Bande de Gaza : le spectre de la guerre civile ?

Après les bombardements israéliens (voir ici un témoignage), c'est le spectre de la guerre civile entre l'Autorité Palestinienne et le Hamas qui hante la Bande de Gaza. Et bien sûr, comme dans tous les affrontements entre fractions dirigeantes et bandes armées, c'est la population civile, et avant tout les classes populaires, qui souffrent de cette situation. Ainsi, comme le montre cette dépèche AFP, la plupart des blessés lors de ces affrontements entre la police palestinienne et le Hamas sont des enfants touchés par des éclats de roquette. D'un côté une Autorité Palestinienne qui veut maintenir sa parcelle de pouvoir, de l'autre un groupe réactionnaire qui rêve d'instaurer à Gaza un régime islamiste, un peuple qui souffre de ces affrontements tout comme il souffre de l'occupation, du racisme et de la misère...

Voir aussi à ce sujet : le gouvernement israélien laisse un terrain mîné

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Trois Palestiniens ont été tués et 50 autres ont été blessés dimanche soir lors de violents affrontements entre la police et des activistes du Hamas à Gaza, selon des sources sécuritaires et hospitalières palestiniennes.

Selon ces sources, un officier de police, une Palestinienne et un autre civil ont été tués lors d'une attaque menée par des membres du Hamas au lance-roquettes antichars contre un poste de police du camp de réfugiés de Chatti, dans l'ouest de la ville de Gaza.

Cette attaque avait suivi de violents combats entre policiers et membres du Hamas dont un journaliste de l'AFP a été témoin dans et autour du principal hôpital de la ville, l'hôpital Chifa.

Un médecin de cet établissement, le Dr Baqer Abou Safyeh, a indiqué que ces affrontements avaient fait au total 50 blessés, "pour la plupart des enfants atteints par des éclats de roquettes". Selon lui, deux des blessés étaient dans un état critique.

Selon le correspondant de l'AFP ayant assisté aux affrontements ayant éclaté à l'hôpital vers 18H45 (15H45 GMT), les militants du Hamas ont lancé des roquettes antichars et des grenades et ont ouvert le feu à l'arme automatique sur la police palestinienne.

Plus de trois heures après, le calme était revenu à l'hôpital, mais des explosions et des tirs sporadiques étaient toujours entendus dans le camp de Chatti et dans un quartier voisin, Cheikh Radouane.

Dans la soirée, le Comité des forces nationales et islamiques, qui regroupe 13 groupes palestiniens s'est réuni à Gaza, mais sans le Hamas, pour discuter de la détérioration de la situation.

Selon une source de sécurité, tout a commencé par une simple altercation dans Cheikh Radouane quand Mohammad al-Rantissi, fils d'un dirigeant du Hamas assassiné en 2004 par Israël, a contesté à un Palestinien le droit d'utiliser avant lui un distributeur de billets de la Bank of Palestine.

Le ton est monté, et le fils Rantissi a alors mobilisé ses camarades armés du Hamas, contraignant la police à intervenir pour tenter de l'arrêter en vertu d'une loi entrée récemment en vigueur et interdisant le port d'armes en public.

Les Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas, affirment dans un communiqué que "le jeune homme a refusé de se rendre", et que les policiers ont alors "ouvert le feu contre son véhicule, faisant plusieurs blessés".

De son côté, le ministère de l'Intérieur a publié un communiqué confirmant que l'escalade avait bien commencé par "une altercation entre M. Rantissi et un client de la Bank of Palestine".

"L'affaire a dégénéré quand des hommes armés du Hamas ont lancé des grenades contre les policiers qui étaient intervenus, blessant deux d'entre eux", ajoute le ministère, affirmant que la police a alors pris en chasse quatre de ces hommes équipés d'armes automatiques et de grenades, qui se sont enfuis en voiture.

Selon le communiqué, la police a ensuite ouvert le feu pour les empêcher d'entrer aux urgences de l'hôpital Chifa.

Les affrontements ont alors fait place à une bataille rangée et se sont étendus au camp de Chatti et dans le quartier de Cheikh Radouane.

Pour le ministère, "le Hamas porte l'entière responsabilité de ce qui s'est passé. Il a violé la loi et le consensus national".

Le Hamas et le Jihad islamique refusent d'obéir au dirigeant palestinien Mahmoud Abbas qui leur a demandé de baisser les armes après le retrait israélien de la bande de Gaza, qui s'est achevé le 12 septembre, mais ont accepté de ne pas les exhiber publiquement.

M. Abbas ne cesse de répéter qu'il veut mettre fin au chaos qui règne dans les territoires palestiniens consécutivement à cinq ans d'Intifada.