Droit des femmes en Palestine

(Autorité Palestinienne et Territoires Occupés par Israël)

Par Suheir Azzouni



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Sommaire :

Introduction     
Non-discrimination et
accès à la justice

Autonomie, sécurité et
liberté de la personne

Droits économique et
égalité réelle

Droits politiques et
voix civile


Droits culturels et sociaux

Les femmes palestiniennes ont un des plus fort taux de fertilité de la région : 5,7 enfants par femme[i]. Les facteurs socio-politiques, culturelles et économiques influencent ce haut taux de fertilité, dont la pression sur les femmes pour mettre au monde plus d’enfants afin de compenser les morts dans le conflit armé. L’âge médian du mariage précoce (18 ans), le faible taux de femmes dans la force de travail sont d’autres facteurs pour ce haut taux de fertilité. Les familles tendent à marier leur fille tôt lorsque la famille n’a pas les moyens économiques de subvenir à son éducation ; de forts prix pour les transports sont nécessaires pour se rendre à l’école secondaire la plus proche.

Les femmes palestiniennes ne semblent pas avoir beaucoup de contrôle sur les décisions à prendre concernant leurs droits reproductifs. Une étude menée en 2000 par le PCBS montre que seulement 6,9% des femmes interrogées disent avoir été seules à décider du nombre d’enfants qu’elles ont[ii]. Même si 99% des femmes disent être intéressées par les méthodes de contrôle des naissances, seulement 51,4% disent utiliser des moyens de contraception[iii]. Des recherches de l’Université de Birzeit montre qu’il y a un lien entre l’éducation et la fertilité, plus une femme a de l’éducation et plus son taux de fertilité est bas. Le PCBS rapporte que le taux de fertilité chez les femmes qui n’ont pas fait d’études secondaires est de 6,32 enfants par femmes ; pour celles qui ont fait des études secondaires, le taux est de 5,57, et pour celles qui ont fait plus que des études secondaires, le taux est de 4,52.

Depuis 1994, le Ministère de la Santé en Palestine a accordé une importance particulière à la santé des femmes. Un plan stratégique national sur la santé a été initié avec une campagne de prise de conscience pour développer les moyens sanitaires et des programmes de conseils[iv]. Cependant, une étude du PCBS de 2001 rapportait que 88,4% des femmes mariés n’avaient jamais entendu le terme « santé reproductive » et que si 94% des femmes accouchent dans des hôpitaux, 73,7% n’ont pas pu de soins post-nataux.

L’avortement n’est pas autorisé dans le Territoire Palestinien et est considéré comme un crime sauf si la santé physique de la femme est menacée. Des femmes peuvent obtenir un avortement dans quelques hôpitaux en Israël si elles peuvent passer les check-points et payer le prix. Dans quelques cas, des organisations de femmes ont aidé des victimes de viols ou d’incestes pour faire face à de telles dépenses et accéder aux hôpitaux en Israël.

Les femmes en Palestine semblent être encore plus désavantagées pour ce qui est possibilités et de la qualité des services de soins. Un rapport de 2001 du WCLAC note une « discrimination marquée en faveur des hommes, qui reçoivent qualitativement de meilleurs services »[v]. Le rapport indique que 40% des adolescentes étudiées souffrent de formes de malnutrition ou d’anémie, couplées à un immense stress psychologique et social. Des femmes en âge de se reproduire souffrent de malnutrition et d’anémie le plus souvent causées par le mariage précoce et les grossesses récurrentes et successives. De nombreuses femmes ménopausées souffrent d’ostéoporose qui  causé par la malnutrition et le manque de soins. Il n’y a pas de programmes spéciaux pour les femmes âgées qui, selon ce rapport, sont les plus marginalisées dans la société.

L’accès des femmes aux services de soins est conditionné par les restrictions de circulation dues au conflit armé et aux check-points israéliens. Les femmes doivent parfois attendre de longs moments afin d’accéder à un hôpital ou à des soins médicaux dans les Territoires Palestiniens ou en Israël (…). Les attentes aux check-points ont comme conséquence un nombre jamais atteint de naissances et de morts qui pouvaient être évitées.

Les lois ne protègent pas les femmes contre des pratiques comme les mutilations génitales féminines. Les recherches menées par l’association Culture et Pensée Libre de 1999 à 2000 montre que les mutilations génitales féminines sont toujours pratiqués à Gaza (en particulier dans les zones proches de l’Egypte) même si l’étude ne mentionne pas un développement de cette pratique. Sur les 176 personnes interrogées pour l’étude, 64,8% pensent qu’il y a un avantage d’avoir été excisées. Sur les mutilées, 88,6% rapportent que l’opération s’est faite sans anesthésie et 86,4% disent que les instruments n’étaient pas stérilisés. Enfin, les mariages précoces continuent d’être une tradition nocive pour les femmes en Palestine.

Les femmes sont libres de participer et d’influencer un nombre de médias. Elles ont leurs propres programmes de radio et de télévision, dont « Non au silence », un programme de radio animé par le Comité Technique des Affaires Féminines en Palestine sur la Radio Nationale Palestinienne. « Bisaraha », un programme de télévision pour femmes sur les problèmes sociaux des femmes, a été suspendu depuis le début de l’Intifada parce que le gouvernement de l’Autorité Palestinienne considérait le moment inapproprié pour de tels programmes à cause des nombreux morts palestiniens.

Le Comité Technique des Affaires Féminines, coalition palestinienne non-gouvernementale, a aussi un supplément bi-hebdomadaire appelé Sawt An-Nissa (la voix des femmes), qui est distribué gratuitement dans un journal quotidien. En plus de ces 20.000 exemplaires en circulation, le Comité Technique des Affaires Féminines imprime 500 exemplaires de son supplément qui est distribué dans différentes zones géographiques où l’organisation mène des actions de sensibilisation.

De nombreux médias ont des positions discriminatoires et développent une vision stéréotypée des rôles de l’homme et de la femme. Le journal Al-Quds, par exemple, publie rarement des articles qui encouragent la femme à avoir un rôle plus actif. La majorité de ses articles encourage la division du travail et ont une vision conservatrice. Par contre, le journal Al-Ayyam développe des vues plus progressistes.

Les foyers dirigés par des femmes sont parmi les plus pauvres de Palestine. Les recherches montrent que de tels foyers représentent 9,5% de tous les foyers et que 73% d’entre eux vivent dans l’extrême pauvreté, devant lutter pour avoir les besoins vitaux en nourriture, logement et habits. Le Ministère des Affaires Féminine nouvellement créé essaye d’apporter une assistance aux femmes chefs de famille et aux pauvres dans la société. Il encourage aussi les autres ministères à répondre aux besoins des populations touchées par la pauvreté en offrant des formations, de l’assistance et des emplois. Un bon nombre d’organisations humanitaires internationales apportent aussi une aide aux pauvres de Palestine sous la forme de programmes d’aides d’urgence.

Les femmes et leurs organisations sont libres de défendre ouvertement la promotion et la protection des droits humains des femmes. Les femmes et leurs organisations, cependant, trouvent extrêmement difficile de soulever des questions comme l’égalité des droits dans le mariage, le divorce et l’héritage. Elle tente de soulever ces questions par le biais d’une large coalition et en travaillant avec d’autres organisations de la société civile pour faire pression pour le changement.

Recommandations

1.      L’Autorité Palestinienne doit augmenter son budget et ses services pour les programmes de santé pour les femmes, avec une attention particulière pour les zones rurales.

2.      La communauté internationale doit assister le Ministère Palestinien de la Santé pour offrir des soins modernes et adéquates aux femmes, spécialement pour ce qui est des maladies qui ne peuvent pas être soignées dans les Territoires Palestiniens comme l’ostéoporose et les cancers du sein et des cervicales.

3.      Le Ministère de la Santé, en coopération avec les ONG palestiniennes, doit s’assurer que les mères aient accès à des soins pré-nataux et post-nataux adéquates et que les femmes aient accès à une éducation publique sur le planning familial et aient connaissance de l’impacte des mariages précoces sur la santé des femmes et des filles.

4.      Le gouvernement d’Israël doit s’assurer que l’accès des femmes palestiniennes aux hôpitaux ne soit pas bloqué aux check-points.



[i] « Chiffres de la population mondiale 2003 » (Washington, DC : Population reference Bureau, 2003).

[iv] « Rapport sur la situation… » (WCLAC)

[v] Ibid.