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L’auteure : Suheir Azzouni est une dirigeante des droits des femmes palestiniennes et une experte en droits humains et de genre. Elle a constitué le Comité Technique pour les Affaires Féminines (WATC) dans les Territoires Palestiniens, dont elle fut directrice générale de 1994 à 2001. Suheir Azzouni a travaillé sur différents importants projets sur les questions de genre au Bengladesh, au Brésil, en Egypte, en Jordanie, au Liban, en Mauritanie, en Palestine, au Soudan, en Tanzanie, en Tunisie et aux USA. Population : 3.390.000 Economie : capitaliste Rang
selon l’indice de développement humain des Nations Unis : 102 sur 177 Régime
politique :
parlementaire (en partie sous occupation militaire
étrangère). Taux
d’alphabétisation :
Hommes 96,3% / Femmes : 87,4% Pourcentage
de femmes actives économiquement : 9,5% Taux de
fertilité par femme : 5,7. Population
urbaine : 57%
/ rurale : 43% IntroductionL’Autorité
Palestinienne (AP) a été établie en 1994 avec une
autorité limitée sur la population palestinienne vivant
dans les Territoires
Occupés, Territoires qui incluent la Cisjordanie,
Jérusalem-Est et la Bande de
Gaza[i].
Les zones sous autorité limitée de l’AP ne sont pas unies
mais séparées par 102
check-points en Cisjordanie et 21 à Gaza[ii].
Les check-points, restreignant la liberté de circulation des
Palestiniens, et
l’absence de sécurité dans une situation proche de la
guerre, ont dévasté
l’économie palestinienne. Selon le Bureau Palestinien Central
des Statistiques
(PCBS), début 2002, 66,5% des foyers palestiniens vivaient sous
le seuil de
pauvreté[iii].
La situation actuelle est toujours la même[iv].
Généralement, les Palestiniens ne peuvent pas se
déplacer entre les villes et
les restrictions de circulation ont des effets importants sur
l’accès des
femmes palestiniennes aux établissements de soin, aux
possibilités d’emplois et
aux institutions scolaires. L’insécurité
politique et le conflit armé continu, liés aux
restrictions de mouvement, à l’incapacité de la plupart
des tribunaux de l’AP
de faire respecter leurs décisions et à la lenteur de la
mise en place d’une
nouvelle législation, rend pour les femmes palestiniennes
extrêmement difficile
de défendre les droits des femmes face à une violence
continuelle et à la
pauvreté. Aussi, les femmes palestiniennes souffrent d’une
protection légale
insuffisante. Sur les 3,39 millions de
Palestiniens[v]
de Cisjordanie et de Gaza, environ 1,5 millions sont des
réfugiés depuis 1948
et plus de 800.000 vivent dans des camps de réfugiés
situées dans tout le
territoire. La grande majorité des Palestiniens,
réfugiés ou non, sont sans
Etat. La majorité des résidents des Territoires
Occupés sont des musulmans
sunnites. Cependant, il y a d’importantes populations de
chrétiens
palestiniens, dont la majorité sont des orthodoxes grecs, mais
aussi des
catholiques romains, des catholiques grecs, des protestants, des
syriacs, des
arméniens, des coptes, des maronites et des orthodoxes
éthiopiens. En général,
les chrétiens sont concentrés dans les régions de
Jérusalem, Ramallah et
Bethléem. Des colons israéliens juifs vivent aussi en
Cisjordanie, dans la
Bande de Gaza et à Jérusalem, mais ils ne sont pas soumis
à la législation
palestinienne[vi]. Toutes les discussions
sur la constitution de la Palestine,
ses lois et leur impact sur les femmes doivent être vues sous
l’angle des
limitations imposées par l’occupation israélienne.
L’occupation dicte à
l’Autorité Palestinienne comment elle doit conduire ses affaires
et comment les
Palestiniens doivent mener leur vie quotidienne. Elle a
également un impact
important sur la sécurité personnelle des Palestiniens.
Depuis le début de la
seconde Intifada (l’insurrection a commencée en septembre 2000)
jusqu’en mai
2003, 2.484 Palestiniens ont été tués dont 152
femmes[vii]. Le statut de la femme
dans la famille et la société
palestiniennes est déterminé à la fois par la
législation palestinienne récente
et par des lois héritées des législations
jordanienne et égyptienne toujours en
vigueur en Cisjordanie et à Gaza datant d’avant l’occupation
israélienne de
1967. Bien qu’il y ait eu de nombreux changements positifs pour les
femmes avec
des lois adoptées par l’Autorité Palestinienne, les
discriminations basées sur
le sexe, inscrites dans les lois jordaniennes et égyptiennes,
continuent de
s’appliquer pour les situations non couvertes par la nouvelles
législation. La
loi du statut personnel des Palestiniens est basée sur la loi
religieuse. Pour
les Palestiniens musulmans, la loi du statut personnel est basée
sur la
Charria, alors que les divers tribunaux ecclésiastiques
décident des questions
du statut personnel pour les chrétiens. Les tribunaux civils ne
s’occupent pas
de telles questions. [i] En 1993,
les accords d’Oslo (signés par les représentants de
l’Organisation pour la
Libération de la Palestine et Israël) divisent le
Territoire Palestinien en
trois zones : Zone A sous Autorité Palestinienne, Zone B
sous autorité
conjointe et Zone C sous autorité israélienne
jusqu’à la conclusion de
négociations finales. Les négociations ont
été rompues et la plupart du pays
reste sous contrôle israélien. [ii]
« Israeli Military Checkpoints in the West Bank »
(Conseil Economique
Palestinien pour le Développement et la Reconstruction
-PECDAR-), http://palestinemonitor.org/maps/wesbank_checkpoints.htm.
[iii] Selon
l’UNRWA, 12.737 Palestiniens sont devenus sans logement suite à
la campagne
militaire israélienne de destruction de maisons entre septembre
2000 et le 30
avril 2003. [iv]
« Impact of the Israeli Measure on the Economic
Conditions of Palestinian Households, 9th Round” (avril-juin
2004).
Bureau Central Palestinien des Statistiques (PCBS), Ramalla, Palestine,
2004. [v] Selon les
estimations, plus de 3 millions de Palestiniens vivent hors de
Palestine, au
Liban, en Syrie, en Jordanie, en Amérique du Nord et en Europe. [vi] La
proportion de chrétiens était estimé à
environ 7% par le Bureau Central
Palestinien des Statistiques en 1997. Le docteur Sabella dit que ce
nombre a
chuté à 2% suite à l’émigration
après la deuxième intifada. [vii]
« Men and Women in Palestine » (PCBS), 13, http://pcbs.org. |