Rapport alternatif des ONG en réponse à la « liste des débats et questions en vue des considérations des rapports périodiques » (CEDAW/PSWG/2005/II/CRP.1/Add.7)

L’implication d’Israël dans la convention de l’ONU pour l’élimination de toutes les formes de discriminations envers les femmes (CEDAW) dans les Territoires Palestiniens Occupés.

Réalisé en mai 2005 pour le Comité pour l’Elimination des Discriminations Envers les Femmes.

Par : Al-Haq (La loi au service de l’homme),
le Centre Palestinien pour les Droits Humains (PCHR)
et le Centre des Femmes pour l’Aide et le Conseil Juridiques (WCLAC)

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Introduction

Violence contre les femmes
(sur les conditions de détention)

Education et préjugés Santé
Constitution, législation et rouages nationaux
pour la promotion des femmes
Témoignages (à venir)
Témoignages
Témoignages (à venir)

Santé

 

Question 22 : Les précédentes conclusions et observations du Comité des Droit de l’Enfant, du Comité pour les Droits Culturels, Sociaux et Economiques et le Comité pour l’Elimination des Discriminations contre les Femmes ont toutes noté leurs préoccupation sur la disparité des accès aux services de soin entre les communautés juives et non-juives. Le Comité pour les Droits de l’Enfant a en particulier noté que les Forces de Défense Israéliennes ont imposé des fermetures de routes, des couvre-feux et des restrictions de mouvement, ce qui réduit l’accès des communautés arabes au personnel et structures médicales, tout comme cela cause des insuffisance grave d’eau et de nourriture. Merci de commenter la disponibilité des services sanitaires aux femmes arabes et de décrire quelles sont les mesures qui ont été prises pour assurer la délivrance de soins aux femmes et filles non-juives, en prenant en compte la mobilité restreinte et la construction du Mur au sein des Territoires Occupés.

 

Les statistiques montrent que l’accès aux et la qualité des services de soins dans les Territoires Palestiniens Occupés connaît une dégradation significative pour tous les Palestiniens, à cause des restrictions de mouvements. Cependant, les femmes palestiniennes sont les plus touchées par les restrictions de mouvements à cause de leurs besoins spécifiques et à cause de leur statut de sexe « faible » dans la société, où elles sont assignées au rôle de mère, apportant les soins et la nourriture à leurs familles, et où leurs principales responsabilités sont plus au foyer que dans la vie publique. L’ajout de restrictions de mouvement et le Mur ne font qu’exacerber ces structures patriarcales et empêchent tout véritable développement progressiste des femmes. Assurer le droit à la santé pour les femmes palestiniennes est un moyen pour leur émancipation, leur développement et l’autodéfense de leur sécurité tout comme un but en lui-même.

 

1. Les restrictions de mouvements et le Mur renforcent la pauvreté et la malnutrition, et rendent les femmes plus désarmées et plus vulnérables face aux pratiques comme le mariage précoce.

 

  • Conséquence des incursions militaires, des blocages et couvre-feux, des confiscations de terres et de terrains, des démolitions de maisons et de la construction du Mur, le revenu moyen des foyers palestiniens a baissé de plus d’un tiers et 25% de la force de travail s’est retrouvé au chômage depuis le début de la seconde Intifada. 47% des Palestiniens vivent en dessous du seuil officiel de pauvreté (2,1 dollars par jour et par personne) et 16% des Palestiniens vivent sous le seuil du minimum de subsistance. 11% des foyers touchés par la pauvreté ont une femme comme chef de famille.
  • Les restrictions de circulation des marchandises ont un impact sur la sécurité alimentaire et sur la santé des femmes et des enfants. Quatre foyers sur 10 sont dans une insécurité chronique et il y a un déclin de 73% de la quantité et de la qualité de la nourriture en Cisjordanie et à Gaza. Le manque d’accès à la nourriture, un régime faible en vitamines et en minéraux crée un cercle vicieux de mauvaise santé, surtout pour les femmes et les enfants. Une nourriture pauvre rend le système immunitaire plus faibles et des mères de conditions fragiles mettent au monde des bébés de condition fragile. Ces bébés grandissent, deviennent des mères faibles et ainsi se développent les maladies.
  • Conséquence de la malnutrition, entre octobre 2003 et septembre 2004, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a trouvé que 69,7% de 1.768 femmes enceintes à un mois de l’accouchement souffrent d’anémie. D’une façon générale, 31% des femmes enceintes souffrent d’anémie.
  • Mekorot (la compagnie israélienne d’eau) coupe et restreint l’arrivée d’eau aux Palestiniens dans les Territoires Palestiniens Occupés. Ceci est exacerbé par les restrictions de mouvements physiques qui empêchent l’eau propre et adéquate d’arriver à destination. La construction du Mur a endommagé ou complètement détruit des puits, des citernes, des réservoirs et/ou des canalisations d’eau, alors que les camions-citernes d’eau, la première source d’eau dans les zones rurales, ne peuvent plus se déplacer. (…) Dans une étude, 85% des personnes se plaignant d’infections vivent dans des communautés sans réseau d’eau et dépendent donc de camions-citernes. Les femmes palestiniennes, parce qu’elles passent plus de temps à utiliser de l’eau dans leurs tâches quotidiennes, sont plus exposées à la mauvaise eau et à la dysarthrie, aux maladies de la peau, aux infections amoébiques et autres maladies liées à l’eau.
  • Le mariage précoce s’est développé parce que les familles ne peuvent pas prendre en charge leurs enfants. De plus, les familles ont peur pour leurs filles lorsqu’elles doivent se déplacer pour aller dans des établissements scolaires et tentent de les pousser à en sortir. Le mariage précoce est dans 46% des cas la cause de la déscolarisation des étudiantes, surtout dans l’enseignement secondaire.
  • Dans certains villages touchés par le Mur, 49,4% des filles se marient à 18 ans et 46,9% des femmes se marient avec un de leurs cousins au premier ou au deuxième degrés. Il st préoccupant que des familles sont complètement isolées dans des enclaves par le Mur, que les choix des filles s’appauvrissent et qu’il y aura là une hausse des mariages précoces et consanguins qui sont la première cause de maladies génétiques chez les nouveaux-nés. Les  maladies génétiques sont une cause de plus en plus importante de mort chez les nouveaux-nés. De plus, de par leur localisation, ces femmes sont séparées des institutions qui travaillent pour les émanciper.

 

2. Les restrictions de circulation et le Mur empêchent directement l’accès au service de santé natale et contribuent à la réduction de la qualité des services de santé natale pour les femmes palestiniennes.

 

·        Depuis la construction du Mur en juin 2002, les accès réguliers aux hôpitaux, médecins privés, spécialistes, laboratoires et autres services de soins secondaires ou tertiaires sont perturbés pour 200.000 Palestiniens. Lorsque le Mur sera terminé, 32,7% de tous les villages de Cisjordanie seront privés d’un accès libre et ouvert à leurs systèmes de soins. 80,7% des personnes vivant dans la zone de la clôture et des enclaves ne pourront pas accéder aux premières cliniques, centres médicaux et hôpitaux selon leurs besoins.

·        Les femmes enceintes, en particulier celles qui ont des grossesses à risque, sont particulièrement touchées par les restrictions de mouvements dues au Mur. Par exemple, à l’ouest de Bethlehem, les patients de Battir, Husan, Wadi Fukin, Jaba’a et Al Walaja ne sont pas seulement isolés dans une enclave, mais seront dans l’impossibilité d’aller à Bethlehem à cause du Mur entourant la ville. Il sera aussi impossible pour les femmes enceintes victimes d’un accouchement difficile de rejoindre à temps un hôpital depuis ces zones.

·        Depuis 2002, le nombre d’accouchement à la maison a augmenté passant de 5,2% en 2000 à plus de 30% en 2003. Ceci est dû aux check-points, couvre-feux, bouclages, et au Mur, plus qu’à un choix.

·        Entre septembre 2000 et octobre 2004, 61 femmes ont accouché aux check-points et 36 de ces accouchements ont donné un enfant mort-né. Selon les ordres militaires israéliens, les ambulances ne sont pas soumises au système des permis, mais les décisions à propos de la gravité du patient sont à la discrétion du soldat présent au check-point.

·        Le nombre de femmes bénéficiant de soins post-nataux est descendu de 95,6% à 82,4%. 37,9% des femmes interrogées déclarent que l’accès aux services de santé devient difficile. 44% de ces femmes disent que l’occupation en est responsable et 27% citent la baisse de leur situation financière. Selon le Ministère de la Santé, les conditions de la période pré-natale est la troisième cause de mortalité des femmes en âge de procréer en 2003. Ceci est en lien avec les restrictions d’accès aux hôpitaux pour y recevoir les soins nécessaires.

·        A cause des restrictions de mouvements, le nombre d’accouchement à la maison, en l’absence de professionnels ou de sages-femmes qui n’ont pas de formation médicale mais des années d’expériences, est en hausse. A Gaza, le nombre d’accouchement à la maison sans professionnels correctement formés est estimé atteindre 10 à 12 accouchements par jour.

·        Les femmes trouvent difficile d’obtenir des produits d’hygiène et de santé, comme les tampons hygiéniques ou des moyens de contraception depuis que les stocks ne peuvent plus être approvisionnés.

 

3. Les restrictions de mouvement, dont le Mur, brisent les mécanismes traditionnels des femmes palestiniennes pour se débrouiller.

 

  • Les restrictions de mouvements ont brisé les structures d’entraide des familles palestiniennes. En conséquence, les femmes dans le besoin sont coupées des aides de leurs familles. Le Bureau Central Palestinien des Statistiques (PCBS) affirme que 30,6% des foyers palestiniens ou l’un de leurs membres dans les localités affectées par le Mur sont séparés de parents. 2,6% des foyers palestiniens dans les localités affectées par le Mur sont séparés du père de famille.