Elections en Israël :
Communiqué du Parti Communiste Israélien

Le Parti Communiste Israélien (MAKI en hébreux) n'est plus, comme tous les PC du monde aujourd'hui, un parti révolutionnaire, et on peut largement le critiquer pour son réformisme et son opportunisme. Il n'empêche que lors des récentes élections à la Knesset, la liste présentée par le PCI fut la seule liste judéo-arabe présentant, en plus de revendications démocratiques et pacifistes, un programme de défense du monde du travail. Bien sûr aussi, ce n'est pas  à la Knesset ou dans n'importe quel autre organe de l'Etat bourgeois, que la classe ouvrière remportera des victoires, mais dans les grèves et dans la rue. Il n'empêche que, selon la formule consacrée, les élections peuvent servir de thermomètre à un moment donné et que l'analyse faite par le PCI permet de donner quelques éléments sur la situation en Israël, pays qui, comme tous les pays de la planète, est divisé en classes. 

Voir aussi :
Entretien avec un député communiste dans l'Humanité
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pciGrâce au travail dévoué des membres PCI et de ses organes, de ses partenaires du Front Démocratique pour la Paix et l’Egalité (FDPE), d’étudiants et de jeunes, la liste FDPE aux élections de la Knesset a eu 86.000 voix d’Arabes et de Juifs, et ce dans des conditions difficiles, ce qui lui a permis d’augmenter sa représentation à la Knesset, passant de 2 à 3 députés (sur 120).

Cette 17ème campagne électorale à la Knesset a été marquée par une forte réduction du pourcentage des votants, passant de 68% à 63% de participation, et de 58% à 56% chez les électeurs arabes. Cette diminution de la participation est l’expression de l’augmentation du manque de confiance de l’opinion dans l’actuel système politique. L’augmentation du nombre de citoyens qui montrent leur apathie ou leur manque de confiance dans la possibilité de changement par le biais des élections met en évidence la faiblesse du système démocratique israélien.

Les résultats des élections montrent aussi que les partis qui ont levé le drapeau de l’opposition à l’évacuation des colonies et du retrait des territoires occupés, le Likoud et Ichoud Le’oumi (« unité nationale ») ont souffert d’un fort recul. L’échec de ces partis indique encore une fois que la majorité de la population israélienne est favorable à un retrait des territoires occupés et à l’évacuation des colonies. Les partis qui sont apparus (d’une façon ou d’une autre) favorable au retrait ont eu une claire majorité lors de ces élections.

Les résultats de ces élections ont aussi mis en évidence le renforcement de la critique de la politique sociale et économique. Le parti Avoda (travaillistes) a fait l’essentiel de sa campagne sur les questions sociales ; le Shas (Parti religieux Sépharade) a appelé l’opinion publique à une « révolution sociale » ; le Parti des Retraités a été perçu comme un parti social à cause de ses candidats et de son message. Ces trois partis ont reçu le soutien d’un tiers de l’électorat.

Mais alors que sur le plan social et politique les résultats de ces élections montrent un rejet croissant des politiques sociales néo-libérales et de l’occupation, sur la question des droits humains et de l’égalité, la situation s’est dégradée. 270.000 voix sont allée à Lieberman et sa liste « Israël Beiteinou » (Israël, notre maison) qui présente une plate-forme raciste et anti-arabe, et 24.000 voix sont allée au parti raciste Kahama. Avec le Likoud et Ichoud Le’oumi, deux partis nationalistes extrémistes, le bloc raciste a eu 800.000 voix.

La complexité des résultats électoraux est aussi apparente avec le fort soutien pour le parti Kadimah, qui a présenté un programme politico-économique et une liste de candidats avec d’obscures différences politiques et qui s’est présenté comme un parti de « l’union nationale ». Ce parti, qui symbolise la « fin de la politique » (en incluant d’anciens dirigeants du Likoud et d’Avoda) a attiré les suffrages du parti centriste Shinui, aujourd’hui complètement désintégré. Actuellement, il est totalement clair que Kadimah n’est pas une solution à la crise, mais l’expression de la profondeur de cette crise.

Depuis les résultats des élections, on peut voir qu’une coalition dirigée par Ehud Olmert, le leader du Likoud, va bientôt être formée et continuera la politique de Sharon dans tous ses aspects : l’annexion des blocs de colonies de Cisjordanie où est localisée la majorité des colons, et va de façon terrible bloquer le chemin vers la paix ; continuité de l’oppression brutale du peuple palestinien et des actions unilatérales, qui nient le rôle du peuple palestinien dans la recherche d’une solution et font de la situation dans les territoires occupés une question interne israélienne ; maintien de la politique conservatrice des privatisations, réduction des dépenses sociales et renforcement de la polarisation de classe. Nous mettons, en avance, en garde contre les désastres que le gouvernement Olmert va infliger à la fois aux Israéliens et aux Palestiniens.

La liste FDPE a mené campagne aux élections de la Knesset dans des conditions qui pouvaient, sur certains aspects, être favorables, comme l’expression par la population d’une volonté du retrait des territoires occupés et son opposition à la politique de casse sociale. Mais, elle a dû faire face à la barrière du nationalisme et du racisme au sein de l’électorat juif et à la barrière du désespoir tant chez les Juifs que chez les Arabes.

En tant que seule liste judéo-arabe de gauche, les communistes et leurs partenaires de la liste FDPE ont du faire face, lors de ces élections, au nationalisme juif et aux pressions faites sur les électeurs arabes par les partis de l’establishment. Dans les secteurs arabes, la liste FDPE a eu deux listes rivales. L’une d’entre elles, le Mouvement Islamique, avec une plate-forme religieuse, la seconde (l’Alliance National-Démocratique de Bishara) avec une plate-forme arabe mono-nationale.

Les résultats de ces élections montrent que dans ces conditions, qui n’étaient pas faciles, nous avons obtenu un gain important. Nous avons avec succès contre-carrer la génération du désespoir et de la frustration qui cherchait à nier l’influence politique des Arabes sous prétexte de vote « pour l’intérêt national ».

Nous considérons que le Comité Central du MAKI et le Conseil du Parti ont pris les décisions stratégiques correctes en soulignant l’importance de la participation à ces élections avec une liste qui reflétait son potentiel électoral et dont la composition assurerait la formation d’une faction judéo-arabe à la Knesset. Nous affirmons que le respect de ces principes a été une source de force et non de faiblesse, pour le FDPE. Cette ligne adoptée par les organes du FDPE et affirmé pendant les élections fait qu’il y aura une faction judéo-arabe dans la 17ème Knesset composée de Mohamed Barake, Hana Swed et Dov Khenin.

Encouragé par les résultats aux élections à la Knesset, le Parti Communiste fera des efforts particuliers pour établir un large front judéo-arabe pour la défense de la démocratie en Israël et contre les politiques du racisme et de discriminations ; pour développer son activité dans la défense des intérêts quotidiens des travailleurs, des femmes et des jeunes ; pour renforcer l’organisation du Maki et développer sa base populaire.

Il est de notre responsabilité historique d’être à l’avant-garde du camp de la paix et de l’égalité, du camp de la justice sociale et environnementale, du partenariat dans la lutte entre Juifs et Arabes, qui est depuis toujours et reste l’esprit vivant du Parti Communiste Israélien.

Bureau  Politique du Parti Communiste Israélien,  avril 2006
Site du PCI (essentiellement en hébreux) : MAKI