Favelisation
Voir aussi :
La Palestine au bord de la banqueroute
L'Union européenne complice de la politique d'Israël
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36Pendant que l'impasse se prolonge entre le gouvernement du Hamas d'un côté, Israël et les pays occidentaux de l'autre, la Palestine, ou plutôt ce qui s'en voulait la préfiguration, part en lambeaux. L'Autorité palestinienne est, démocratiquement, tombée aux mains des islamistes pour s'être montrée inégale à sa tâche historique d'instaurer une vie décente, matériellement et civiquement, dans les territoires placés sous sa responsabilité. Après Gaza, c'est toute la Cisjordanie qui est aujourd'hui menacée de favellisation accélérée, mélange de misère et de non-droit généralisé. Dans cette dérive, il y a sans doute un point de non-retour et la question est de savoir dans combien de temps il sera atteint. A moins qu'il ne soit déjà dépassé.

Cette situation était prévisible. Le Hamas poursuit la politique de confrontation pour laquelle il a fait campagne, refusant les accommodements minimums qui auraient pu permettre au moins un prolongent du statu quo. Israël, comme annoncé, a coupé les ponts ­ ou plutôt la mince passerelle ­ qu'il maintenait avec les institutions palestiniennes. Bush a fait de même et les Européens aussi, malgré des scrupules chez certains comme les Français. Les manifestations du Hamas, après l'attentat de Tel-Aviv, ou avec la nomination d'un responsable recherché pour faits de terrorisme comme «superviseur» des services de sécurité ont pour longtemps dissuadé tout essai de temporisation.

De toute évidence, le chemin de la paix a toujours été lié, dans les territoires relevant de l'Autorité, à un développement économique et social dont ce restera la grande faute du Fatah de ne pas avoir su assurer ne serait-ce que les préliminaires. Or c'est exactement dans la direction inverse qu'on avance. La Palestine, qui part pourtant de bien bas, est désormais en voie de sous-développement objectif. Avec ses bravades «militaires», le Hamas construit un champ de ruines. La fermeté «antiterroriste» des Occidentaux l'y aide.


                                                                        Libération, 22 avril 2006