Une nouvelle fusillade meurtrière a
éclaté hier dans le sud de la bande de Gaza entre des
membres d’une bande criminelle et des policiers palestiniens, qui
avaient précédemment bloqué le
poste-frontière de Rafah en direction de l’Égypte
après la mort d’un des leurs, la veille, dans un incident
similaire.
Un adolescent de 14 ans, qui tenait un
étal de marchandises près d’un commissariat de Rafah, a
été tué au cours de cet échange de tirs,
survenu exactement au même endroit que les affrontements de la
veille. La fusillade de jeudi a coûté la vie à un
policier. Ses collègues, appuyés par des membres
armés du Fateh, ont protesté hier en bloquant
provisoirement le poste-frontière de Rafah, dont l’ouverture en
novembre était censée permettre à
l’Autorité palestinienne de prouver ses capacités
à se muer en État indépendant. Des témoins
ont rapporté que les policiers et les hommes armés du
Fateh, le mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas,
avaient refoulé voitures et voyageurs se présentant
à la frontière vers l’Égypte. Ce mouvement de
force a poussé les observateurs européens chargés
de surveiller le transit à Rafah à se retirer
provisoirement du point de passage, déclaré fermé.
L’Autorité palestinienne est parvenue à disperser les
manifestants au bout de plusieurs heures et, une fois le calme revenu,
les observateurs de l’UE ont repris position et rouvert le
poste-frontière à 15h15 (13h15 GMT).
La bande de Gaza semble progressivement
plonger dans le chaos depuis le retrait en septembre de l’armée
israélienne après 38 années d’occupation. La lutte
de pouvoir opposant la police, les bandes criminelles et les factions
impliquées depuis septembre 2000 dans l’intifada gagne en
intensité à l’approche des élections
législatives du 25 janvier. Ces tensions sont accentuées
par les divisions internes au Fateh, dont la domination sur la vie
politique palestinienne est menacée par le Hamas, bien
implanté à Gaza, à l’occasion des prochaines
législatives. En outre, l’« accalmie »
observée tant bien que mal depuis le mois de mars par les
groupes radicaux doit prendre fin aujourd’hui.
D’autre part, les trois otages
britanniques enlevés mercredi dans la bande de Gaza ont
été libérés hier soir, a annoncé
à l’AFP le député palestinien de Gaza, Kamal
ach-Charafi. Ce dernier est le directeur du centre al-Mezan pour les
droits de l’homme où travaille Kate Burton, 24 ans, l’une des
otages, enlevée mercredi avec ses parents à Rafah, au sud
de Gaza, près de la frontière égyptienne. M.
ach-Charafi avait indiqué plus tôt à l’AFP
espérer que les trois otages britanniques seraient
libérés « dans les prochaines heures », au
moment où la chaîne de télévision Sky News
annonçait à Londres leur libération.Dans le nord du territoire, l’artillerie
israélienne a repris hier ses tirs sur la « zone interdite
» qu’elle a décrétée mercredi en vue
d’empêcher des tirs palestiniens de roquettes, a annoncé
vendredi un porte-parole militaire.
Par ailleurs, le mouvement radical
palestinien Jihad islamique a revendiqué hier l’attentat-suicide
qui a coûté jeudi la vie à un soldat
israélien et deux civils palestiniens dans le nord de la
Cisjordanie.
Ils ont annoncé que l’attentat
avait été mené par Souheib Ibrahim Ajami, 19 ans,
membre des brigades al-Qods, la branche armée du Jihad.
L'Orient le Jour
(Journal Libanais, 31 décembre 2005)
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