Dans l’intéressant article du journal italien « Il Manifesto », on peut apprendre qu’à Hébron, les islamistes ont distribué aux enfants des CD qui montrent les souffrances de l’enfer si jamais ils ne suivent pas la voie des réactionnaires religieux : « Dans les
écoles de Hébron, les enseignants ont commencé
à menacer les élèves qui
écoutent de la musique, regardent la télévision ou
lisent des revues qui
n’entrent pas dans le cadre de l’ordre islamique ; Et, pour
être plus
convaincants, ils ont distribué des CD, à montrer aussi
aux parents, où l’on
peut voir illustrées les peines de l’enfer pour ceux qui
transgressent.
"Mon petit-fils est terrorisé, il ne veut plus aller à
l’école", nous
raconte Sara, une syndicaliste que nous rencontrons dans un centre de
femmes à
Hébron où se tient une réunion pour décider
de comment faire face aux menaces
reçues des groupes islamistes. » Difficile
de savoir, sans les visionner, s’il s’agit vraiment des mêmes,
mais il est
clair que la méthode, elle, est identique. Ainsi, en avril 2006,
des CD
islamistes étaient distribués dans les écoles de
Kabylie. Un article publié sur
« kabyle.com », en fait la description : « Un
CD intitulé Aâdhab el qabr est en train de faire des
ravages dans tous les
milieux scolaires, du primaire à l’universitaire. Son contenu,
des séquences de
films d’horreur gore ainsi que des images de cadavres mutilés et
défigurés, est
supposé montrer le châtiment divin réservé
à ceux qui omettent de faire la
prière ou qui ont le malheur d’aimer la musique, cette invention
du diable pour
détourner le musulman de ses devoirs religieux. Fadila,
stagiaire dans un CFPA,
en parle. “J’ai acheté le CD et j’ai commencé à le
visionner avec ma mère, mais
on s’est enfuies de la chambre au bout de quelques minutes.
Insupportable !
J’en fais encore des cauchemars”, avoue-t-elle. » Même
chose au Tchad, où, à en croire la presse de ce pays,
dans les souks proches
des mosquées, on peut trouver ces CD islamistes, qui ressemblent
plus à des
films d’horreurs de série B qu’aux vieilles méthodes des
prêches rébarbatifs,
comme le “monde des djinns” composé d'un mélange
subtil de déclarations
de savants en exégèse islamique, de scènes
d'exorcisme d'une rare violence et
de témoignages de possédés, le tout
étayé par une musique à donner la chair de
poule. A coups d'effets spéciaux, on apprend ainsi que les
djinns peuvent
changer de forme et d'apparence, qu'ils sont capables de
procréer et qu'ils ont
également des relations sexuelles avec les humains ! Selon “le
chercheur”
Bassim Hamzaoui, ils peuvent prendre une forme humaine ou animale telle
que
celle d'une vache, d'un scorpion, d'un serpent, d'un oiseau… Le
spécialiste
nous apprend que le chien noir est le diable des chiens et que les
génies
apparaissent souvent sous cette forme. Professeurs en charia,
chercheurs et
même un prêtre chrétien se relaient pour expliquer
que “les djinns ont leur
propre communauté, qu'ils peuplent des endroits où il y a
de l'eau, des lieux
inhabités, des maisons en ruines et tout autre endroit
désert”, le tout
ponctué de scènes d'exorcisme insoutenables : un enfant
de dix ans subissant
une flagellation en règle, une jeune fille soumise à une
séance de gifles à
répétition ou encore un jeune homme en convulsions,
maîtrisé de force par trois
solides gaillards, le tout avec, bien sûr, de versets coraniques.
Frustrations
sexuelles, épilepsie, grand mal, les explications rationnelles
n'ont pas droit
de cité dans ce monde clos et angoissant. “La maladie de
l'âme viendrait de
forces du Mal à extirper”, voilà le message que les
prédicateurs
s'évertuent à faire passer. Et qui extirpe le mal en
l'occurrence ? Un fqih qui
sait ce qui est “le bien” pour un musulman. De quoi faire des
individus, soit
des assistés, soit des aliénés. Autre
sujet de prédilection de ces prédicateurs on line,
l'apocalypse et l'au-delà. “En
quelques minutes, toutes ces grandes villes ont été
détruites. Regardez le
tsunami : il a tout ravagé en une heure. Les signes sont
là mais les gens sont
toujours ignorants”. La voix est grave, soutenue par un bruit de
fond
assourdissant. C'est Apocalypse Now version islamiste. Atophan al
qadim
(le prochain déluge) est une compilation de séquences
prises avant, pendant et
après le passage du Tsunami qui a ravagé plusieurs
côtes asiatiques l'année
dernière. Les séquences sont agencées dans une
mise en scène qui montre des
femmes, des enfants et des hommes en train de s'ébattre
joyeusement dans la
mer. Pris au dépourvu par le raz de marée, les uns sont
engloutis dans les
flots, les autres sont jetés contre les arbres et d'autres
encore enterrés sous
les décombres des hôtels. Les scènes sont
horribles. Elles sont commentées par
la même voix qui ponctue le commentaire de versets coraniques. Un
discours sur
le déluge relate des pluies catastrophiques et les inondations
consécutives qui
décimèrent les hommes et les animaux. Utiliser les
catastrophes naturelles,
catastrophes qui sont d’autant plus dramatiques lorsqu’elles s’ajoutent
à la
misère, n’est bien sûr pas l’apanage des imams : les
curés, rabbins et
autres dealers d’opium du peuple l’utilisent aussi, comme ces rabbins
qui
expliquaient que l’ouragan qui a frappé la Floride serait une
punition aux
peuple américain à cause du soutien de Bush au retrait
israélien de la Bande de
Gaza (reste à savoir pourquoi « dieu, le
clément et miséricordieux »
s’en prend toujours aux habitants des quartiers populaires et jamais
aux
dirigeants ?). De la même façon, la secte catholique
explique que le sida
serait une punition divine Toujours
au Tchad, on trouve un autre CD qui raconte l'histoire d’un jeune homme
de 19
ans, mort à la suite d'une longue maladie. Tandis que la
caméra s'attarde sur
la lente agonie du jeune garçon, le commentateur insiste sur le
fait que le
jeune homme est plutôt “un maskhout” : il fait partie des
réprouvés, ceux qui ne
font pas allégeance à leurs parents. De plus, il ne
faisait pas sa prière et
écoutait des chansons. Comme par hasard, quelques jours
après sa mort, ses
parents, pour une raison obscure, ont éprouvé le besoin
de déterrer le corps de
leur fils. Preuve de sa damnation, son corps porte les stigmates de
profondes
souffrances et ses cheveux ont blanchi. Le commentateur n'hésite
pas à
expliquer que le personnage a commencé à subir les affres
de l'enfer dès qu'il
a été enterré, à cause de l'inobservance
des rites religieux et d'une vie
consacrée à jouir des “plaisirs de la vie”, dont bien
entendu le chat sur
Internet et les chansons frivoles ! Et
bien sûr, des CD sont consacrés aux femmes. Comme celui
sur le voile du
prédicateur Abdellah Nihari. Le personnage, barbe de rigueur et
avec force
imprécations violentes, explique comment la perversion des
femmes induit
automatiquement la perversion de la société. Pour lui, “le
hidjab est une
prescription divine et son abandon engendre la maladie du corps social”.
Comme le voile est une obligation, le prédicateur appelle les
“bons musulmans”
à se méfier même des femmes voilées. Il
explique ainsi qu'une femme, même
voilée, qui mettrait du parfum, est adultère parce les
hommes qui la
“reniflent” pourraient avoir des idées lubriques. Ceux-ci sont
également taxés
de dépravés parce qu'ils se seraient laissés aller
à sentir son parfum. Basé
sur un refus catégorique de l’égalité entre les
sexes, ce genre de CD insiste
sur la tutelle des hommes sur les femmes, qui doit être
perpétuée pour “préserver
la société de la dépravation parce qu'une femme
sans tutelle est une proie
facile pour Satan”. Corollaire de ce droit de tutelle, “l'obligation
d'obéissance pour la femme vis-à-vis de son tuteur,
insistent-ils, doit
être maintenue à tout prix même par la correction
physique”. Bref,
avec des images horribles tirées de films gore ou de
l’actualité, les
islamistes tentent d’imposer leur vision moyen-âgeuse de la
société, même s’ils
utilisent pour cela les moyens technologiques du 21ème
siècle. Et,
au nom de dieu, du coran (ou d’un autre livre sacré), et d’une
prétendue vie
après la mort, ils imposent, en Palestine comme ailleurs,
l’enfer sur terre aux
femmes et au-delà à tous les humains épris de
liberté. Finalement, la réalité
que nous imposent les réactionnaires religieux, et
au-delà tout ce monde
capitaliste, est bien plus atroce que toutes les images des films
gores… Yasmina, 31 mai 2006 |