaments et au non-paiement des salaires des salariés de la fonction publique. Et bien entendu, comme les embargos décidés hier par les puissances impérialistes contre l'Irak ou la Serbie, c'est la population, et en particulier les classes populaires, qui paie le prix de cette situation. Les dirigeants du Hamas, eux, ne souffrent pas du manque de produits de premières nécessité... au contraire, cette misère croissante renforce le rôle des organisations caritatives islamistes et offre ainsi au Hamas la possibilité d'accroître son influence.

Retour Page d'Accueil

L’essence commence à faire défaut en Cisjordanie après une décision de l’entreprise israélienne qui jouit de l’exclusivité de la distribution dans le territoire de cesser ses approvisionnements, faute d’être payée.
Moudjahid Salamaeh, directeur général de l’Agence pétrolière palestinienne, a déclaré hier que l’Autorité autonome ne disposait pas de réserves de carburant et que dès lors essence et gaz manqueraient dans les 24 heures. Les automobilistes écument la Cisjordanie pour trouver les rares stations-service disposant encore d’un peu d’essence et de longues files d’attente se forment devant elles. Mais le carburant est rationné (23 dollars par véhicule).
« Je n’ai plus que du super 96, mais il n’y en aura plus d’ici à deux heures », témoigne Souheïl Djaber, propriétaire d’une station-service à Ramallah.
Dans la même ville, Husseïn Moukbel assure avoir suffisamment d’essence pour faire tourner son taxi pendant 24 heures, mais s’interroge sur la suite. « Après, je vais le garer, éteindre le contact et attendre à la maison. Mais comment vais-je nourrir ma famille ? »
Dans la bande Gaza, bien plus pauvre que la Cisjordanie, l’essence reste disponible, mais si chère que des centaines de véhicules ont été illégalement transformés afin de pouvoir fonctionner au gaz.
La pénurie de carburant est de nature à aggraver encore la crise économique et sociale provoquée par le blocus financier décrété par les pays occidentaux lors de l’accession au pouvoir du Hamas, en mars.
« On va vers une catastrophe économique. De nombreuses usines, boulangeries et transporteurs vont mettre la clé sous la porte », se lamente Salameh.

Près de 100 millions de dollars d’impayés
La compagnie israélienne Dor Alon, distributeur exclusif d’essence et de gaz domestique aux autorités palestiniennes, a interrompu ses approvisionnements en arguant de ses factures impayées. Les arriérés dus au fil des ans à Dor Alon frisent désormais les 100 millions de dollars. Mais Salameh estime que l’entreprise reprendrait ses approvisionnements si l’Autorité palestinienne s’acquittait d’au moins un quart de cette dette.
Le blocus financier occidental, qui vise à contraindre le Hamas à traiter avec Israël, a été aggravé par le boycottage des banques arabes, menacées de sanctions américaines si elles traitent avec les nouvelles autorités palestiniennes. En conséquence, les 165 000 fonctionnaires de l’Autorité palestinienne n’ont pas été payés en mars et en avril.
Et Israël continue depuis trois mois à bloquer le reversement des quelque 55 millions de dollars de taxes et droits de douane qu’il perçoit au nom de l’Autorité palestinienne. Selon Salameh, 40 % de ces revenus étaient consacrés à la facture énergétique présentée par Dor Alon.

L'Orient le Jour, 11 mai 2006