L’essence commence
à faire défaut en
Cisjordanie après une décision de l’entreprise
israélienne qui jouit de
l’exclusivité de la distribution dans le territoire de cesser
ses
approvisionnements, faute d’être payée.
Moudjahid
Salamaeh,
directeur général de l’Agence pétrolière
palestinienne, a déclaré hier
que l’Autorité autonome ne disposait pas de réserves de
carburant et
que dès lors essence et gaz manqueraient dans les 24 heures. Les
automobilistes écument la Cisjordanie pour trouver les rares
stations-service disposant encore d’un peu d’essence et de longues
files d’attente se forment devant elles. Mais le carburant est
rationné
(23 dollars par véhicule).
« Je n’ai plus que
du super 96, mais il
n’y en aura plus d’ici à deux heures », témoigne
Souheïl Djaber,
propriétaire d’une station-service à Ramallah.
Dans la même ville,
Husseïn Moukbel assure avoir suffisamment d’essence pour faire
tourner
son taxi pendant 24 heures, mais s’interroge sur la suite. «
Après, je
vais le garer, éteindre le contact et attendre à la
maison. Mais
comment vais-je nourrir ma famille ? »
Dans la bande Gaza, bien
plus
pauvre que la Cisjordanie, l’essence reste disponible, mais si
chère
que des centaines de véhicules ont été
illégalement transformés afin de
pouvoir fonctionner au gaz.
La pénurie de
carburant est de nature à
aggraver encore la crise économique et sociale provoquée
par le blocus
financier décrété par les pays occidentaux lors de
l’accession au
pouvoir du Hamas, en mars.
«
On va vers une catastrophe économique.
De nombreuses usines, boulangeries et transporteurs vont mettre la
clé
sous la porte », se lamente Salameh.
Près de 100 millions de
dollars d’impayés
La
compagnie israélienne Dor Alon, distributeur exclusif d’essence
et de
gaz domestique aux autorités palestiniennes, a interrompu ses
approvisionnements en arguant de ses factures impayées. Les
arriérés
dus au fil des ans à Dor Alon frisent désormais les 100
millions de
dollars. Mais Salameh estime que l’entreprise reprendrait ses
approvisionnements si l’Autorité palestinienne s’acquittait d’au
moins
un quart de cette dette.
Le
blocus financier occidental, qui vise à
contraindre le Hamas à traiter avec Israël, a
été aggravé par le
boycottage des banques arabes, menacées de sanctions
américaines si
elles traitent avec les nouvelles autorités palestiniennes. En
conséquence, les 165 000 fonctionnaires de l’Autorité
palestinienne
n’ont pas été payés en mars et en avril.
Et Israël continue depuis
trois mois à bloquer le reversement des quelque 55 millions de
dollars
de taxes et droits de douane qu’il perçoit au nom de
l’Autorité
palestinienne. Selon Salameh, 40 % de ces revenus étaient
consacrés à
la facture énergétique présentée par Dor
Alon.
L'Orient le Jour, 11 mai 2006
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