Rapport alternatif des ONG en réponse à la « liste des débats et questions en vue des considérations des rapports périodiques » (CEDAW/PSWG/2005/II/CRP.1/Add.7)

L’implication d’Israël dans la convention de l’ONU pour l’élimination de toutes les formes de discriminations envers les femmes (CEDAW) dans les Territoires Palestiniens Occupés.

Réalisé en mai 2005 pour le Comité pour l’Elimination des Discriminations Envers les Femmes.

Par : Al-Haq (La loi au service de l’homme),
le Centre Palestinien pour les Droits Humains (PCHR)
et le Centre des Femmes pour l’Aide et le Conseil Juridiques (WCLAC)

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Introduction

Violence contre les femmes
(sur les conditions de détention)

Education et préjugés Santé
Constitution, législation et rouages nationaux
pour la promotion des femmes
Témoignages (à venir)
Témoignages
Témoignages (à venir)

Education et préjugés

 

Question 15 : Dans son précédent rapport de conclusions (CRC/C/SR.822), le Comité pour les Droits des Enfants notait ses préoccupations à propos de la « sérieuse détérioration de l’accès à l’éducation des enfants des Territoires Palestiniens Occupés comme conséquence des mesures imposées par les Forces de Défense Israéliennes, dont les fermetures de routes, les couvre-feux et restrictions de mouvement, et la destruction des infrastructures scolaires ». Merci d’informer le Comité, avec des statistiques chiffrées, sur l’éducation des filles dans les Territoires Occupés et les mesures qui ont été prises pour développer leur accès aux institutions scolaires, à la lumière du conflit actuel, de l’escalade de la violence et de la construction du mur dans les Territoires Occupés. Merci de décrire l’impact de telles mesures pour éliminer les discriminations contre ce groupe de filles, que le nombre de déscolarisations ait ou non augmenté.

 

Aucune mesure na été prise par les autorités israéliennes pour renforcer l’accès aux institutions scolaires. En fait, les forces israéliennes empêchent les Palestiniens d’accéder aux institutions scolaires par les blocages, les couvre-feux, les check-points, la destruction de bâtiments scolaires, et la construction du Mur. Les femmes palestiniennes, élèves et enseignantes, sont particulièrement affectées par cela parce que la violence accumulée perçue par la société palestinienne menace plus les femmes que les hommes. Les actes de violence israélienne et le harcèlement ne font qu’exploiter cette discrimination sociale de genre, comme nous l’avons vu précédemment. L’absence d’éducation pour les femmes va conduire à des générations de femmes palestiniennes appauvries et mal équipées pour participer pleinement et de façon égalitaire à la société dans le futur.

 

·        Pendant l’année scolaire 2002/2003, 4,7% des femmes de Cisjordanie et de Gaza ont terminé leur éducation supérieure alors que 9,4% des hommes l’ont terminée. Cette proportion est relativement similaire à celle de l’année scolaire 1997/1998.

·        Pendant l’année scolaire 2002/2003, 5,5% des femmes ont été déscolarisées des écoles secondaires en Cisjordanie et 3,8% à Gaza. Ceci est à comparer avec la déscolarisation de 3,5% des garçons en Cisjordanie et 1,1% dans la Bande de Gaza. L’augmentation des mariages précoces, liée à l’augmentation de la pauvreté, correspond à la déscolarisation de 46% des filles, surtout dans le secondaire.

·        En 2003, le taux d’alphabétisation des femmes rurales était de 83,1% contre 95 ,8% pour les hommes. Le taux d’alphabétisation pour les femmes dans les camps de réfugiés était de 87,2% contre 95,8% pour les hommes. Le taux d’alphabétisation des femmes urbaines était de 89,7% contre 96,7% pour les hommes. Ce taux d’alphabétisation a un impact négatif sur leur vie économique, sociale et publique. En 2002, il y avait seulement 6 femmes rurales membres des conseils de villages (sur un total de 1.702 conseillers) et seulement 40 femmes membres de conseils municipaux (sur un total de 1.146 conseillers).

 

1. Les familles tentent plus d’empêcher leurs filles que leurs garçons d’aller à l’école à cause des craintes de violence liées aux longs chemins pour contourner les check-points et le Mur, ainsi qu’à la violence dans les écoles elles-mêmes.

·         Des centaines d’enfants choisissent un chemin plus long pour aller à l’école plutôt que de faire face au harcèlement et à la violence des colons ou des soldats. Dans le village de Tuba (Cisjordanie), cinq enfants palestiniens du sud d’Hébron, âgés entre 6 et 12 ans, choisissent de prendre un chemin de 10 kilomètres plutôt que la route directe (2 kilomètres) qui passe entre la colonie juive de Maon et le poste avancé proche de Havat Maon. En septembre 2004, Myriam Jundiyya, âgée de 7 ans, a été hospitalisée après qu’un colon adulte lui ait tapé sur la tête avec un bâton. La police israélienne a été informée mais n’a arrêté personne après cette agression. Après avoir reçu une permission officielle du Bureau de Coordination du District militaire pour pouvoir utiliser la route la plus courte, le groupe a dû encore faire face à un groupe de colons qui les observaient avec deux gros dobermans, et les cris moqueurs des colons israéliens (…).

·         A cause du Mur, les enfants vivant dans les régions de Jénine, Tulkarem, Qalqilya, Jérusalem, Béthlehem, Ramallah et Al-Bireh sont obligés de changer de région pour aller à l’école alors que les enseignants ont été transférés à l’intérieur ou à l’extérieur du mur pour atteindre leurs écoles. A Al-Ram, une banlieue située au nord de Jérusalem, sur près de 20.000 enfants, seuls 5.000 sont scolarisés dans l’école locale alors que les autres doivent aller à Jérusalem. Lorsque le mur sera terminé à Al-Ram, ces élèves devront marcher le long du mur qui coupe la route principale, passer par le check-point de Kalandya, suivre le côté occidental du Mur, puis repartir vers le sud pour entrer à Jérusalem.

·         3,4% des individus des localités affectées par le Mur ont arrêté leurs études à cause de la situation sécuritaire et du mur. 81% des foyers ont au moins un membre qui a dû s’absenter de l’université à cause des bouclages.

·        Al-Mawasi, une zone dans la Bande de Gaza fermée hermétiquement ces quatre dernières années, a environ habitants. L’accès à Al-Mawasi est complètement contrôlé par les militaires israéliens à un check-point, qui peut décider de fermetures arbitraires, d’heures d’ouverture limitées et de limitations de passage sévères selon l’âge des personnes autorisées à passer. Le passage du check-point n’est possible qu’à pieds. La plupart du temps en 2004, l’entrée comme la sortie de Al-Mawasi était interdite à toutes les femmes de 15 à 30 ans. Deux écoles seulement sont ouvertes pour les élèves jusqu’à 17 ans. Les élèves qui veulent poursuivre leurs études et/ou faire des études scientifiques doivent étudier dans des écoles hors de Al-Mawasi. En 2005, à cause des restrictions de mouvement et par crainte de harcèlements et de fouilles de sécurité humiliantes, seules 15 filles (sur un total de 689 étudiantes enregistrées) ont choisi de faire des études scientifiques hors de Al-Mawasi, tandis que seulement 56 étudiantes ont choisi d’une façon ou d’une autre de faire des études supérieures.

·        Le 5 octobre 2004, Iman Al-hamas, une élève de 13 ans, était sur le chemin de l’école dans la région de Rafah (Bande de Gaza). Elle portait son uniforme d’écolière et portait son cartable. Elle marchait dans ce que les militaires appellent une « zone militaire fermée », et elle s’est fait tirer dessus et a été blessée par un groupe de soldats israéliens depuis les miradors. Un autre groupe de soldats l’ont poursuivie et lui ont tiré deux fois à la tête avant de lui loger 15 balles dans le corps. (…) Le Comandant de la compagnie apprenait à ses soldats d’appliquer une politique du « tirer pour tuer » pour toute personne entrant dans la zone, y compris si elle est « âgée de trois ans ». Son corps a été laissé sur le sol pendant environ deux heures avant que les forces d’occupation israéliennes permettent aux équipes médicales palestiniennes de l’approcher[i].

·        Un point particulier doit être fait sur la tendance aux attaques des militaires israéliens qui ont pour conséquence la mort de filles à l’école. En mars 2003, Hoda Darwish, âgée de 12 ans, était assise derrière son bureau lorsqu’une balle,tirée depuis un poste d’observation israélien d’un des miradors du camp, la touche et la rend aveugle. Le 7 septembre 2004, Raghda Adnan Al-Assar, âgée de 10 ans, a été touchée à la tête alors qu’elle était en classe à l’école élémentaire pour filles de l’ONU, et est morte le 22 septembre 2004. Le 12 septembre 2004, Ghadeer Mukhaimer, 11 ans, a été grièvement blessée par une balle dans la poitrine alors qu’elle était assise derrière son pupitre dans l’école élémentaire du camp de réfugiés de Khan Younis. Elle est morte de ses blessures le lendemain. Le 31 janvier 2005, Nouran Deeb, elle aussi âgée de 11 ans, a été tuée alors qu’elle attendait dans le préau de l’école pour entrer classe dans le camp de réfugiés de Rafah. Les morts de ces filles ont aussi un fort impact sur la santé mentale des autres élèves, ce qui a obligé l’ONU de fermer certaines des écoles de filles touchées par ces incidents.

 

2. La qualité de l’éducation est en baisse à cause de la violence et des restrictions sur la liberté de circulation.


  • A cause des restrictions de circulation, le Ministère de l’Education et de l’Education Supérieure a muté 15.000 des 27.000 membres du corps enseignant afin de réduire les distances entre la résidence des enseignants et leur lieu de travail. Ceci a réduit l’absentéisme des professeurs mais signifie que de nombreux professeurs enseignent des matières qui ne sont pas leur spécialité. (…)
  •  Du 28 septembre 2000 au 16 avril 2005, 1.289 écoles ont été interrompues et fermées à cause des couvre-feux, sièges, et fermetures de districts. 269 locaux scolaires ont été dégradés à cause des bombardements et affrontements. Neuf écoles sont toujours fermées, auxquelles il faut ajouter trois écoles d’Hébron (Usama Ibn Al-Munqith, Banat Joher, Al-Ma’aref) qui ont été transformées en bases militaires.
  • Le coût total des dommages faits aux écoles palestiniennes, depuis le début de la seconde Intifada, est de 5,1 millions de dollars.
  • Le coût total des dommages faits aux universités palestiniennes, depuis le début de la seconde Intifada, est de 4,85 millions de dollars.



[i] Information du PCHR. Voir aussi : Harel A. : « La Force de Défense Israélienne tue une fille de 13 ans allait à l’école », Haaretz, 6 octobre 2004, et McGreal C. « Une écolière criblée de balles, personne n’est à blâmer ». The Gardian, 21 octobre 2004.