Violences
conjugales : une femme meurt tous les 4 jours
Le
ministère de la Cohésion sociale publie une étude
de la police sur les
homicides commis au sein des foyers. EN FRANCE, une femme meurt des suites
de violences conjugales tous les
quatre jours. C'est le résultat alarmant d'une enquête
menée sur deux années
(2003 et 2004) pour le compte du ministère de la Cohésion
sociale, publiée
hier, alors que se tient demain la Journée internationale de
l'ONU contre les
violences faites aux femmes. Mieux qu'une simple enquête, cette
étude constitue une première puisqu'il
s'agit non pas de statistiques issues de questionnaires soumis aux
femmes, mais
d'un recensement national des données fournies par les services
de gendarmerie
et de police nationales. Cette étude traduit ainsi une situation
réelle et
effective, sur la base de chiffres collectés département
par département dans
le cadre des «morts violentes survenues au sein du couple». Chiffres
à revoir sans doute à la hausse puisque, dans la
méthodologie utilisée, ne sont
pas comptabilisés les faits non élucidés, les
disparitions (dont l'auteur peut
être le conjoint) et les cas de femmes subissant des violences
graves et
répétées dans leur vie conjugale ou maritale qui
en viennent à se suicider.
Cette carte des violences apporte un nouvel éclairage,
après l'étude de
l'Enveff de 2001 qui révélait qu'une femme sur dix
était victime de violences
conjugales, six femmes en mourant chaque mois. Ce nouveau recensement
révèle
que dans 51% des décès, les femmes étaient
déjà victimes de violence. Côté
masculin, un homme meurt tous les seize jours de ces violences. Dans la
moitié
des cas, la femme auteur de l'acte subissait des violences de sa part.
D'après
l'étude, un décès sur dix résulte de coups
portés sans intention de donner la
mort. D'autre part, 31% des crimes conjugaux sont liés à
la séparation (commis
par des «ex» ou séparation en cours). Les actes
homicides commis par des
anciens partenaires sont un phénomène
«essentiellement masculin, souvent rural,
et toujours avec la volonté de donner la mort»,
précise l'étude. Face
à ces constats alarmants, beaucoup réclament une loi
spécifique, comme s'en est
dotée l'Espagne. Notamment le commandant de police Maryvonne
Chapalain, qui a
coordonné ce recensement et qui estime qu'il y a urgence
à légiférer puisque
«les chiffres sont encore plus graves que ce qu'on
croyait». A ce sujet, une
proposition de loi socialiste, adoptée au Sénat en mars
dernier, devrait passer
en commission des lois de l'Assemblée le 13 décembre. En
attendant, Catherine
Vautrin, ministre délégué de la Cohésion
sociale et de la parité a annoncé hier
quatre mesures en Conseil des ministres. Parmi elles, on note deux
nouvelles
expérimentations : l'hébergement des femmes en famille
d'accueil, jusqu'ici
réservé aux enfants, aux personnes âgées et
aux handicapées, et la création de
réseaux d'accueil dans trois sites hospitaliers dès
janvier 2006. Delphine de Mallevoüe, Le Figaro, 24 novembre 2005 |