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Déclaration
du PCI suite aux élections à la Knesset
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Avocat, membre du Parti communiste israélien, élu député sur la liste du Hadash, Dov Hanin s’inquiète de la montée de la droite raciste. Il indique ses priorités d’action. Entretien. Jérusalem, envoyé spécial. Quelle analyse faites-vous des élections législatives qui viennent de se dérouler, de manière générale et pour le Front démocratique pour la paix et l’égalité (Hadash) en particulier ? Dov Hanin. Ces élections ont montré la crise que traverse la politique israélienne : le taux d’abstention est chaque fois plus élevé et il atteint maintenant les 40 %. Il y a eu un grand nombre de votes de protestation sociale avec, par exemple, les 7 sièges à la liste des retraités mais aussi vers le Parti travailliste et même le Shas (séfarade orthodoxe). De la même manière, la chute du Likoud est une résultante de cette protestation sociale. Il a ainsi perdu sa base traditionnelle dans les zones juives pauvres. La protestation sociale est bien sûr un signe positif mais, d’un autre côté, il faut remarquer la montée d’une aile droite raciste en Israël qui s’est manifestée par le score du parti de Lieberman qui a obtenu 11 sièges. C’est aussi le cas de l’Alliance nationale (9 sièges). Il faut ajouter le Likoud qui, malgré ses pertes, dispose encore de 12 députés. Tous ces partis ont adopté, d’une manière ou d’une autre, l’idée de la droite traditionnelle d’expansionnisme couplée à celle, plus nouvelle, d’un racisme juif, un racisme anti-arabe. Pour Hadash, ces élections sont un succès. Au lieu des deux députés dans la Knesset précédente, nous en aurons maintenant trois. Ce sera une représentation juifs-Arabes. Nous nous sommes présentés à ces élections sous notre propre bannière, sans alliance avec d’autres formations. Ce qui nous a permis et nous permet de mettre en avant nos valeurs socialistes et nos critiques sociales en même temps que notre programme politique. Nous avons obtenu 86 000 voix, ce qui est un bon résultat. Nous avons progressé particulièrement dans le vote juif, ce qui est une bonne chose. Quelle sera votre attitude à la Knesset ? Dov Hanin. Nous serons probablement dans l’opposition parce que nous n’acceptons pas la politique unilatérale d’Olmert vis-à-vis des Palestiniens. Nous soutenons une politique de dialogue et de négociations entre Israël et l’OLP dirigée par Abou Mazen (Mahmoud Abbas) et nous nous prononçons pour une paix basée sur l’idée de deux États pour deux peuples, avec la ligne verte (la ligne de 1967) comme frontière de paix entre Israël et la Palestine. Mais nous serons également dans l’opposition en ce qui concerne la politique socio-économique qu’Ehud Olmert va mettre en place, une politique qui sera au service du grand capital israélien. Ne pensez-vous pas que certaines choses peuvent changer avec la participation des travaillistes et d’Amir Peretz dans un gouvernement ? Dov Hanin. Si les travaillistes participent au gouvernement d’Olmert, ils feront quelques petits changements. Mais l’agenda du prochain gouvernement ne sera pas celui d’Amir Peretz mais bien celui d’Olmert. Comment Hadash entend rassembler des forces pour mener des luttes, que ce soit sur le front de la paix ou sur celui de la question sociale ? Dov Hanin. Les principaux fronts que nous voulons développer concernent d’abord les forces qui s’investissent sur les questions économiques et sociales, par exemple pour mener des luttes afin que le salaire minimum soit relevé. Le deuxième front vraiment important est celui contre le racisme et pour la protection de la démocratie. Ce qui signifie, dans le contexte israélien, avant tout la protection des citoyens arabes d’Israël. Entretien
réalisé par P. B., L'Humanité, 6 avril 2006
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