Le droit d’être
protégée
contre la violence
Par Randa Siniora
Extraits de “Le statut
légal et social de la femme palestinienne, une analyse des
lacunes utilisant le CEDAW comme référence”
Autres
extraits du rapport disponibles sur le site :
- Les droits familiaux
Comme toutes les sociétés
du monde, la société palestinienne souffre du
problème de la violence contre
les filles et les femmes, cette violence qui est solidement
basée sur le genre
et qui est directement dirigée contre les femmes. Cette violence
peut prendre
différentes formes et être de différents
degrés, avec des dimensions
psychologiques, physiques, sexuelles, économiques et politiques.
Cela peut être
les coups ou l’humiliation physique, la terreur psychologique ou les
agressions
verbales. Cela peut également être le harcèlement
sexuel ou les agressions
sexuelles, l’inceste, le viol, les meurtres ou fémicides (aussi
connus sous le
nom de crimes « d’honneur »).
Cette
partie du rapport
traite du rapport entre la violence politique et sociale dans la
société
palestinienne et la façon dont ces formes de violences
interfèrent avec
d’autres. Il y est aussi question des formes que prend la violence
directement
dirigée contre les femmes tant à l’intérieur de la
société que dans les
familles, tout comme une description de la législation et des
politiques (dont
la législation criminelle) relatives au problème de la
violence, législation et
politique qui discriminent clairement les femmes.
Une
partie séparée de
cette section est dédié à une analyse basée
sur la CEDAW sur les lacunes de la
société palestinienne par rapport à la violence
contre les femmes. Cette
section se conclue avec un certain nombre de recommandations sur la
question de
la violence sexiste. Ces recommandations incluent une campagne de prise
de
conscience pour changer les stéréotypes et valeurs, ainsi
que les comportements
sociaux qui consolident l’infériorité de la femme. Ces
recommandations incluent
également une série de mesures pour les dirigeants
politiques afin d’adopter
une législation qui protège les femmes battues,
défende leurs droits, et
développe des programmes de formation pour les juristes afin
qu’ils sachent
mieux comment faire face aux cas de violences sexuelles et sexistes.
D’autres
recommandations concernent ceux qui font les lois afin qu’ils
élaborent une
stratégie pour garantir la protection des femmes battues,
protection basée sur
l’égalité, la non-discrimination et le respect des droits
humains des femmes.
Un
point important sur les
informations concernant la violence contre les femmes : si on
prend en
considération la question et la culture de la
« honte » et de la
« couverture » qui prévaut dans la
société palestinienne, les chiffres
et statistiques démontrent que le problème de la violence
sexiste existe.
Cependant, les chiffres ne reflètent pas nécessairement
l’étendue du problème
puisque les valeurs culturelles traditionnelles palestiniennes voient
la
violence comme une affaire « privée et
familiale ». C’est pour cela
que les statistiques officielles ne reflètent pas
nécessairement la gravité du
problème.
Les statistiques et
chiffres disponibles indiquent les faits suivants :
1. Féminicides ou crimes
« d’honneur » :
Chaque
année, plusieurs filles et femmes sont soit assassinées
soit condamnées à mort
pour avoir terni « l’honneur » de la famille. Ces
crimes sont la
manifestation de valeurs culturelles anciennes qui imposent aux femmes
un
comportement social dérivé des normes et standards
dominants patriarcaux. La
transgression de ces normes par les femmes n’est pas
tolérée afin de préserver
« l’honneur » de l’homme ou de la famille
(c’est-à-dire l’intérêt des
mâles). « L’honneur » est principalement
lié au comportement, ou plus
exactement à la perception du comportement, des filles et
femmes, et le degrés
avec lequel elles sont perçues comme acceptant les normes
comportementales des
femmes dans la société. Toute transgression
confère à un homme référent (père,
frère, mari, oncle, etc.) le droit de
« discipliner » la femme pour
« rétablir l’honneur » de la famille.
Cette
restauration de
l’honneur peut parfois prendre la forme de l’assassinat des femmes
considérées
comme étant socialement déviantes.
Voici quelques
chiffres
disponibles sur cette question :
-
38 cas de
fémicides ont été
reconnus entre 1996 et 1999, 12 en Cisjordanie et 26 à Gaza.
L’âge moyen des
femmes assassinées était compris entre 20 et 30 ans. Ces
meurtres ont tous été
commis par des proches (membres de la famille au premier degrés)
comme les
pères, frères et oncles.
-
Une étude
clinique sur les
fémicides indique le chiffre de 69 cas de meurtres entre juin
1997 et novembre
1999. (…) 85% de ces meurtres concerne des femmes seules,
non-mariées (53,6%
concernent des femmes célibataires, 13,1% des femmes
mariées ou divorcées,
11,6% des femmes abandonnées et 7,5% des filles
fiancées). L’étude montre 80%
des cas étudiés sont des adolescentes, 37,9% avaient
entre 14 et 20 ans et
42,3% entre 15 et 30 ans.
-
Le
fémicide est aussi lié à
d’autres formes de violences. Les informations disponibles montrent
qu’un grand
nombre de femmes qui ont été condamnées à
mort ou tuées étaient aussi victimes
de viols ou d’agressions sexuelles dans la sphère domestique
(inceste). Dans
d’autres cas, les femmes ont été victimes de rumeurs
non-fondées ni vérifiées
concernant leur comportement. Dans ces cas-là, les femmes ont
été littéralement
incarcérées chez elles sans pouvoir continuer à
avoir une vie normale
(scolarité ou travail). Elles doivent alors subir des violences
physiques et
verbales, et, plus dangereux, risquent la mort. Leur droit à la
vie et à la
sécurité de leur personne sont
délibérément violés.
-
Malheureusement,
la
législation criminelle actuelle ne considère pas les
crimes
« d’honneur » de façon sérieuse.
Une revue des textes législatifs
indique une flagrante discrimination basée sur le sexe. Un bon
exemple est le
texte de la loi jordanienne n°16 de 1960 concernant le
féminicide. Cette loi
comporte une clause parlant de « circonstances
atténuantes »qui peut
éviter au coupable d’être puni si celui qui a commis un
crime d’honneur peut
démontré qu’il a découvert que la victime (sa
femme ou une femme de sa famille
proche) a commis un adultère. Sur la base de cette loi, un homme
peut tuer ou
blesser une femme suspectée dans la plus totale impunité.
D’autres actes
violents sont également justifié pour tout homme
« qui trouve sa femme,
une femme de sa famille, ou sa sœur dans un lit ayant des relations
sexuelles
illicites avec quelqu’un » (Article 340 de la même
loi).
2. Violence familiale contre des femmes
célibataires.
La plupart des
chiffres
sur les violences familiales contre des femmes non-mariées sont
basées sur les
cas rendus publiques par les ONG palestiniennes, et en particulier les
centres
de femmes qui apporte assistance et conseils légaux, sociaux et
psychologiques
pour les femmes victimes de violences. Il n’y a ni chiffres ni
statistiques
officiels sur cette question. Cependant, les informations disponibles
sont les
suivantes :
-
La
Société pour la Défense de
la Famille a reçu 525 situations entre 1996 et 1998 : 300
situations de
violences psychologiques, 99 situations liées aux violences
sexuelles et 126
cas de violences physiques.
-
Pendant la
même période, le
Projet pour la Santé Mentale de Gaza a traité 129 cas
liés à des coups et à des
humiliations verbales et psychologiques : 29 filles étaient
privées
d’éducation ou de travail, et 29 victimes de harcèlement
sexuel.
-
Les chiffres de
la WCLAC
indiquent que 546 situations ont été traitées pour
la seule année 1999 :
75% des femmes qui demandaient de l’aide avaient entre 16 et 35 ans.
Elles
étaient victimes de violences sexuelles, physiques et
psychologiques ; 30%
des situations concernaient des femmes ou filles vivant chez leurs
parents.
3.
Agressions sexuelles
dans la famille (inceste)
Le problème de l’inceste
est une question dérangeante qui a commencé à
être pris en compte pendant la dernière
décennie, en particulier par les
centres pour femmes. Les chiffres non officiels confirment que la
plupart des
agressions sexuelles contre les filles et les femmes ont lieu dans le
contexte
familial et commises par des hommes de la famille la plus proche. Selon
les
chiffres publiés par la Société des Femmes
Travailleuses, 75% des cas
d’agressions sexuelles sont perpétrées par des hommes
comme les pères, frères
ou oncles. Dans une proportion moindre, les coupables sont des
instituteurs,
des voisins, des chauffeurs de taxi et autres.
-
Ce
problème n’est pas limité à
un secteur particulier ou à une classe sociale
spécifique. Les jeunes filles
sont plus exposées que les autres aux agressions sexuelles dans
la famille, en
particulier les filles ayant entre 4 et 13 ans.
-
Les statistiques
sur les
mineurs qui ont reçu une aide par les sociétés de
charité affiliées au
Ministère des Affaires Sociales indiquent 41 situations suite
à des
« agressions indécentes » en Cisjordanie
et 39 cas à Gaza. Le terme
« agressions indécentes », tel qu’il est
défini par la loi, comporte
les agressions sexuelles commis à la fois contre les filles et
contre les
garçons. Il faut bien faire attention que ces chiffres ne
reflètent pas
forcément l’ampleur du problème, mais juste les
situations traitées par les
sociétés de charité. De plus ces chiffres ne
reflètent pas la gravité du
problème en distinguant les femmes et filles à cause du
manque d’intérêt et de
sensibilité concernant les questions de genre.
-
Le
problème est renforcé à
cause de l’absence de politique officielle et de procédures
concernant
l’inceste et le manque de programme de prévention ou
thérapeutiques ou de
stratégies effectives de travail afin de traiter le
problème.
-
La
discrimination de genre est
là aussi intégrée à la législation
criminelle en vigueur, puisque les crimes de
viol, d’agression indécente et d’inceste tombent tous dans la
catégorie des
« crimes contre la morale et
l’éthique publiques», et non dans celle
des « crimes contre les personnes ». Les
sentences sont généralement
moins sévères pour les crimes contre le public que pour
les crimes contre les
personnes. Par exemple, les articles 285 et 286 du Code Pénal
Jordanien prévoit
des peines de deux à trois ans de prison pour les
« cimes contre la morale
et l’éthique publiques ». Cela ne permet ni de
condamner les coupables ni
d’indemniser les victimes, et en ce qui concerne l’inceste (…)
l’article 286
stipule : « Les actions incestueuses ne peuvent
être pourchassées que
suite à une plainte d’un homme de la famille ou de la famille
par alliance,
jusqu’au 4ème degrés ». En d’autres
termes, ni la victime, ni
aucune femme de sa famille, comme sa mère, ne sont
autorisées à porter plainte
en cas d’inceste. De plus, même si l’inceste est classé
comme « crime
contre la morale et l’éthique publiques », il n’est
pas question pour ces
cas de « droits collectifs », si bien que des
personnes morales,
comme les organisations de femmes, ne peuvent pas intenter d’actions en
justice.
4. Viols
Les statistiques sur le
crime publiées par le Bureau Central
des Statistiques indiquent pour 1998 un nombre de 115 cas de viols ou
tentatives de viols dans les territoires palestiniens, don’t 85% en
Cisjordanie
et 30 cas dans la Bande de Gaza. Les mêmes statistiques indiquent
un nombre de
4.978 cas rapportés « d’agressions
morales » dont 3.180 en
Cisjordanie et 1.738 dans la Bande de Gaza. La définition de
« l’agression
morale » n’est pas claire, elle peut signifier le
harcèlement sexuel et
d’autres actes similaires et peut inclure des agressions à la
fois contre les
hommes ou contre les femmes. Il est difficile d’analyser ce chiffre
à cause de
l’absence d’intérêt sur les question de genre.
-
Selon
les sources de la sécurité Palestinienne, le
phénomène de l’enlèvement et du
viol est en augmentation dans la société palestinienne,
en particulier dans la
zone occupée de Jérusalem-Est. Pour le seul mois de
janvier 1998, par exemple,
il y a eu 9 cas connus à Jérusalem, dont sept qui ont
impliqué un viol de
filles mineurs (entre 14 et 18 ans).
-
Les
corps officiels n’ont pas de politiques et de procédures claires
sur comment
faire en cas de viols, de tentatives de viols ou d’agressions
sexuelles. Ces
cas sont souvent laissés à l’appréciation
individuelle, et, en plus, il n’y a
pas de programme pour augmenter la conscience ou former les gens
sensés faire
appliquer la loi. Les valeurs patriarcales traditionnelles prennent en
charge
de nombreuses situations qui sont jugés selon les lois tribales,
comme le
Moukhtar (Conseil de Tribu), ou entre les membres de la famille
élargie, qui
cherchent à résoudre les situations par la
réconciliation et la médiation,
cherchant avant tout à couvrir le crime afin de ne pas faire
« éclater » le scandale.
-
La loi
criminelle n’impose pas de peines effectives contre les coupables de ce
genre
de crimes. Le Code Pénal Jordanien impose au moins cinq ans de
travaux forcés
si l’agression est dirigée contre une femme célibataire
et la peine ne peut
être inférieure à 7 ans si la victime avait moins
de 15 ans. Mais la loi ne
considère pas qu’il s’agit de viol si un homme force sa femme
à avoir des
relations sexuelles avec lui contre sa volonté. Si une fille est
violée par un
des membres de la famille et si elle a moins de 18 ans, le coupable
doit être
condamné à de durs travaux forcés pendant une
durée de trois à cinq ans. Mais
ce texte ne garantit pas les mêmes droits pour la victime si elle
a plus de 18 ans.
Dans ce cas, il est demandé au juge d’estimer dans la plus
grande discrétion la
gravité du crime et d’imposer ensuite la sentence qu’il trouvera
appropriée.
Ceci est dangereux, puisque le patriarcat, le chauvinisme et les
stéréotypes
négatifs à l’encontre des femmes entrent en jeu dans de
nombreuses décisions
des juges, en particulier pour ce qui est de la peine.
-
De
plus, l’article 308 du Code Pénal Jordanien prévoit de
baisser la peine si le
coupable « conclut un contrat de mariage correct et
légal » avec sa
victime. En d’autres termes, la loi garantit au coupable une
possibilité
d’échapper à toute peine s’il se marrie avec sa victime.
Il est alors exempté
de toute peine, tandis que les intérêts de la victime, sa
santé mentale et sa
sécurité personnelle sont niés, et que les forces
sociales cherchent à
l’obliger à ce marier avec son bourreau.
-
Les
lois en application en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza ne
permettent pas
l’avortement, y compris après des viols ou incestes.
L’avortement est toujours
considéré comme un crime. Les quelques cas autorisant
l’avortement sont limités
aux situations où la vie ou la santé de la femme sont en
jeu. Il est important
ici de clarifier que par « santé », la loi
ne se réfère qu’à la santé
physique, et non pas à la santé psychologique, et ce avec
toute une série de
conditions et complications. De même, une femme battue ou sous la
menace d’un
crime « d’honneur » suite à un viol ou
à un inceste n’a pas le droit
légal d’avorter. Ces femmes ont alors à choisir entre
deux alternatives tout
aussi difficiles : d’avorter elles-mêmes le fœtus, avec tous
les risques
sérieux que cela comporte pour leurs vies et leur santé,
ou continuer une
grossesse et subir le poids social et psychologique d’une grossesse et
d’une
naissance « illégitimes ».
5. Femmes
battues :
Les valeurs culturelles
et populaires palestiniennes
consistent à considérer que les cas de violences
domestiques sont des questions
« familiales et privées » et que personne
ne doit y intervenir. Ces
cas sont fortement considérés comme devant être
hors de l’autorité générale de
l’Etat et l’opinion est que le gouvernement ne doit pas intervenir dans
la vie
privée des familles et le sanctuaires des foyers. C’est un des
obstacles clef
lorsque l’on est confronté à la violence domestique et
pour formuler des
stratégies pratiques pour y faire face. Les statistiques
officiels ne sont pas
un indicateur approprié sur la portée du problème,
particulièrement avec la
culture du silence qui prévaut dans la société
palestinienne et la conception
sociale qui consiste à blâmer la victime et à la
considérer comme responsable
de la violence de son mari, qu’ils s’agissent de violences verbales,
psychologiques, physiques ou économiques.
-
Le
Code temporaire du Statut Personnel Jordanien de 1976, en vigueur en
Cisjordanie garantit aux femmes battues le droit de demander le divorce
sur la
base de « conflits et désaccords » suite
à des coups portés par son
mari. Cependant, la femme battue doit pouvoir prouver les coups, ce qui
n’est
possible qu’en cas de violences physique. La femme est toujours tenue
de
montrer des bleus ou preuve physique des violences. La plupart des
juges, basés
sur les valeurs traditionnelles, ne reconnaissent pas les violences
verbales ou
psychologiques. De plus, les femmes battues peuvent rarement
bénéficier de la
loi à cause des pressions sociales d’un côté, de
l’application pratique de la
loi de l’autre, et de l’absence de ressources financières pour
payer les
avocats et le tribunal. La plupart des femmes sont entièrement
dépendantes de
leurs maris pour ce qui est des finances. (…)
Lacunes
principales :
Ce rapport
démontre clairement que les institutions
officielles de l’Etat, et particulièrement le Ministère
des Affaires Sociale et
la police, ne se préoccupent pas sérieusement de la
question des violences
contre les femmes. Les lacunes suivantes sont observées :
-
Absence
de politique et de procédures claires concernant les situations
de violences
basées sur le genre. La question est généralement
laissée à l’appréciation des
individus.
-
Les
départements de police sont pauvrement qualifiés pour
prendre les plaintes et
suivre les enquêtes sur les violences familiales. Les femmes
policiers
n’assument pas un rôle directe dans les cas des femmes battues et
les
enquêtrices ne placent pas toujours les intérêts de
la victime comme priorité
principale.
-
Manque
d’un programme spécial pour former les fonctionnaires sur les
questions de la
violence familiale et des violences contre les femmes. Et aussi, un
manque de
formation suffisante de la police pour les rendre capables de respecter
la loi
et les droits humains, tout comme pour renforcer leur conscience sur
les
questions de genre.
-
Manque
d’une adresse connue dans les bureaux aux affaires sociales pour
prendre en
compte les victimes de violences. Et aussi, manque d’une unité
spéciale de
femmes avec un plan stratégique pour faire face à ces
problèmes.
-
Le
rôle des services sociaux reste limité aux fonctions
basiques, c’est-à-dire
uniquement l’assistance matérielle et financière aux
femmes victimes de
violences. De plus, il n’y a toujours pas de programmes
éducatifs efficaces
pour aborder le problème et pour y faire front par un programme
clair et séparé
en coordination avec les autres ministères concernés
comme le Ministère de
l’Education, le Ministère de la Jeunesse et des sports, le
Ministère de la
Santé, etc.
-
Absence
d’une claire coopération de travail entre la police et le
Ministère des
Affaires Sociales sur la question de la violence entre les filles et
les
femmes. (…)
-
Non-existence
de foyers sûrs pour les femmes battues et celles menacées
de mort, et à cela
s’ajoute la résistance à l’ouverture de foyers sûrs
pour les femmes battues et
leurs enfants.
-
Manque
de formation des équipes de santé mentale et de
travailleurs sociaux pour les
rendre capables d’agir dans les cas de violences contre les femmes et
pour
renforcer leur sensibilité aux questions de genre,
d’égalité et de respect des
droits humains dans leur pratique professionnelle.
-
Absence
de législation pour protéger les femmes contre la
violence, ajoutée la
discrimination flagrante contre les femmes dans les lois en vigueur en
Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, en particulier la
législation criminelle
sur les questions de violences de genre.
-
Le
fait que les attitudes patriarcales prévalent dans l’appareil
judiciaire
palestinien rend difficile la protection des femmes victimes de
violence et les
empêche d’avoir droit à un accès équitable
à la justice. Il y a également un
manque de précédents, inscrits dans la jurisprudence, qui
permettraient la
protection des droits des femmes battues et des droits humains des
femmes.
Malheureusement, il y a une grande dépendance au tribalisme et
aux
réconciliations tribales dans les cas de violences à
l’encontre des femmes et
des filles.
-
La
prédominance de la culture de la « honte »
et du
« silence » dans la société
palestinienne. Aussi les valeurs
dominantes qui se manifestent dans les coutumes et traditions ne
compatissent
pas avec les femmes victimes de violence, mais blâment la victime
et
solidifient les distinctions entre les sexes qui placent la femme dans
une
position d’infériorité par rapport à l’homme.
-
Non-existence
d’études et de recherches sur la violence sexiste. De telles
études seraient
vitales pour contribuer à la mise en place de politiques et de
procédures pour
protéger les femmes battues.
-
Non-existence
d’indicateurs pour mesurer la gravité du problème dans la
société
palestinienne, ou de moyens pour déterminer la progression du
problème afin d’y
faire face.
Recommandations
:
1. Mise en place de
programmes de prise de conscience
éducatifs et sociaux pour contribuer à débattre du
problème et de ses aspects
négatifs, et qui aidera à changer les modes de
comportements sociaux
traditionnels dont les us et coutumes consolident
l’infériorité de la femme et
son statut de seconde classe par rapport aux hommes.
2. Conduire une campagne
de lobbying pour faire pression sur
les législateurs et décideurs palestiniens afin de les
pousser à adopter une
législation basée sur l’égalité et le
respect des droits humains des femmes, et
les presser de ratifier une loi pour protéger la famille.
3. Presser
l’Autorité Nationale Palestinienne et ses
structures officielles de mettre en place une politique publique claire
sur la
question de la violence contre les femmes, afin d’encourager les
services de
sécurité à prendre en compte ces questions comme
suit :
-
Etablir
des unités spéciales sur la questions de la violence
familiale dans les
commissariats. Préparer et former des fonctionnaires de police
féminins pour
traiter ces questions dans l’esprit des droits humains et avec une plus
grande
conscience sur les questions de genre.
-
Mise
en place de programmes de formations pour les fonctionnaires de la
justice pour
qu’ils exercent leurs professions en accords avec les principes des
droits
humains, de l’esprit de la loi et les sensibiliser aux questions des
femmes.
-
Mise
en place d’un mécanisme efficace de coordination qui
déterminera clairement le
rôle de chaque corps, dont le Ministère des Affaires
Sociales, tout comme les
autres ministères et établissements publics.
4. Demander que le Ministère des Affaires Sociales traite plus sérieusement la question de la violence contre les femmes selon ce qui suit :
-
Adopter
une ligne claire sur les politiques et procédures concernant la
violence de
genre.
-
Mettre
en place un programme thérapeutique pour aider les femmes
économiquement,
socialement et psychologiquement pour les réhabiliter et les
intégrer dans la
société. Ceci peut être fait en collaboration avec
d’autres ministères en particulier
pour ce qui est de l’aide pour trouver un emploi.
-
Ouverture
de « havres de paix » pour les femmes battues et
risquant la mort, en
coordination avec un appareil de sécurité
compétent, afin d’assurer la sécurité
et la sûreté de ces foyers. Travail enthousiaste pour
établir un havre de paix
en coopération avec les centres de femmes compétents.
-
Réhabilitation
et formation de travailleurs sociaux et d’experts en santé
mentale afin qu’ils
puissent s’occuper efficacement des femmes battues et victimes de
violences.
-
Mise
en place de programmes éducatifs et thérapeutiques afin
de faire face au
problème de la violence contre les femmes en coopération
avec les ONG
palestiniennes et en particulier avec les organisations de femmes.
-
Conduite
d’études et de recherches cliniques liées au
problème afin de trouver des
solutions pratiques et appropriées.
-
Mise
en place d’un mécanisme efficace entre le Ministère des
Affaires Sociales, la
police et le bureau du gouverneur sur la question des femmes battues en
coopération et en coordination avec les organisations de femmes
compétentes.
(…)
5. Conduite
d’études et de recherches cliniques liées au
problème afin de trouver des solutions pratiques et
appropriées.
6. Mise en place
d’indicateurs spécifiques afin de mesurer la
gravité du problème et les progrès potentiels
obtenus par ces programmes et
projets.