Proche-Orient . Des association internationales dénoncent les conséquences tragiques de l’asphyxie financière de l’autorité palestinienne. Jérusalem, correspondance particulière. Pour les agences des Nations unies comme OCHA et des organisations humanitaires internationales telles que Médecins du monde ou World Vision, un seul constat : la situation ne cesse de se détériorer à tous les niveaux dans la bande de Gaza depuis l’évacuation des colons et le redéploiement militaire israéliens en août et septembre 2005. Dans un rapport commun, ces associations notent que cette détérioration résulte notamment, mais pas exclusivement, de la récente suspension de l’aide internationale depuis l’arrivée du Hamas au pouvoir. Une des premières conséquences de cette décision, c’est le non-paiement des salaires des quelque 150 000 employés du secteur public : « Nous parlons ici de médecins, d’enseignants, ou encore de policiers non payés, ce qui a des conséquences sur l’ensemble de la société », rappelle Jan Coffey, de l’association Save the Children. À cette suspension de l’aide s’ajoute le gel par Israël du reversement de sommes dues à l’Autorité nationale palestinienne qui proviennent de prélèvements de taxe aux frontières à hauteur d’environ 50 millions de dollars par mois. Cela en totale contradiction avec le protocole de Paris, qui régit les aspects économiques des accords d’Oslo signés en 1993. Les plus démunis et les enfants sont les premiers touchés par cette situation, que ce soit au niveau de l’éducation ou de la santé. La malnutrition augmente chez les moins de cinq ans dont le taux de mortalité atteint désormais 30 %. Cette précarité extrême est avant tout la conséquence de l’isolement de la bande de Gaza par la puissance occupante, Israël, depuis six mois, avant donc l’arrivée du Hamas au pouvoir. C’est ainsi que Karni, le principal point de passage pour le transit des marchandises, connaît des fermetures à répétitions. Des fermetures qui entraînent un effondrement de l’économie, en particulier des exportations agricoles, des pénuries régulières de produits de bases, des problèmes d’approvisionnement en médicaments. Il ne fait nul doute pour les représentants des organismes humanitaires, que si Karni fonctionnait normalement et si les taxes dues à l’Autorité nationale étaient versées, la suspension de l’aide internationale ne serait pas une question aussi critique. Ces organismes appellent donc à la poursuite de l’aide internationale et font, au passage, une mise au point sur leur propre rôle : « Nous ne pouvons pas et ne devons pas nous substituer au secteur public palestinien qui couvre 80 % des services », martèle Jan Coffey. Et de souligner que les ONG ne sont pas conçues pour cela, leur mission étant « de soutenir et d’être un complément » aux structures nationales en place, qui doivent donc pouvoir continuer à fonctionner. Leur rôle est également remis en cause indirectement par les interdictions des pays occidentaux, dont elles dépendent financièrement, d’avoir tout contact avec le gouvernement dirigé par le Hamas. Ce qui pose au quotidien la cruciale question de la coordination pour la distribution de l’aide. Valérie
Féron, l'Humanité, 6 mai 2006 |