Palestine . Un incident armé a opposé la police palestinienne déployée à Gaza sur ordre du président Abbas aux forces du Hamas. Vingt-quatre heures à peine après que le gouvernement Hamas a déployé sa propre force de police dans les rues de Gaza, un premier incident a eu lieu jeudi tard dans la soirée à Gaza. Selon des témoins, des membres de la force du Hamas constituée d’éléments issus des Brigades Ezzedine al Kassam, ont encerclé le principal poste de police de Gaza avant que n’éclatent des coups de feu, faisant quatre blessés, dont deux policiers palestiniens. « Cela a commencé par de violents échanges verbaux, puis ça a dégénéré en fusillade », rapporte un témoin cité par Reuters. Après l’affrontement ayant opposé dans un passé récent des membres du Fatah à des éléments armés du Hamas, au cours duquel deux islamistes ont été tués, il s’agit du premier incident depuis la création de cette force paramilitaire islamiste et son déploiement par le ministre de l’Intérieur (Hamas), Saïd Seyam. Il intervient également après que le président Mahmoud Abbas a ordonné le renforcement de la présence des services de sécurité contrôlés par son parti, le Fatah, à Gaza. L’Autorité palestinienne entend faire contrepoids à la volonté du Hamas de se doter de sa propre police et, partant, d’imposer son pouvoir sur l’État palestinien. « Aucune force de police ne peut être formée sans l’ordre et l’approbation explicite du président Mahmoud Abbas » et « la coexistence de deux forces chargées de maintenir l’ordre et la sécurité à Gaza est intenable », a fait savoir un communiqué de la présidence palestinienne. Il est un fait que depuis la victoire du Hamas aux élections législatives et la mise en place d’un gouvernement islamiste, les tensions entre les deux principales composantes de la résistance palestinienne n’ont cessé de monter. L’existence d’une dualité de pouvoir au sommet de l’Autorité palestinienne se traduisant sur le terrain par l’existence de deux forces sécuritaires partisanes, risque à terme de mener vers de nouveaux affrontements. Depuis quelques jours, on assiste à des face-à-face tendus entre le Hamas et le Fatah dans de nombreuses localités. Jeudi après-midi, une manifestation organisée par le Fatah et les mouvements de gauche palestiniens rassemblant plus de 1 500 personnes avait eu lieu à Gaza avec pour mots d’ordre : « Non au chaos sécuritaire, non aux milices, oui à la loi. » À Tulkarem, en Cisjordanie, c’est le vice-premier ministre du gouvernement Hamas, Nasseredinne Al Chaër, qui a été pris à partie par une manifestation organisée par le Fatah où des coups de feu ont été échangés de part et d’autre, mais sans faire de victimes. L’accroissement de ces tensions fait craindre à de nombreux secteurs de la population une guerre civile souhaitée ouvertement par certains dirigeants israéliens, guerre civile à laquelle poussent indirectement l’UE et les États-Unis quand ils pressent Mahmoud Abbas de mettre au pas le Hamas alors que, par ailleurs, le gouvernement d’Ehud Olmert poursuit impunément la construction du mur de séparation entre les deux peuples, annexant au passage de larges pans de territoires palestiniens. Hassane Zerrouky,
L'Humanité, 20 mai 2006
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