Le 14
août au matin, l’arrêt des combats est intervenu au Liban
suite à la
résolution votée deux jours plus tôt par le Conseil
de sécurité de
l’ONU et acceptée par les gouvernements israélien et
libanais.
Mais cette résolution
n’a pas empêché l’armée israélienne de
se livrer jusqu’à la dernière heure à des attaques
meurtrières contre
la population et le territoire libanais. De nouveaux quartiers de Tyr,
de Beyrouth, des villages, des routes, ou même la centrale
électrique
de la ville de Saïda, ont été bombardés et
détruits. Des convois de
réfugiés, des participants à une
cérémonie enterrant leurs morts, de
simples habitants, ont encore été la cible de ces
attaques et y ont
laissé leur vie.
En effet, au moment même
où il négociait les termes de la
résolution de l’ONU, le Premier ministre israélien Ehoud
Olmert donnait
carte blanche à son armée pour se livrer à la
«grande offensive
terrestre» dont elle parlait depuis plusieurs jours. Dans le
délai qui
lui restait, l’armée a donc mis les bouchées doubles, non
seulement
pour tenter d’occuper le plus de terrain possible, non seulement pour
tuer le plus possible de combattants du Hezbollah, mais aussi des
civils, laissant derrière elle le plus de destructions possible.
Comme
pour punir l’ensemble de la population libanaise et tenter d’imprimer
dans son esprit la crainte des terribles représailles qu’elle
pourrait
subir à tout moment, pour peu que les gouvernants
israéliens le
décident.
La résolution de l’ONU,
intervenue après plus d’un mois de
bombardements meurtriers, ne condamne même pas l’attaque
israélienne.
Elle n’engage l’armée israélienne qu’à cesser
«ses offensives
militaires». Elle ne l’engage à se retirer derrière
la frontière qu’à
mesure qu’elle sera remplacée par la Finul, la force
multinationale de
l’ONU, dont les effectifs seront portés de 2000 à 15000
hommes pour
occuper une zone tampon dont les forces du Hezbollah doivent être
exclues. En fait, la résolution laisse la porte ouverte à
une reprise
des hostilités sous un prétexte ou un autre, pour peu
qu’Israël estime
que sa sécurité n’est pas assurée ou que les
termes très flous de cette
résolution ne sont pas respectés. Les dirigeants
israéliens ont déjà
déclaré qu’ils maintiendraient le blocus aérien et
maritime qu’ils ont
imposé au Liban dès le début de leurs attaques.
La résolution de l’ONU
s’ajoute à bien d’autres sur le
Proche-Orient et n’envisage nullement de demander à Israël
de respecter
toutes celles qu’il a ignorées, notamment concernant
l’évacuation des
territoires palestiniens qu’il occupe depuis 1967. Elle ne demande pas
à Israël de mettre fin à cette occupation de
territoires et à leur
colonisation, ni à ses exactions contre le peuple palestinien,
ni de
régler une fois pour toutes ses conflits avec les pays arabes
voisins.
Ainsi les grandes puissances,
des États-Unis à la France, ne
font qu’apporter après coup leur caution à
l’opération israélienne
contre le Liban. Elles couvrent la politique agressive du gouvernement
israélien à l’égard des peuples de la
région et, en cela, elles
l’aident à préparer une prochaine guerre.
André FRYS, Lutte Ouvrière, 18 août 2006 |