Tensions entre le Hamas et le Fatah

Voir aussi : la paix armée et vers la guerre civile ?
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Alors que le président de l’Autorité palestinienne tente de remettre sur le tapis le processus de paix, son gouvernement aux couleurs de Hamas s’évertue à lui mettre des bâtons dans les roues.

Hamas vient ainsi de rejeter la menace de Abbas de recourir à un référendum pour dénouer la crise et le bras de fer engagé entre le gouvernement, d’une part, le Fatah et l’Autorité palestinienne, d’autre part. Le premier ministre Haniyeh s’est dit prêt à s’opposer au référendum de Abbas. Le président de l'Autorité palestinienne a donné au gouvernement jusqu'à aujourd’hui pour accepter une proposition qui, aux yeux de Hamas, aboutirait à une reconnaissance implicite de l’État d’Israël. Pendant ce temps, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a tenu son premier sommet avec le président égyptien Hosni Moubarak, depuis son arrivée au pouvoir. La rencontre qui a eu lieu à Charm el Cheikh, en Égypte, s’est terminée sur la perspective d'une reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes.
Israël se donne toutefois le droit de réaliser son propre projet de retrait unilatéral de la Cisjordanie en cas d'échec de ces efforts de paix ! Olmert a, d’ores et déjà, eu le feu vert de Bush pour cette alternative si les Palestiniens ne parvenaient pas à accorder leurs violons. L'impasse semble totale entre le gouvernement et le président Abbas, qui n’a de cesse exigé de Hamas de se conformer aux engagements internationaux de l’OLP et qui visent l’instauration d'un État palestinien en Cisjordanie, à Gaza et à Al Qods Est, aux côtés de l'État hébreu.
Ce qui équivaudrait à une reconnaissance de fait d'Israël par le Hamas. En cas de refus du Hamas de respecter cet ultimatum, Abbas organisera un référendum pour demander directement au peuple palestinien de se prononcer sur ce plan, et donc de trancher entre Hamas et lui. Apparemment, sauf imprévu de dernière minute, les Palestiniens se dirigent droit vers une crise politique majeure.
Le Premier ministre palestinien a entouré son refus d’arguties juridiques, jugeant illégale l'idée d'un tel référendum. Selon lui, “le droit fondamental local et les avis recueillis auprès d'experts en droit international montrent que les référendums ne sont pas autorisés en terre palestinienne !” Abbas fait le pari que son plan, destiné à sortir les Territoires palestiniens de leur isolement international, sera approuvé par référendum et que le peuple palestinien désavouera ainsi le gouvernement qu'il a porté au pouvoir en janvier. Israël refuse de discuter avec un gouvernement palestinien dirigé par un mouvement qui ne reconnaît pas son existence.
Lors de sa rencontre avec Moubarak, Olmert devait lui demander de faire pression sur Hamas. Ce dernier a également annoncé qu'il rencontrera Abbas, bientôt, en vue d'une reprise des négociations. Sur le terrain, des affrontements ne finissent pas d’éclater entre des forces du Fatah et la nouvelle milice du Hamas.

D. Bouatta, La Liberté - Algérie, 6 juin 2006