Palestine . Une bombe a blessé ce week-end le chef des renseignements palestiniens, proche du président Mahmoud Abbas. Une attaque à la bombe et un attentat avorté ont exacerbé ce week-end les tensions entre les partisans du Fatah, du président Mahmoud Abbas, et ceux du parti au gouvernement, Hamas. Samedi, une explosion a visé le chef des renseignements palestiniens, Tarek Abou Rajab, proche d’Abbas, qui a été blessé et dont un garde du corps a été tué. Et hier, une bombe a été découverte près du domicile, à Gaza, de Rachid Abou Chabak, chef de plusieurs services de sécurité qui est, lui aussi, un lieutenant du président palestinien. L’engin de 70 kilos a pu être désamorcé. Pour l’entourage de Mahmoud Abbas, il ne fait aucun doute que ces bombes ont été placées à la demande du Hamas. Les services de sécurité estiment que l’attaque qui a blessé Tarek Abou Rajab était une « tentative d’assassinat ». Le gouvernement du Hamas a, lui, appelé à ne pas formuler d’« accusations hâtives ». Hier, un groupe inconnu se réclamant d’al Qaeda a revendiqué l’attentat de samedi. Cette « organisation d’al Qaeda du djihad en Palestine » en a profité pour menacer d’autres dirigeants du Fatah, dont Abbas. Cette revendication n’a pas convaincu les services de renseignements du Fatah qui, selon Haaretz, accusent encore les éléments radicaux du Hamas. La menace d’une guerre civile semble peu à peu prendre corps. Déjà, les moyens mis en oeuvre se sont accrus : de simples tirs sporadiques, les groupes armés sont passés jeudi à la bataille rangée, puis ce week-end à la bombe. La crainte des observateurs est maintenant que les heurts, jusque-là cantonnés à la bande de Gaza, s’étendent à la Cisjordanie. Certains militants sont visiblement prêts à en découdre : des centaines de partisans armés du Fatah ont manifesté hier à Gaza pour se porter volontaires dans les forces de sécurité. Tandis que du côté du Hamas les membres de la nouvelle milice progouvernementale - dont le déploiement massif jeudi avait mis le feu aux poudres - sont omniprésents dans les rues de Gaza. En marge de ces affrontements interpalestiniens, une femme a été tuée hier dans un camp de réfugiés de Cisjordanie par des soldats israéliens qui se disaient à la poursuite d’hommes armés. P. F., L'Humanité, 22 mai 2006 |